Une famille pas si moderne que ça... mais bon, on leur pardonne
Dans l'exercice risqué de la sitcom familiale, Modern Family est une des rares séries à rester valable.
L'on y suit le quotidien d'une famille "moderne" : Claire et Phil Dunphy, l'une garçon manqué et maniaque du contrôle et l'autre dénué de sens des réalités et "papa cool" ont trois enfants : Haley, mignonne et incontrôlable, Alex, geek et studieuse et Luke, aux idées... baroques. Ils habitent dans le même quartier que le père de Claire, Jay Pritchett, patron d'une manutention de meubles à la retraite qui adore emmerder son monde, en particulier son gendre toujours à la recherche de son approbation. Il vit avec sa seconde femme, Gloria Delgado, très belle, Colombienne et plus jeune que Claire, qui a un fils d'un précédent mariage, Manny, garçon du même âge que Luke très intéressé par les filles qu'il approche avec des manières bien trop désuètes. L'autre enfant de Jay, Mitchell, gars un peu coincé et cynique, vit également dans les environs avec son compagnon, Cam, ancien fermier passionné d'art dramatique (ancien clown également) très efféminé et manipulateur, avec qui il a décidé d'adopter une petite fille, Lily, d'origine vietnamienne. Tout ce beau monde traverse les différentes étapes qui composent la vie...
Voilà donc notre famille moderne : recomposée, multiculturelle, avec un couple homosexuel; En plus de ne pas être si particulièrement moderne que cela, cette famille est horriblement cliché, faut bien le dire. Tout ce côté bien-pensant, bien rangé de petite banlieue installée, ça m'a un peu choqué au début à vrai dire tant ça pue les bons sentiments au rabais. Mais à la fin du premier épisode, je sais pas, il y a eu un déclic : tout a fonctionné de façon cohérente et crédible, et la série a pris une dimension supérieure. Mais oui, moi qui croyais toucher le fond de la sitcom, j'ai découvert une série qui marche, et plutôt bien même. Bon, sur cinq saisons sorties actuellement, il y a pas que du bon, et le concept s'épuise progressivement (fort heureusement les protagonistes évoluent, en particulier les enfants bien sûr, et les thèmes se renouvellent par la même occasion), mais Modern Family est une bonne surprise.
J'ai particulièrement été impressionné par le jeu des enfants, qui s'en sortent honorablement pour leur âge. En outre, j'aime beaucoup l'interprétation de Ty Burrell, qui incarne Phil Dunphy. Le rôle du père qui veut faire copain-copain avec les gosses, c'est totalement surexploité, mais Burrell parvient à donner vie à son personnage, lui donner de la sensibilité, le rendant d'autant plus drôle au passage. C'est clairement l'acteur qui sort du lot pour moi sur l'ensemble du cast. Les autres sont loin d'être mauvais, mais ont tendance à manquer de ce supplément d'âme qui fait la différence entre une personne qui fait semblant et un acteur. Malgré un jeu élaboré (je pense notamment aux acteurs qui incarnent Jay, Claire ou Mitchell, à savoir Ed O'Neill, Julie Bowen et Jesse Tyler Ferguson), ils ne parviennent pas toujours à donner réellement vie à leurs personnages, ce qui est particulièrement embêtant dans une série familiale, où l'on est censé s'identifier à eux.
Modern Family est tout sauf une série subversive. Pas de transgression, pas d'innovation, pas de bouleversement du statu quo, elle se contente d'être terriblement efficace et d'analyser plutôt pas trop mal les relations familiales (en les édulcorant régulièrement cela dit, ça doit rester regardable pour tout le monde). Vous aurez même droit à des voix off de fin d'épisode pour vous expliquer la morale de l'histoire (il manque juste les licornes montées sur des arc-en-ciel pour compléter le tableau), et si j'ai failli gerber la première fois, on s'y fait, parce qu'on s'amuse bien devant Modern Family.