Unicorn réussit l’exploit de constituer une porte d’entrée dans l’univers Gundam, tout en pouvant ravir les plus fins connaisseurs de l’Universal Century par la grande variété des références qu’elle propose, très manifestement ou très discrètement, à des œuvres antérieures. Tout ce qu’il y a besoin de savoir pour comprendre l’intrigue est expliqué dans la série : un non-connaisseur pourra donc profiter de sa grande qualité d’animation et d’écriture. Il pourra apprécier, après avoir fait le tour des autres œuvres de l’UC, de la revisionner, et de saisir les multiples et riches références, parfois subtiles et presque indétectables, faites à la quadrilogie originale de cet univers : 0079, Zeta, Double Zeta, et CCA. Pour autant, Unicorn ne doit pas être considéré comme une œuvre « à voir » pour comprendre l'Universal Century ; pour cela, la quadrilogie précédemment mentionnée suffit. Unicorn s'intègre à l'UC sans en modifier fondamentalement le contenu. Ce n’est pas une œuvre à voir parce qu’il « faut la voir », mais parce que la minutie de sa réalisation, parfaitement soignée, et ce jusque dans les moindres détails, force l’admiration.
L'intrigue d'Unicorn est cohérente, bien ficelée : s’y alternent des développements politiques relativement complexes sans en devenir abscons, des moments de dialogue où presque chaque phrase semble avoir du sens, à des scènes de combat animées avec un très haut niveau de détail, et qui nous donnent à voir des machines très variées. Ces scènes sont véritablement splendides à voir, particulièrement celles qui où apparaissent de simples soldats, sans nom, avec leurs MS. Le tout est accompagné d’une bande-son toujours émouvante et entraînante, toujours appropriée aux images qu’elle accompagne.
Il est rare qu'une série parvienne à introduire tant de personnages en parvenant à si bien les développer. Chacun a sa personnalité distincte : aucun, même parmi les personnages secondaires (et même très secondaires) n’apparaît pour rien. La série n’en oublie aucun. Même les personnages qui peuvent sembler les plus désagréables (Daguza, Alberto) ou inutiles (Otto) au début de la série, même ceux qui pourront pour certains se montrer agaçants jusqu’à la fin (Riddhe), s’avèrent présenter une personnalité digne qu’on s’y intéresse, plus équilibrée qu’on aurait pu le penser, et qui, pour leur (quasi-)totalité, les rend, d’une manière ou d’une autre, sympathiques et attachants.
L'interrogation centrale de l'oeuvre porte sur l'idée de "possibilité", ce Dieu interne qui nous permet de transcender nos conditionnements biologiques et historiques, et d'ouvrir un véritable futur. Tous les protagonistes, et bon nombre de personnages, semblent victimes d’une malédiction familiale, sont tourmentés par leur passé, les exigences de leur sang, de leur génétique, de leur histoire. Banagher est ce héraut de la « possibilité », et son « seul désir » est de montrer en quoi un tel espoir est légitime face à la vision qu’a l’antagoniste de la série, Frontal, d’un monde entièrement déterminé. Dans le dernier épisode, les pouvoirs des « Newtypes » deviennent ainsi l’occasion d’un voyage qu’on peut presque qualifier de métaphysique. Plus que toute autre œuvre de l’Universal Century, Unicorn insiste sur la nécessité de toujours garder foi en la possibilité de renouveler le monde.