Monstres: L'histoire de Lyle et Erik Menendez ou quand Ryan Murphy se trompe de monstres.

J'ai su noter les épisodes de manière individuelle comme si je regardais une fiction mais je suis incapable de traiter ce récit au complet comme s'il en était une…

J'avais pourtant l'espoir qu'on ai enfin le droit à une grosse production mise en avant sur une plateforme de streaming importante comme Netflix qui mette en lumière ce qu'ont vraiment vécu les frères Menendez et j'ai eu plus que tort de garder cet espoir jusqu'au bout. Ryan Murphy est un homme vraiment mauvais qui a, encore une fois, complètement manqué de respect aux victimes d'une vraie affaire, qui ont vécu l'enfer, au profit des chiffres que vont pouvoir engendrer sa série.

Pourquoi Lyle a-t-il le portrait d'un sociopathe, violent et manipulateur alors qu'il a toujours été décrit comme calme et aimant par ses proches ? Et pourquoi inventer une relation incestueuse et plus qu'ambiguë entre lui et son petit frère ? Tout cela en sachant les abus dont ils ont été victimes des mains de leurs parents et qui les a poussé à passer à l'acte par peur de finir par se faire tuer par ces derniers. Puis ridiculiser Erik lors des scènes du procès est écœurant, comment Murphy a-t-il pu le faire passer pour un imbécile heureux alors qu'il suffit juste de visionner le procès (ou même simplement des extraits) pour voir qu'il revivait simplement ses traumatismes à la barre aux yeux du monde entier. Bref, le créateur romantise beaucoup trop des événements gravissimes à des fins scénaristiques quitte à complètement déformer voire inventer une nouvelle réalité uniquement pour capter l'attention du spectateur et en faire un spectacle plutôt que de relater des faits qui se sont vraiment produits. Cet aspect nous prouve aussi un cruel manque de recherche du côté de l'équipe créative de cette saison… et puis qu'est-ce qui empêchait de prendre contact avec Lyle et Erik afin de travailler avec eux et non pas contre eux ?

Enfin, cette scène finale sur le bateau ne sert uniquement à faire passer les deux frères pour les monstres de leur histoire (qui n'est finalement pas la leur ici) qui auraient tout prévu de manière sadique et cruelle. Tout ça avant d'ajouter que "les frères Menendez maintiennent leur version et soutiennent qu'ils auraient été abusés par leurs parents" avec une utilisation du conditionnel qui pourrait laisser penser que ces parents abusifs seraient finalement les victimes de leurs enfants et pas l'inverse. Chose vraiment démoralisante quand on a des preuves du calvaire qu'ils ont vécu tout au long de leurs vies, que ce soit grâce à des experts qui ont pu prouver qu'ils ne mentent pas, au fait que l'aîné se soit déjà confié à des proches par le passé ou que de nouvelles victimes de leurs pères finissent également par témoigner et avouer avoir été abusé sexuellement par ce dernier.

Maintenant, il est vrai que les acteurs étaient excellents et ont joué leur part avec les directions douteuses qu'ils ont reçu (je pense à Nicholas Chavez, Cooper Koch, Javier Bardem et Ari Graynor). Il est aussi vrai que la photographie de l'ensemble de la série est très jolie et que je retiendrai l'épisode 5 qui m'ai vraiment marquée et bouleversée avec ce monologue de Koch qui joue Erik Menendez et qui est filmé en une seule prise avec un zoom constant tout au long de l'épisode qui renforce une tension déjà présente dès les premières minutes.

Cependant, après plus de 30 ans derrière les barreaux, je pense que Lyle et Erik Menendez méritent mieux que ce ramassis de mensonges et, surtout, que les médias commencent à leur rendre justice et vraiment raconter leur histoire au lieu de se servir de ce mot dans le titre d'une série qui, finalement, donne une vision négative de ces deux hommes en fabulant sur leur vécu.