Après une première saison mitigée et une deuxième incroyable, la romance nippone la plus prenante de cette décennie arrive à son terme avec une troisième et dernière saison, toujours animée par le studio feel. Pour ma part les attentes étaient hautes après le score quasiment parfait de Oregairu Zoku, et après un binge-watch dans les règles de l’art, Oregairu Kan ne m’a pas autant convaincu que sa grande sœur, pour autant je reconnaît que la plupart des qualités de la série ont été conservées et que Kan offre une conclusion méritée à cette série qui m’aura particulièrement marqué.


(Mon avis développé sur les deux premières saisons)



Où est Hachiman ?



C’est surtout la première moitié de la saison que j’ai trouvé assez bancale : la tension émotionnelle sur laquelle nous avait laissé le cliffhanger de la saison 2 il y a cinq ans est rapidement éludée pour ne revenir que tardivement. Tandis que Zoku arrivait très rapidement dans le vif du sujet, Kan est plus paresseux et incohérent. On ne retrouve vraiment la subtilité sybilline de l’anime qu’à partir de l’épisode 7-8, ce qui est long.
Entre-temps on est interloqué par Hachiman devenu subitement un blagueur à haute voix. En effet dès le début de la saison le personnage n’a plus grand chose à voir avec sa première apparition, alors qu’on aurait attendu que cette transformation (qui fait tout l’objet de l’anime) s’étale davantage, Hachiman ne fait plus de monologues cyniques ou de réponses cinglantes… Hikigaya Hachiman n’est plus vraiment Hikigaya Hachiman.
Un personnage au caractère si particulier, aux idéaux si tordus, en finissant par faire la paix avec lui-même et à s’ouvrir aux autres, devient un personnage aux antipodes de ce qu’il était dans la saison 1. (Une conversion qui se fait en une année seulement). Non seulement c’est assez incohérent, mais ce genre de direction mène aussi inévitablement vers une version plus fade et impersonnelle du personnage, et donc vers un scénario de rom-com plus banal.



Où sont les autres ?



En parallèle de cet aplatissement un déséquilibre se fait sentir qui prend son origine dans la réduction du casting à l’écran. On notera la discrétion de Hayato et sa clique, qui élargissaient dans Zoku le spectre des questionnements apportés par l’auteur sur les relations dans un groupe, ou le statut-quo. Le groupe Hayato constituaient un parfait contrepoint aux réflexions et agissements de Hachiman avec le club des bénévoles.
Une impression de manque renforcée par le personnage de Kawasaki. Alors que sa relation avec Hikigaya est introduite via un flashback inventé de la saison 1 (lui aussi incohérent), celle-ci se retrouve non-exploitée et disparaît elle aussi des écrans radars. (à voir si elle revient dans un OAV ?)


L’animation plus en retrait (il faudra voir la version blu-ray pour se faire un avis définitif), un opening et ending insipides (la comparaison avec Zoku est particulièrement mordante pour cela), et surtout un humour régulièrement cringe rendent la première partie de la saison décevante.
Mention spéciale pour l’atroce combat de RAP. En voulant créer une séquence à la hauteur de celles de Zoku mettant en scène des bullshit-réunions, les auteurs tombent totalement à côté de la plaque en proposant cette idiotie hors de propos.



Mais...



Ainsi la première partie de Kan m’a laissé mitigé : des psychologies moins tortueuses, un humour forcé, un déséquilibre. Mais heureusement la deuxième partie revient en force nous rappeler la profondeur de Oregairu. Lourde en symboles et sous-entendus toujours autant prise de tête, Kan nous gratifie régulièrement de moments d’émotions intenses qui font la renommée de cette série. À cela s’ajoute un travail plus approfondis sur l’ambiance, les couleurs crépusculaires qui filtrent à travers les feuillages de printemps. Car oui on ressent comment la série se rapproche petit à petit de son grand final, et comment celui-ci, tout en étant parfaitement prévisible, offre à Oregairu un dénouement juste et mémorable.
Faut-il regretter ce happy-end parfaitement banal ou au contraire apprécier qu’il aura fallut parcourir un chemin non-conventionnel dans le genre de la rom-com pour y arriver ? Moi-même je n’arrive pas à trancher.


Animés vus + Sentence irrévocable d'un spécialiste éclairé

Vladimir-Thoret
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le 28 sept. 2020

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Vladimir Thoret

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