Dans cette vie, tout a un prix, même la vie.

Narcos aura au moins eu ce privilège : faire une quasi unanimité sur son pilot pour ensuite séparer les positions.
Le projet une nouvelle fois ambitieux de Netflix avait tout pour plaire : du trafic de drogues, un côté latino bienvenue, la liberté que donne Netflix sur ses projets, etc. Une grosse équipe technique, scénaristique, réalisatrice accompagnant tout ça, et Narcos, était l'attraction de la fin Aout !

Mais le parti pris par Narcos aura eu raison de l'unanimité du pilot. Narcos est une série qui finalement a pris des risques. Surtout dans sa narration. Oscillant entre voix off, qui ne m'a absolument pas dérangée d'ailleurs, images d'archives souvent très bien placés et la vie des Narcos/Police/Bloc/Medellin/Politique/etc. Cette voix off, comme d'habitude divise. Moi je l'ai trouvé plutôt juste avec ce côté parfois moqueur et cynique, cette manière de raconter certains évènements, permettait de couper court à certaines intrigues, d'expliquer certaines choses avant qu'elles ne se passent. Le procédé peut ne pas plaire, moi j'ai beaucoup aimé et j'ai trouvé que ça donnait une touche d'originalité bienvenue dans la narration. Enfin, les images d'archives, souvent assez connus notamment les photos du camion de la Cathédrale, ou de certains assassinats, donnent à Narcos ce côté série-docu-fiction réaliste qui me plait énormément. Ce postulat en fera fuir plus d'un. Oui, Narcos se veut à la fois très réaliste et fiction. La série est finalement très proche du vrai et on sent la volonté de véracité dans tout ce récit. Pablo Escobar est un personnage ultra bankable et il faut saluer ce virage réaliste qui nous évite les scènes grandiloquentes à tout va ou les inexactitudes historiques pour créer du spectacle. Sur ce point là, Narcos est plus que respectable.

Ensuite, c'est au niveau de son casting que Narcos est une franche réussite. Tout le casting est très bon. Wagner Moura est surprenant en Pablo Escobar. J'ai beaucoup aimé Pedro Pascal en Peña ou même le personnage de Carillo. Pas la peine de commenter tout ce casting. En résumé : il est solide et les personnages sont assez bien travaillé. On aurait peut-être aimé que certains personnages soient plus approfondis notamment celui de Valéria par exemple. Et c'est après avoir dit cela qu'on arrive sur le point qui fait mal à Narcos : c'est un TGV !

Mais que ça va vite ! C'est une fusée ! Ça va beaucoup trop vite ! 10 épisodes qui condensent de nombreuses années de la vie d'Escobar, sans jamais s'arrêter une seule seconde ! Tout est expédié bien trop vite par moment. Si l'on ne connait pas du tout le personnage, je pense que ce rythme peut être un peu déroutant pour la compréhension. En même temps, cela peut très bien mettre en valeur la fulgurance véritable de son ascension.

Et même avec ça, Narcos a quelques petits trous d'air, avec un rythme qui ralentit inexplicablement pour ensuite le reprendre. L'équipe explique qu'il y a énormément de chose à raconter, certes, mais l'histoire d'Escobar est tellement intéressante et riche, qu'un rythme moins soutenu aurait pu bonifier la série ou l'aurait rendu très chiant...Les deux options sont possibles.
Malgré ce reproche, Narcos est narrativement très solide, c'est calibré au millimètre près mine de rien. La série arrive a ne pas perdre le spectateur malgré la rapidité des enchainements (peut-être, par contre, que ceux ne connaissant pas du tout l'histoire, pourrait se perdre quelque peu par moment).

Esthétiquement réussie, Narcos est une série plutôt immersive grâce aux images d'archives et la langue espagnole qui domine. Il eut été cocasse de voir Escobar parler anglais (forcément). Le voyage entre Escobar et les autorités est souvent bien foutu et tout s'emboîte à merveille la plupart du temps.
Après, je trouve que la série traite assez superficiellement la frontière du bien et du mal, tout cela semble assez léger finalement et plutôt classique. En revanche, la série est assez équilibrée quand il s'agit d'Escobar et de la Police/Armée. Escobar est toujours présenté autour de cette friction violence/amour/loyauté, on s'y attache car il est charismatique, loyal mais en même temps, la série rappelle toujours que c'est l'un des plus grands meurtriers de son temps. Même chose pour la police, ses dérives, son impuissance. Ainsi que pour le pouvoir, ses complots et sa lâcheté. D'ailleurs cette question du pouvoir s'efface progressivement, comme pour bien signifier la longue descente d'Escobar et :

Précédé d'un générique que j'ai trouvé excellent, Narcos a pour moi bien fait les choses, j'ai beaucoup aimé le postulat réaliste de la série. J'ai trouvé la narration très solide malgré le TGV qu'a pris la série pour nous raconter une partie de l'histoire d'Escobar. Accoudée a une bande son franchement agréable, avec un casting plus que solide, Narcos réussi son pari mais je comprend tout à fait que pour d'autres, elle ne le réussi pas du tout. Car Narcos a fait des choix forts pour avoir son identité, forcément tout le monde n'y accrochera pas mais c'est ce qui fait le charme de Narcos. Finalement, elle ne ressemble à rien d'autre !

J'ai essayé d'éviter tout spoile, maintenant à vos écrans !

PS : Sur les 10 épisodes, c'est 7.6 de moyenne