My Hero Academia c'est chouette. Mais l'auteur est tellement inconstant que c'en est frustrant. Contrairement à la première saison que j'ai adorée dans son intégralité, la deuxième et troisième saisons sont en dents de scie de mon point de vue. Dans cette critique, je vais m'attarder principalement sur l'aspect scénario / intrigue de l'œuvre parce que sur la forme, (animation, couleurs, musique, comédiens) l'animé est merveilleux.
Puisque vous êtes sûrement intrigués par le titre, je m'en vais de ce pas vous éclaircir ce que j'ai en tête lorsque je parle « d'inconstance » ou encore de « tourmente ». C'est simple, malgré ses structures extrêmement classiques, My Hero Academia s'en tire très habilement dans le détail. J'aime le fait qu'il existe chez Deku une mystique « force de la volonté d'accomplir ses rêves » qui s'apparente à une sorte de « force de l'amitié », en plus crédible, et qui ne soit pas un Deus Ex Machina. La force de volonté de Deku est puissante... mais si l'ennemi est vraiment plus fort, alors ça ne passe pas. On sent la marge de progression de Deku mais il n'est jamais (pour le moment j'imagine) le plus fort, peu importe les situations. Toute la classe progresse ensemble et le potentiel de Deku est facilement compréhensible mais rien n'est trop précipité et je trouve l'évolution du personnage très bien calibrée.
Dans la saison 3, j'adore le court arc où les vilains attaquent le camp d'entraînement. Les affrontements sont rapides, intenses : une hésitation et c'est le coup fatal. J'adore le fait que les vilains ne soient pas complètement cheatés, au contraire, on ressent très bien qu'ils peuvent se faire rétamer très rapidement s'ils sont en excès de confiance. Lors de l'attaque, la plupart pensent avant tout à remplir la mission et à sécuriser leur retraite plutôt qu'à faire les cakes, et ça c'est réaliste et cool. Et c'est dans tous ces aspects-là que My Hero Academia brille : la structure est classique mais le rythme de fond est maîtrisé, la cohérence de l'univers est respectée et les codes du genre sont revisités. Petite pensée à l'arc Stain de la saison 2 qui soulève des problématiques très intéressantes sur la société des héros et s'inscrit de manière très logique dans l'intrigue.
Malheureusement, comme si l'auteur n'arrivait pas toujours à trouver une solution pour interpréter à sa sauce les codes du shônen de combat, il s'embourbe souvent dans les clichés les plus niais et dans l'application à la lettre de certaines étapes clés du genre. L'épisode 3 est le plus mauvais épisode d'animé que j'ai regardé depuis bien des années. Sans rire, le passage dans les sources chaudes est risible, Minoru est insupportable, l'humour est gras et lourd. Quand j'ai vu le personnage de Kota et son regard de haine envers les héros, j'ai tout de suite compris TOUT ce qui allait suivre : l'enfant orphelin, ses parents les bons héros qui sont morts, lui qui se sent trahi et qui haït les héros, le fait qu'il allait se retrouver dans la merde, qu'il allait être sauvé par Deku, qu'il allait changer d'avis etc... C'est mauvais, très très mauvais.
J'ai l'impression que l'auteur mène son histoire et ses personnages où il le veut pendant quelques temps, puis qu'il se rend compte que certaines choses pourraient ne pas plaire dans son œuvre, alors il crée des arcs rigides et peu inspirés. Pour moi, la saison 2 débute par le tournoi dans le seul but d'approfondir les personnages secondaires. Et là où c'est plutôt réussi pour Ochaco et Shôto, le reste du cast n'a bénéficié que d'une vitrine illusoire. On voit quelques applications des Alters des personnages secondaires de la classe A (et B d'ailleurs) mais rien de plus intéressant. J'aurais aimé, tant qu'à subir un arc de ce type, qu'on puisse percevoir les convictions et la volonté de tous les élèves, plutôt qu'à les réduire à de simples camarades de classe, limite sbires.
Dans la saison 3, c'est un peu la même rengaine avec l'examen pour le permis provisoire. L'auteur a sûrement soulevé les problèmes que j'évoque ci-dessus et décide de les corriger. On s'attarde ainsi plus sur les convictions et rêves des élèves de la classe, et de ce côté-là c'est pas mal. Par contre l'arc est peu palpitant je trouve. On a très peu de tension dans une situation pourtant assez critique : 100 places à pourvoir parmi plus de 1400 participants. À aucun moment on doute que tous les élèves de la classe vont passer en fait, c'est assez décousu. Note positive pour le finish de la première épreuve cela dit, magnifiquement mis en scène. Sinon, les personnages secondaires des autres écoles sont assez anecdotiques et l'arc se conclut de manière osef. À la fin des épreuves on a un super discours de l'organisateur de l'examen ceci étant.
Parce que oui, l'écriture de My Hero Academia brille parfois aussi. La symbolique est forte (cf. « le prochain, c'est toi »), les discours sont inspirants, certains personnages sont complexes. Mais l'écriture, comme l'ensemble de l'œuvre, est hétérogène et on dirait que l'auteur ne sait pas sur quel pied danser. Ou qu'il subit une pression qui le force à apporter des structures rigides à son propos pour édulcorer son manga, on ne sait pas. J'aime My Hero Academia mais je ne peux m'empêcher de pester contre certaines choses, c'est ainsi.