♪♫ Être une femme libérée, tu sais c'est pas si facile ♪♫
Femme au foyer vivant à Los Angeles, Mildred Pierce va se retrouver à élever seule ses enfants en quittant son mari. Elle va peu à peu gravir les échelons de la société mais va devoir faire face à ses proches et notamment sa fille.
Déjà brillamment adapté par Michael Curtiz au cinéma en 1945, le roman de James M. Cain est ici décliné en mini-série de cinq épisodes commandée par la chaine HBO. Le réalisateur Todd Haynes braque sa caméra sur Mildred Pierce, femme forte et obstinée qui va devoir peu à peu gérer sa séparation, ses différents boulots et surtout sa fille, détestable à souhait. Un vrai portrait de femme qui s'affranchit dans un monde d'hommes et qui souhaite grimper les échelons de la société, surtout pour le bien de sa fille. Drame familial avant tout, c'est une opposition entre une mère surprotectrice élevant seule son enfant et une fille non respectueuse, snob, égoïste, superficielle et souhaitant accéder aux plus hauts rangs de la société. Mais c'est avant tout le rapport entre une mère et sa fille, le regard et l'amour de Mildred qui la pousseront à sacrifier une partie de sa vie pour une fille qui ne lui sera jamais reconnaissante et respectueuse. Un duel psychologique qui prend source à la première séparation de Mildred et qui prend de plus en plus d'ampleur plus le film avance.
Mais "Mildred Pierce" souffre tout de même de quelques baisses de rythmes dans la mise en place sans non plus que ce soit préjudiciable tant on s'intéresse assez vite aux personnages et enjeux. C'est aussi dommage que la série aborde beaucoup de thèmes sans pour autant les approfondir et les rendre toujours intéressants. Si l'aspect mère/fille est bien traité, ce n'est pas le cas des thèmes tournant autour du chômage, des différents hommes de la vie de Pierce, de la forte montée du capitalisme, de l'ambiguïté autour de Monty, la grande dépression ou encore de cette difficulté à monter les échelons de la société. Si la mise en place est un peu longue, toute l'émotion, la fragilité et la tragédie autour de cette famille sont très bien retranscrits, notamment lors des deux derniers épisodes.
Personnage pour lequel on s'attache dès le début, on passera, comme Mildred, par tout un éventail d'émotions. La réalisation est aussi classique que belle et Todd Haynes sublime ce qu'il met en images à travers de beaux plans mettant bien en avant les personnages et le cadre de l'histoire, celui de l'Amérique des années 1930. La reconstitution est réussie et nous immerge dans ses années et la bande originale fait corps avec les images. Mais la grande réussite se trouve aussi dans les interprétations où Kate Winslet livre une fragile et touchante composition. Face à elle, Evan Rachel Wood est détestable à souhait quand Guy Pearce reste aussi charmeur qu'énigmatique.
Portrait d'une femme forte et drame familial au cœur de l'Amérique des années 1930, ne manquant pas d'émotions et bénéficiant d'une belle réalisation et de talentueux interprètes.