Ginko est un Mushishi, un spécialiste des Mushi. Un Mushi, c'est un petit être ectoplasmique, formé de vie pure sans support matériel, un esprit similaire aux divinités animistes. Les Muhis sont omniprésents, mais invisibles, sauf pour quelques personnes plus sensibles, comme les Mushishis.
Il arrive qu'au court de leur cycle de vie les Mushis parasitent les humains, souvent par erreur ou comme ultime moyen de survie. S'en suivent alors manifestations qui s'apparentent pour les victimes à des phénomènes paranormaux.
Ginko parcourt la campagne, sa caisse d'ustensiles sur le dos, et utilise son savoir pour soulager les victimes de Mushis. Mais attention, Ginko n'est pas un exorciste comme dans les films. Il ne savate pas la gueule des fantômes à grands coups de super-pouvoirs. Loin d'être l'avatar d'une lutte du bien contre le mal, il est au contraire porteur d'un message d'acceptation de toute forme de vie quelle qu'elle soit.
Chaque épisode raconte une aventure de Ginko apparemment indépendante. Mais après avoir vu un certain nombre d'épisodes, on comprend qu'en réalité le message de Mushishi est distillé lentement, subtilement, et apporte à cette série une touffeur inattendue.
Cet animé est graphiquement superbe, avec des décors sublimes, sobres et discrets, aux couleurs pastels. Simples et épurés au début de la série, il gagnent peu à peu en complexité pour devenir de véritable tableaux d'une méticulosité obsessionnelle vers la fin de la série.
Le dessin des personnages n'est pas extraordinaire, mais sans défaut majeur. La plupart des épisodes se déroulent dans la campagne reculée, dans la forêt, ou dans les montagnes, et célèbrent la beauté de la nature. Les habitants de ces villages isolés portent tous le kimono, seul Ginko semble apporter une certaine modernité avec ses vêtements à l'occidentale, ce qui situerait l'action au début du XXe siècle.
L'ambiance est très zen, très poétique, et se maintient volontairement en permanence à la limite entre le merveilleux et le glauque, comme pour montrer le merveilleux tapi dans le glauque (ou l'inverse). La musique, basée essentiellement sur des tapotements de percussions, et parfois quelques notes égrenées au piano, joue précisément dans ce même registre.
Tantôt tragique, tantôt réjouissant, parfois cruel, ou au contraire réconfortant, chaque épisode raconte une légende émouvante, avec des personnage attachants et une histoire originale. Parfois simple histoire poétique dont la beauté est la seule raison d'être, parfois parabole engagée ou questionnement philosophique, parfois encore drame psychologique où le Mushi n'est qu'un symbole de l'état d'esprit d'un personnage, chaque épisode adopte une structure qui lui est propre, avec de nouveaux personnages, de nouveaux codes, et des musiques suffisamment variées pour que l'on ne s'ennuie jamais.
Autant vous dire que j'ai adoré cette série, qui dégage une sombre poésie, attirante et perturbante à la fois. Si vous aimez les séries contemplatives (mais pas molles du genou), Mushishi est pour vous. Un petit épisode chaque soir avant d'aller se coucher, c'est idéal pour se détendre et passer une bonne nuit.