Mononoke
7.8
Mononoke

Anime (mangas) Fuji TV (2007)

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(je préciserai avant de commencer que j'ai fini Mononoke il y a environ un an, ainsi un re-visionnage imminent s'impose pour confirmer - à n'en pas douter - tout ce que j'en pense de beau !)



Autant le dire d'entrée de jeu, Mononoke est - à mon sens - un chef d'oeuvre absolu de ce médium qu'est l'animation (japonaise en l’occurrence), et ce au sens premier du terme, c'est à dire l'accomplissement artistique suprême du genre. Ainsi, mon amour inconditionnel pour cette oeuvre peu banale me pousse à en parler aujourd'hui, surtout en voyant qu'elle est relativement passée inaperçue sur ce site, comme partout ailleurs malheureusement.


Pour faire simple, et pour ceux qui connaissent un peu le médium en question, Mononoke serait, si on voulait le définir, une sorte de Mushishi expérimental (je vous renvoie à la fiche de ce dernier http://www.senscritique.com/serie/Mushishi/487652, un anime exceptionnel également, soit dit en passant), comme une expérience qui aurait dégénéré, donnant un résultat pour le moins original.


Court (12 épisodes), mais cependant très efficace dans sa réalisation, original et très mature dans son propos ("mature", un terme qu'on a tendance à banaliser de nos jours, et qui lui sied pourtant à merveille ), Mononoke est un des (bien trop) rares anime à réellement pouvoir être considéré comme une oeuvre "horrifique", de par son ambiance assez malsaine principalement, et le choc visuel qu'il provoque, en adéquation totale avec l(es) histoire(s) qu'il nous raconte.


Parlons un peu de l'histoire d'ailleurs, la voici : Dans le Japon féodal, des esprits maléfiques, les ayakashi, tourmentent inlassablement les villageois. Un apothicaire itinérant, Kusuriuri (qui signifie apothicaire justement), doté d'étranges facultés extra-sensorielles et possédant un artefact mystique très puissant, parcours le pays dans le but d’exorciser ces êtres néfastes et torturés, mais avant tout de les comprendre, d'appréhender leur nature, leur but, et leur vérité.
Découle de ce postulat une atmosphère mystérieuse et angoissante, mais étrangement reposante à la fois, grâce à des décors fantastiques et à une ambiance sonore lente, qui vient caresser l'ouïe et aiguise les 5 sens. Les dialogues défilent alors et installent chez le spectateur une sorte de douce léthargie contemplative. Le protagoniste, Kusuriuri, est quant à lui exceptionnel, tout en pragmatisme et en mysticisme, sa présence inonde chaque plan de l'anime, et même si au final on en apprendra peu sur son passé, le suivre dans son périple est un véritable bonheur.
Les récits qui nous sont proposés (l'anime adopte un format de plusieurs petits contes, étalés sur quelques épisodes) sont oppressants, intrigants, et difficiles à appréhender tant l'oeuvre est complexe visuellement, dans sa mise en scène, son montage. Cela dit, une fois que le puzzle s'est mis en place, la léthargie laisse place à un ébahissement total, devant la beauté et la philosophie des dénouements.


J'ai personnellement trouvé les histoires relatées dans Mononoke vraiment intéressantes et déconcertantes, je me suis surpris à être mal à l'aise parfois devant mon écran face au mystère qui plane sur les différentes intrigues, aucune ne laissera indifférent en tout cas (le dernier arc m'a vraiment marqué notamment, la tension qui s'en dégage est saisissante, je l'ai trouvé terrifiant.)


D'un point de vue artistique, c'est tout simplement irréprochable.
Je suis resté sans voix de nombreuses fois devant l'avalanche de plans tous plus sublimes les uns que les autres. L'anime en réalité, semble avoir été dessiné au pastel, c'est une succession d'estampes (rappelant d'ailleurs l'ukiyo-e), une explosion de couleurs et de courbes divines, à vrai dire je manque de superlatifs pour exprimer mon ressenti sur ce dont je vous parle, et comme rien ne vaut une image pour illustrer mon propos, voyez plutôt : http://blog.hachimitsu.org/wp-content/uploads/2012/01/Shinsen-Subs_Mononoke_-_06_D186E8A0.mkv_snapshot_15.11_2012.01.10_00.27.36.jpg.
La surenchère visuelle dans les couleurs et les formes, le trait presque approximatif, le cadrage, les subtiles références au folklore nippon, tout est dosé à la perfection et se complète merveilleusement pour un résultat qui, personnellement, me laisse rêveur.
L'ambiance sonore n'est pas en reste, et la bande son est un pur délice pour les oreilles : https://www.youtube.com/watch?v=0glKLCMLMHE.


Mais Mononoke est avant tout un hommage sincère au japon traditionnel et à ses légendes, on le voit au niveau des costumes des personnages, de l'architecture, mais aussi de la palette d'instruments utilisée pour le fond musical, tous ces éléments contribuent à créer une cohérence artistique exemplaire, cohérence qui nous plonge immédiatement dans cette ambiance si exotique et dépaysante.
(Quoi que "immédiatement" serait à tempérer, ayant trouvé pour ma part le premier arc assez difficile à appréhender au niveau de la narration et de la mise en scène, et au final de moins bonne qualité (même si il reste d'excellente facture) que les arcs suivants, qui touchent à la perfection, tant par leur forme que par leur propos. Cela explique d'ailleurs qu'il manque un point à ma note, à vrai dire ce 9♥ vaut indubitablement un 10, je la change d'ailleurs fréquemment, au gré de mon humeur..


Au final, un anime à ne pas mettre entre toutes les mains je suppose, et qui ne plaira malheureusement pas à tout le monde, la direction artistique pouvant rebuter les esprits les moins éclairés (je plaisante !). mais pour peu qu'on ouvre son esprit un minimum, et qu'on se laisse embarquer par l'atmosphère onirique et fantasmagorique de Mononoke, on découvre une oeuvre intense et envoûtante, un anime grandiose qui marque le cœur et l'esprit ! Pour ma part, Mononoke est resté et restera à jamais gravé dans ma mémoire comme l'une des plus belles découvertes culturelle de toute ma vie.


Sinbad
9
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le 11 avr. 2015

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Sinbad

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