[ Attention, spoilers]
J'ai dévoré la deuxième saison de cette anthologie, abattue par le Covid et la fièvre, mais toujours assez en forme pour me laisser captiver par la série de Ryan Murphy.
D'abord, je m'interroge toujours sur la manière dont le scénario est construit: quelles sont leurs recherches ? Ont-ils interrogé les différents protagonistes ? Quels détails sont réels et quels événements relèvent de la pure fiction ? C'est en ça que la série est dérangeante, je ne sais pas si ce que j'ai vu est une partie de la réalité ou tend plus vers la fiction.
Ce qui est certain, c'est que la série se construit au fil des épisodes, Lyle et Erik, insupportables gosses de riches au début (leurs corps d'athlètes huilés filmés de la tête au pied, comme pour renforcer leur superficialité), nous font basculer dans une réalité bien plus sombre...
L'épisode 5 en est le paroxysme, avec un terrible plan séquence montrant Erik, parler des horreurs vécues, une mise en scène sobre mais terrible. Qui sont les monstres ? Comme dans Dahmer, on s'interroge sur la banalité du mal: on voit mais on laisse faire, à l'instar de cette mère qui décide d'ignorer les souffrances de ses propres fils, qui avouera même les détester.
Saluons l'interprétation de Javier Bardem, effrayante, un père violent qui fait froid dans le dos et celle de Chloë Sevigny, en mère dépressive et profondément malheureuse.
L'avocate de la défense, avec son instinct de mère protectrice, lors du premier procès, interroge les jurés, "Et si ça avait été des filles ? Auriez-vous cru plus facilement les allégations d'abus sexuels ?", très intéressant quand on entend par la suite que les jurés hommes "ne pouvaient croire aux v!ols de garçons". Effrayant constat qui rejoint les idées virilistes du père, qui veut faire de ses fils des "hommes" en les maltraitant. Cette injonction à la virilité est très présente, avec notamment, l'homosexualité supposée d'Erik, qui affirmera qu'il ne découvrira jamais qui il est vraiment derrière les abus.
Je retiens également l'avocat du deuxième procès, qui plaide le mensonge, qui accuse les deux frères d'inventer de toutes pièces les abus. C'est d'une violence inouïe et cela fait écho à un événement très actuel en France, jusqu'où un avocat peut-il aller dans la négation des propos de l'autre ?
On ressent, en tous cas pour ma part, un terrible sentiment d'injustice. Nos institutions ne protègent pas les enfants et laissent l'histoire se répéter, encore et encore, la haine se propage (le père et la mère ayant également été victimes d'abus dans leur enfance), l'horreur s'insinue dans les familles. Ces meurtres sanglants ne sont-ils pas le résultat inéluctable de générations de souffrance ? Dieu seul le sait.
Moins impressionnante que Dahmer, cette deuxième partie n'en est pas moins intéressante (même plus, osons le dire), elle prend aux tripes moins violemment mais laisse une empreinte après son visionnage et pas mal de réflexion sur l'humanité.