Mobile Suit Gundam Wing, diffusé en 1995, c’est l’histoire d’un groupe d’adolescents en armures robotiques géantes, les Gundams, jetés dans une guerre spatiale interstellaire qu’ils ne comprennent qu’à moitié. Ces jeunes pilotes – Heero, Duo, Trowa, Quatre et Wufei – sont envoyés sur Terre avec des méchas ultra-puissants et des prénoms sortis d’un jeu de bingo intergalactique. Leur mission : affronter une organisation militaire hyper-rigide appelée OZ et ramener la paix… mais aussi se questionner sur la nature de la guerre, la loyauté, et leur rôle dans ce méli-mélo intersidéral.
Le charme (ou le chaos) de Gundam Wing réside dans ses personnages principaux : des ados peu expressifs, froids, mais affublés de prénoms poétiques et d’un air de mystère en acier trempé. Heero Yuy, le héros (qui a la subtilité d’un tank, avec ses regards perçants et son penchant pour l’autodestruction), incarne l’esprit sombre de la série. Toujours prêt à exploser son propre Gundam pour une raison obscure, Heero est l’archétype du héros énigmatique, au point qu’il devient difficile de savoir s’il est plus dangereux pour ses ennemis ou pour lui-même. Duo Maxwell, avec son sourire moqueur et sa faux de la mort, est probablement le plus sympathique du lot, car il semble être le seul à comprendre qu’ils sont dans un opéra spatial un peu absurde.
L’intrigue de Gundam Wing est un dédale politique. Entre conspirations, changements de camp, et trahisons dans l’espace, la série se plaît à mélanger guerre et philosophie, souvent en laissant le spectateur perdu dans les méandres des alliances changeantes. On a droit à des discours sur la nature de la guerre, la paix, et les sacrifices héroïques à chaque épisode, entre deux batailles de robots géants. Ce n’est pas une série qui craint de plonger dans les dilemmes moraux, même si, parfois, les jeunes pilotes semblent un peu trop prompts à délivrer des monologues dramatiques en plein milieu des explosions.
Visuellement, Gundam Wing offre des batailles spatiales impressionnantes pour l’époque, avec des Gundams qui sont des bijoux d’ingénierie improbable. Entre les fusées, les lasers et les batailles qui défient la gravité, chaque combat est un spectacle en soi, même si l’animation peut sembler un peu datée aujourd’hui. Les designs des Gundams sont iconiques, avec leurs épées et leurs ailes en métal, mais leur esthétique tape-à-l’œil contraste parfois avec les dialogues sérieux et pesants. En plein combat interstellaire, un ado en uniforme qui dit "Je vais tuer la paix pour la sauver" peut donner un petit effet comique involontaire, mais ça fait partie du charme.
Le rythme de la série, en revanche, peut être un vrai obstacle. Entre les intrigues secondaires et les alliances compliquées, la série se perd parfois dans des détours politiques qui peuvent rendre les épisodes longs et un peu répétitifs. On attend les combats, mais ils sont souvent entrecoupés de scènes de stratégie et de discussions sur des thèmes philosophiques qui, bien que louables, finissent par sembler lourds et parfois même hors de propos. Les pilotes eux-mêmes semblent parfois aussi confus que nous, ce qui n’aide pas.
L’ambiance générale de Gundam Wing est un mélange étrange de drame adolescent et de stratégie militaire sérieuse, le tout dans une atmosphère de tragédie permanente. La série nous présente des héros jeunes, mais dénués de presque toute joie de vivre, et des méchants dont les motivations sont aussi complexes que leurs coiffures. Le problème, c’est que tout est pris au sérieux au point que le moindre sourire semble un acte de rébellion. Pour ceux qui aiment les drames spatiaux sur fond de philosophie, c’est une pépite, mais pour les autres, la surcharge de dialogues graves et de regards perçants peut rapidement devenir accablante.
En conclusion, Mobile Suit Gundam Wing est une saga dramatique de robots et d’ados stoïques, où la guerre est vue comme une poésie sombre et où chaque pilote semble à deux doigts de composer un haïku sur la nature de la violence. C’est un cocktail de méchas, de dilemmes moraux, et de monologues introspectifs, qui réussit à fasciner autant qu’à déranger. Pour les fans de la franchise Gundam, c’est un classique de la génération 90’s, et pour les autres, c’est un voyage surréaliste où des adolescents dépressifs et des robots géants sauvent le monde… un discours existentiel à la fois.