Bien qu'elle prétende être une fiction ne s'inspirant d'aucun fait réel, il est évident que « Monstre sacré » lorgne ouvertement sur de célèbres affaires criminelles anglaises impliquant des vedettes locales, Jimmy Savile et Stuart Hall en tête. On y retrouve le savoir-faire « so british » télévisuel habituel : habileté de la mise en scène, rigueur du scénario, impeccabilité du trio Robbie Coltrane - Julie Walters - Andrea Riseborough... On est chez les pros, le sujet, très sensible actuellement, évitant tout manichéisme pour se placer presque exclusivement du point de vue de l'accusé, très loin d'être idéalisé, dont l'ambiguïté constante est une vraie force.
J'ai ainsi vraiment apprécié le lien complexe l'unissant avec son épouse et sa fille, quelques flashbacks plutôt bien intégrés venant un peu plus semer le trouble. Pourtant, je n'ai jamais réussi à m'emballer durant ces trois heures, aussi bien menées soient-elles. Hormis ces relations familiales parfois troublantes, rien de réellement surprenant, d'inattendu, si bien que sans m'ennuyer, je n'ai jamais été non plus captivé par les événements, la résolution de l'intrigue, aussi cohérente soit-elle, restant relativement attendu
(responsable « seulement » d'un des deux crimes dont il est accusé mais totalement acquitté).
Je comprends la logique : rester crédible, réaliste jusqu'au bout. Seulement, cela limite pas mal les possibilités émotionnelles, voire un réel plaisir pour une série à la base déjà assez froide. En ces temps où l'hystérie collective n'est jamais très loin concernant la douloureuse question des violences faites aux femmes, j'apprécie néanmoins qu'une série prenne le temps de poser les bonnes questions, de s'interroger sur les notions de culpabilité, présomption d'innocence, prescription... Ne serait-ce que pour cela, malgré cette relative absence de suspense, « Monstre sacré » peut justifier le détour.