¿ Plata o Plomo ?

"Narcos" est une série télévisée créée par Chris Brancato, Carlo Bernard et Doug Miro pour la plateforme Netflix. Les deux premières saisons se concentrent sur la traque du narcotrafiquant Pablo Escobar. La saison suivante s'intéresse au Cartel de Cali. Quant à la saison 4, elle est en préparation au Mexique ...

Saison 1 : Pablo Escobar, une ascension fulgurante ...

Pablo Escobar. Le nom vous évoque forcément quelque chose. Et même si vous ne connaissez pas toute sa vie, vous savez bien évidemment que dans les années 1970-1980, il était le plus gros narcotrafiquant au monde. Pour vous mettre l'eau à la bouche, sachez qu'à l'apogée de son trafic, ses affaires lui rapportaient la modique somme de ... 60 millions de dollars ... par jour ! Rien que ça !

Quand on choisit de raconter une histoire vraie, sur une personnalité ayant réellement existé, différents axes d'approche sont possibles. Celui choisi par les créateurs de "Narcos" est sans doute le plus classique, mais aussi le plus logique, à savoir raconter l'ascension puis la chute de Pablo Escobar. Ensuite, là où il est possible de prendre quelques libertés, c'est dans la façon de raconter l'histoire. La narration en voix-off a été choisie ici ... personnellement j'adore ! L'acteur Boyd Holbrook, qui joue le rôle de l'agent de la DEA Steve Murphy, est donc le narrateur de la série. J'ai toujours trouvé ce procédé intéressant car il permet souvent d'impliquer davantage le spectateur dans l'histoire. En effet, des anecdotes sur le récit sont souvent révélées. A ce propos, on peut saluer l'effort de la production qui a été fait d'intégrer à la série des images d'archives ... un peu plus d'authenticité ne fait pas de mal !

Un véritable point fort de cette série réside dans le choix de l'acteur principal ... trouver quelqu'un pour jouer le rôle d'un personnage aussi haut en couleurs que Pablo Escobar n'est pas chose aisée. Pourtant l'acteur brésilien Wagner Moura a largement réussi à entrer dans la peau du personnage. Son Pablo Escobar semble authentique. L'acteur est très certainement aussi aidé par une très bonne mise en scène et par une écriture de qualité.

Si le début de saison s'est avéré pour moi assez classique, le ton monte finalement assez vite et je me suis très vite passionné pour cette histoire. Il faut dire aussi que l'homme était particulièrement intéressant ... Pablo Escobar, parti de rien, devient en quelques années l'un des hommes les plus puissants au monde. Rusé, intelligent, malicieux et surtout très intimidant, il menait ses affaires d'une main de fer. Le jeu de scène de Wagner Moura contribue d'ailleurs à donner à la série un aspect introspectif. Les regards, la façon de se tenir, la prononciation, tout est très travaillé.

Au final, je ne trouve pas beaucoup de défauts à cette première saison. Hormis le début un peu trop lent à mon goût, le reste de la saison est très documenté et très bien rythmé. Le récit est intéressant car il montre les deux points de vue (celui d'Escobar et sa troupe ainsi que celui des forces de l'ordre qui tentent de lui mettre la main dessus). Hâte de découvrir la saison 2 !

Ma note : 8/10.

Saison 2 : Pablo, la chute ...

Une nouvelle saison. De nouvelles aventures. Un récit toujours très passionnant ! Cette saison 2 commence là où la première s'était achevée, à savoir :

Alors que la première saison relatait l'ascension de Pablo Escobar, cette deuxième saison montre maintenant la chute du parrain de la drogue. Si le premier épisode semble débuter timidement, les autres n'ont pas été décevants. Mais alors quels sont les points forts de cette deuxième partie de l'histoire d'Escobar ? La série arrive-t-elle à se renouveler ?

Pour faire simple, je dirais que "Narcos", d'un point de vue de la forme, reste fidèle à elle-même. Les épisodes sont toujours très bien réalisés. On peut d'ailleurs citer, preuve à l'appui, le plan-séquence haletant de l'épisode 6 ... l'homme, en fuite, est contraint d'abandonner soudainement une de ses planques. C'est ainsi que ce plan, d'une excellente technicité, sert parfaitement le récit car il perpétue cette sensation d'alerte permanente.

