Il y a peu, je reprochais énormément à Netflix de faire du lisse (et je lui reproche toujours), de ne jamais prendre de risque, de rester éternellement dans le politiquement correct sans oser créer un semblant de malaise, de surprise,...
Autant dire que j'ai été bien étonnée, pensant lancer un énième documentaire en bruit de fond, quand j'ai découvert l'atroce premier épisode.
Je me demande même quel est l'objectif de cette série tant elle montre / suggère tout, on est totalement dégouté par l'esprit malade du serial killer, parfaitement incarné par l'acteur.
C'est anxiogène à souhait, obsédant: comment, mais comment un mal aussi profond, absolu est possible ? Pourquoi on ressent une forme d'empathie pour ce mec abjecte mais écrasé et dominé par sa folie, ses perversions, sa solitude ?
On est même gêné de regarder, pourquoi continuer ? Cette fascination morbide pour les meurtriers et les détails les plus sordides de leurs crimes est dérangeante. C'est également mis en avant dans la série, cet assassin devenu un "super-héros", recevant des lettres d'amour et dont les autographes se vendaient à prix d'or... Effarant.
On notera également l'absence / l'incompétence de la police et on découvre avec horreur que Jeffrey aurait pu être arrêté dès le tout début... Mais quand on est un homme, blond et blanc, on ne vit pas dans le même monde que les minorités invisibilisées. La réplique, jouée par Niecy Nash avec une telle intensité, "Vous êtes venus trop tard !", me hante encore. On bouillonne face à ces injustices. J'ai également découvert que les deux policiers qui ont fermé les yeux avaient fait une magnifique carrière dans la police jusqu'à très récemment...
Je suis justement "contente" que les derniers épisodes parlent des victimes, de l'horreur vécue, c'est très émouvant et cela permet de ne pas les oublier, d'admirer leur force, leur courage et de prendre de plein fouet leur douleur inimaginable. J'ai plusieurs fois versé des larmes, notamment en visionnant l'épisode sur Tony.
Le rôle du père est également impressionnant et l'écriture du personnage est excellente. Un homme tiraillé entre les horreurs de son fils et son amour inconditionnel pour lui, sa culpabilité de père, son espoir indéfectible que son fils va s'en sortir, guérir,...
Que dire, vraiment... Autant dire que la série ne laisse pas indifférent. Après quelques recherches, les faits sont relatés avec justesse, et c'est bien ça le pire.