M. Robot est une série qui supporte une forme d’injustice.
Avant tout, il s’agit d’une série qui n’a peut être pas la reconnaissance qu’elle mérite. Mais pas seulement. J’ai l’impression que cette série a du laisser croire qu’elle n’était adressée qu’aux Geek, ou alors laisser croire qu’elle se bornait révéler Rami Malek.
Mister Robot est bien plus que cela.
C’est une série qui traite avec pertinence et un fort degré de profondeur, tant sur la forme que sur le fond, des thèmes extrêmement riches.
En conséquence, la série se montre, tour à tour, intéressante, touchante, palpitante et surprenante.
Le tout en rendant le hacking informatique intéressant à l’écran.
D’ailleurs la série parvient à vous hacker le cerveau sans souci.
Pour illustrer sa richesse, je relèverais que cette œuvre traite à la fois :
-de l’enfance et de ses traumas, avec toutes les conséquences dans une vie d’adulte, notamment dans les interactions sociales ou même dans sa relation avec soi. C’est même avant tout le thème qui restera finalement dominant. Cet aspect psychologique est complété par la figure du « génie » et du prix qu’il doit payer pour avoir « quelque chose en plus ».
-De l’informatique dans ce qu’elle apporter, mais aussi ses dangers. Bien entendu, on voit passer les questions des facilités d’accès aux données personnelles, les détournements possibles, le danger de miser intégralement dessus …. Le tout de manière « réaliste » et bien plus pertinente que d’autres métrages.
-du capitalisme, avec une critique qui se nuance au fur et à mesure des épisodes et qui devient bien plus subtile que le seul rejet du système. Le rejet est le postulat de départ, puis ensuite, on constate que ce n’est pas tant le système qui pose problème que les hommes qui les occupent (le PDG étant l’image du « bon capitaliste »). Le capitalisme passe du « mal absolu » au « mal nécessaire », ce qui est plus inhabituel, comme type de discours.
-la famille, pour le meilleur et pour le pire.
Cette grande richesse a été magnifiquement exploitée par son réalisateur (à qui il faut confier la réalisation d’un grand film). De la musique à l’image, en passant par la réalisation et le travail des personnages, cette série suit une symphonie quasi parfaite. Il y a même quelques épisodes souvent présentés comme figurant parmi les meilleures réalisations de l’histoire des séries !! IL y a des moments un peu barrés débordant de créativité qui dépassent largement certaines créations cinématographiques ou le « top » habituel des séries.
Maintenant, pourquoi M. Robot ne figure pas, à mes yeux, pour autant parmi les « meilleures séries ever ». Eh bien pour 3 raisons, qui gêneront plus ou moins chacun.
Le premier gros souci porte sur un gros « trou » en saison 2 ou franchement, la série ne sait plus trop ou elle va et apparaît tourner en rond. On sent ici une grosse hésitation quant à la direction à donner et cela coûte une demi-saison d’épisodes plus pénibles à suivre. Avoir un « trou », toutes les séries en ont, mais ici c’est flagrant. En terme de scénario l’histoire se délite, jusqu’à être reprise en fin de saison 2 (et menée jusqu’au bout).
La seconde est qu’il y a des points, pourtant cruciaux dans le scénario, qui demeurent sans réponse. Des disparitions bizarres, des créations inexpliquées. Je comprends le recentrage de la fin de la dernière saison, mais ce choix a radicalement effacé certaines problématiques dont ont attendait tous les réponses et qui sont, en quelque sorte, expulsées de l’histoire.
La troisième porte sur certaines facilités scénaristiques ou incohérences. La série se veut « réaliste », mais il y a des moments ou les personnages s’introduisent un peu trop facilement où ils veulent. EN outre, si le Hacking s’avère rendu passionnant et un peu expliqué au début, par la suite, on doit juste accepter que la manœuvre informatique a fonctionné (un côté « ta gueule c’est magique »).
Mais ces éléments vous gêneront plus ou moins. Pour ceux qui « passeront » ces quelques points, il n’y aura qu’à récolter les riches apports de cette série et verser sa larme à quelques moments clés. Preuve de sa qualité, cette série ne cessera de vous parler et de vous interroger.
A la fin, vous aussi, vous lui direz "merci"