Le récit, quant à lui, change quelque peu sur le fond puisqu'il expose au grand jour un personnage différent : c'est bel et bien Escobar mais il est désormais en cavale. L'exploration du personnage se veut donc plus introspective que précédemment. En effet, traqué de toute part (DEA, CIA, services secrets Colombiens, le Cartel de Cali, Los Pepes ...), Pablo Escobar n'a désormais plus le contrôle ... ou tout du moins il le perd petit à petit. Et c'est là que la série est formidable : "Narcos" nous montre l'homme derrière le masque. Le personnage est exploré sous toutes ses facettes. On comprend alors ce qui a causé sa perte : sa famille, son talon d’Achille. C'est brillant ! "Narcos" n'est donc pas une simple série qui se conterait d'exposer de manière factuelle un certain nombre d'événements ... c'est beaucoup plus poussé.

Wagner Moura, l'acteur brésilien qui campe Escobar, est plus que jamais impressionnant dans sa partition. Dès qu'il entre en scène, il en impose car il inspire la crainte. Je dois donc l'avouer, avec Clive Owen dans "The Knick", Wagner Moura est pour moi l'acteur qui a livré la meilleure performance télévisuelle de ses dernières années. Je tiens quand même à préciser que j'ai également aimé le jeu des autres acteurs : Boyd Holbrook et Pedro Pascal dans les rôles des agents américains, ainsi que Cristina Umaña dans le rôle de la marraine de la drogue Judy Moncada.

Enfin, on pourrait peut-être reprocher à "Narcos" certains changements notables par rapport à la réalité : l'âge des enfants d'Escobar n'est pas le bon (les vrais enfants étaient plus âgés quand le parrain est mort) ; Los Pepes n'était pas vraiment un groupuscule anti-communiste à la botte des Américains, c'était en fait l'alliance d'anciens membres du cartel de Medellin ; certaines dates ne semblent pas non plus correspondre ...

Pour autant, "Narcos" a été pour moi une très bonne surprise. Je pense que malgré certains changements factuels, la série est fidèle à la réalité, notamment dans sa façon d'explorer le personnage : Pablo Escobar fut un temps la 7ème fortune du monde. Il est mort loin des siens et presque fauché ...

Ma note : 8,5/10.

Saison 3 : Le cartel de Cali ...

Comme le dit si bien l'agent spécial Javier Peña (Pedro Pascal) en début de saison, quand le numéro 1 commence à flancher, le numéro 2 en profite pour devenir numéro 1. Et ainsi de suite ... Cette troisième saison de "Narcos" est donc la suite logique des événements survenus en 1993, avec la mort de Pablo Escobar. Le cartel de Medellín étant affaibli, c'est celui de Cali qui est devenu le leader du trafic de cocaïne.

Si le début de saison m'a paru un peu déroutant (Wagner Moura et Boyd Holbrook ne sont plus de la partie), force est de constater que les qualités essentielles des deux premières saisons se retrouvent toujours dans ce troisième volet. L'essence même de "Narcos", à savoir la tension, les fusillades intenses et les répliques mordantes sont toujours présentes. Autrement dit, outre le changement de cadre (on passe de Medellín à Cali), "Narcos" saison 3 est dans lignée des saisons précédentes.

Ce qui est intéressant de noter avec le Cartel de Cali, c'est la stratégie que ses quatre dirigeants avaient mise en place pour se faire laver de leurs crimes tout en restant leader du marché de la cocaïne. En effet, à la différence d'un Pablo Escobar qui avait opté pour se faire emprisonner dans sa propre prison, les frères Rodríguez avaient quant à eux parlementé avec le gouvernement : ils prennent leur retraite et en échange ils ne sont pas poursuivis. Mais rien ne se passe jamais comme prévu ...

Avec une histoire aussi dense, les scénaristes avaient de l'or entre les mains. Difficile donc de ne pas accrocher à cette intrigue, à moins de ne pas s'intéresser au trafic de drogue. Par ailleurs, en plus de l'intrigue, on peut saluer une écriture des personnages toujours aussi fournie. Le personnage de Peña est bien approfondi, tout comme les frères Rodríguez, déjà aperçus dans la saison précédente. Néanmoins, j'ai quand même constaté un défaut d'écriture : les deux autres leaders du Cartel de Cali, à savoir Pacho Herrera (Alberto Ammann) et Chepe Santacruz (Pêpê Rapazote), bénéficient de moins de temps de présence que les Rodríguez alors qu'ils étaient pourtant eux aussi à la tête de la pyramide hiérarchique du Cartel.

Malgré ce défaut mineur, couplé avec les deux premiers épisodes un peu déroutants, cette troisième saison ne déçoit pas et se trouve être dans la stricte lignée des deux précédentes saisons. En somme, c'est toujours autant passionnant !

Ma note : 7,5/10.