A la mémoire de Lee Sun-kyun, R.I.P. (2 mars 1975 – 27 décembre 2023)
Park Dong-hoon(Lee Sun-kyun) est un ingénieur, dans une grande société. Il est le cadet d’une fratrie de 3 enfants, dont l'aîné et le benjamin vivent de petits boulots, après des échecs de carrière. Sa femme Kang Yoon-hee(Lee Ji-ah), qui est avocate, le trompe avec Do Joon-young(Kim Young-min) le PDG. Un jour, il se fait piéger en recevant un pot de vin qui ne lui était pas destiné. Il a été victime d’un coup monté par Joon-young qui voulait se débarrasser d’un autre dirigeant. La jeune Lee Ji-an(IU), qui travaille en réalité pour Joon-young, sauvera la mise à Dong-hoon, juste avant son licenciement pour corruption. Mais une machination pour la prise de contrôle de l’entreprise est en route et Dong-hoon va voir sa vie basculer.
Ji-an vit dans la pauvreté avec sa grand-mère sourde et muette, étant tributaire d’une énorme dette depuis son adolescence. Elle cache un lourd passé. C’est une arnaqueuse par obligation, qui doit survivre seule dans un monde impitoyable. C’est une naufragée de la vie, une vie sans espoir, sans avenir. Comme Sisyphe, elle n'en voit pas le bout.
Au sein de l’entreprise, elle espionne au profit de Joon-young pour arrondir ses fins de mois. Grâce à son ami Song Ki-bun, un hacker, elle va pirater le téléphone de Dong-hoon, et va s'immiscer dans sa vie, et elle va découvrir quel homme il est vraiment. Une relation assez particulière et étrange va se nouer entre Dong-hoon et la jeune Ji-an. Ils vont d’abord s’observer, puis subtilement, commencer à prendre soin l’un de l’autre. Un respect va s’installer entre eux, de l’amitié ou plus? Et comment Dong-hoonva t-il gérer la liaison qu’entretient sa femme avec son ennemi? Car My Mister, c'est aussi un affrontement entre 2 mondes que tout oppose.
Tout un panel d’émotions est exposé de manière subtile, et souvent par de simples regards. Pas la peine de dialoguer, la caméra et le jeu des acteurs sait faire parler les visages. On a affaire à deux personnes taciturnes qui au départ gardent leurs émotions aux fond de leur âme. C’est profond, poignant, intense. Ils vont s’apprivoiser et une certaine confiance réciproque va s’installer entre eux . Oui, parce que quand arrive dans leurs histoires, leur vie est merdique, y'a pas d'autre mot.
Ce qui est bien, c’est qu’entre plusieurs séquences dures et dramatiques, le réalisateur insère habilement des pastilles drôles, touchantes et émouvantes par l’intermédiaire des moments de vie des ses frères et de leur mère .Mère ô combien digne et aimante envers sa progéniture, malgré leur turpitude, et qui par de simples regards, te font monter les larmes aux yeux. Ceux-ci sont aussi pathétiques que attachants. Ils vivent comme des ados sans insouciance, restant figés dans un passé plus ou moins heureux et fictif. Et la beauté de Nara, je m’en remets toujours difficilement. Heureusement que Dong-hoon aide financièrement ce petit monde, au grand dam de sa femme qui se sent lésée et semble passer après eux. Car c'est la famille qui maintient cette unité fragile, mais qui peut rompre à tout moment.
C’est marrant, parce que d’habitude, ce genre de drama ne m'intéresse pas trop. J’aime le rythme, et ici c’est posé, calme, presque discret. J’aime le mouvement, l’action, et ici c’est de l’introspection, des non dits qui veulent tout dire, de la réflexion sur soi. On sent une certaine quiétude des sentiments. On fait partie de leur vie et on la ressent à chaque instant.
L'interprétation de IU est tout en maîtrise, comme quoi la beauté n'empêche pas le talent. Lee Sun-kyun lui donne magistralement la réplique. Le meilleur rôle de sa(courte)vie sans doute. Oui, car tout le drama va s’articuler autour de ces deux êtres perdus, enfermés dans leur monde respectif et leurs vicissitudes. En fait tout çà “pue” le vrai, l’authenticité, la sincérité. Tous les acteurs sont formidables, et on voit qu’il sont dirigés par un réalisateur de talent qui sait où il va, et qui sait comment entraîner le spectateur avec lui. Tout est limpide, fluide, apaisant. C’est beau, tout simplement.
On ne peut pas rester indifférent à ce qui est proposé. J'ai eu un peu de mal à m'en remettre, parce que ce petit bijou(en tout cas pour moi) m'a vraiment parlé.
Le montage, les plans, les transitions, la musique, les dialogues, la photo, je ne vois rien à redire c’est à la fois subtil et parfait. Enfin, ici on ne sombre jamais dans le pathos gratuit.
Dernière chose, l’aspect du monde de l’entreprise en Corée du Sud est savamment exposé, avec tous les abus qui vont avec. Le service d’audit notamment, qui ni plus ni moins un service de sécurité interne à la botte du PDG, et qui se comporte comme un bureau du procureur pour mieux intimider et contrôler les employés.
La question qui reste en suspend et dont peut espérer avoir une réponse à la fin : es ce qu'une esquisse d'apaisement, voire de bonheur finira par arriver, après cet avalanche de désespoir et de mélancolie qui a traversé la multitude de personnages qu'on a pu découvrir, et dont nous avons partagé des tranches de vie? La bonté, la charité, la gentillesse, ce sont justes des clichés qui aboutissent à des impasses ou bien autre chose de concret?
PS : je me fou royalement de la K-Pop, mais j'ai eu un vrai coup de cœur pour Lee Ji-Eun (IU), tout simplement magistrale dans son rôle. Elle m'a fait pleurer cette c...e :(
"My mister" est le meilleur k-drama que j'ai jamais vu jusqu'à présent. Beaucoup d'émotions après avoir vu le dernier épisode.
Pour conclure sur ce récit, je finirai par un hommage à l’acteur Lee Sun-kyun. C’était avant tout une voix, une façon de jouer spéciale. Accusé à tort sur dénonciation d’usages de stupéfiants, il doit quitter un tournage en octobre 2023. Après des tests négatifs, la police s’obstine à le faire tomber car une vedette n’est pas au-dessus des lois. Il se suicide 2 jours après Noel, laissant une femme et deux enfants. Il avait 48 ans.
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