Plata o plomo
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Les créateurs de la série Narcos décident de traiter largement le sujet de la drogue et des cartels. Après deux saisons sur Pablo Escobar, la troisième traite du démantèlement du cartel de Cali qui a pris la suite après la chute du parrain de Medellin. La quatrième verra la traque des cartels du Mexique, ceux qui aujourd’hui sont les plus importants dans la plaque tournante du trafic.
José Padilha auquel on doit les deux films troupes d’élite avec son acteur Wagner Moura signe une série qui reste crédible, prenante sur les deux saisons, une maîtrise tant narrative que visuelle et la dotant de quelques instants contemplatifs apportant au personnage d’Escobar une complexité qui à défaut de l’apprécier permet de ne pas être heurté constamment.
L’ensemble est classique, le début un peu lent, mais ensuite on est happé par la maîtrise, non pas par la retranscription d’un des hommes les plus riches et le plus célèbre de l’histoire sud-américaine mais bien parce que la part « vérité » apporte tout son sel à un personnage charismatique, et des acteurs tous excellents. Boyd Holbrook dans le rôle de Murphy, agent de la DEA qui montrera ses limites et nous permet de mieux appréhender la difficulté d’un homme dans un pays étranger. Maurice Compte dans le rôle du général Horacio Carillo quant à lui suggère que la fin justifie les moyens et nous évite tout romantisme. Les seconds rôles aussi avec toute la troupe de ces jeunes délinquants, tueurs et sadiques sont extrêmement bien brossés et renforcent toute l’impuissance et l’inquiétude d’une population face à l’insécurité. La moralité ou son défaut chez tout ceux que l’on croise pour de bonnes ou mauvaises raisons et tout l’ensemble apporte une crédibilité pour un constat seul, où les créateurs évitent toute empathie pour les uns et les autres et le spectateur peut aisément prendre plaisir à ce parti pris objectif d’une mascarade politique effarante.
Si les deux saisons traitaient de la montée en puissance et de la fin du parrain de Medellin la troisième malheureusement fait plutôt partie du fan service avec L’agent de la DEA Javier Peña (Pedro pascal) qui reprend son rôle. Sachant qu’en réalité cet homme n’a jamais pris part à la traque du cartel de Cali ni à son arrestation. De même pour la saison 4 où on devrait le retrouver, alors que Penà n’est jamais allé au Mexique. Pour ceux qui connaissent l’histoire, on y verra des inexactitudes historiques mais celles-ci ne serviront qu’à une meilleure tension et rebondissements nécessaires à faire l’accroche d’un produit télévisuel.
Cette troisème saison aura une caractérisation bien moins intéressante concernant les frères Miguel notamment Gilberto Rodriguez Orejuela (Damian Alcazar), leur montée et leur chute également. Tout est trop vite expédié au contraire des deux saisons où parfois on dénotera quelques longueurs.
Wagner Moura retranscrit toute la crainte que l’on pourrait avoir du personnage par un jeu imposant même si parfois on remarque une tendance à forcer le trait. Cette violence des échanges se retrouve dans le travail de l’acteur Francisco Denis (Miguel Rodriguez Orejuela) qui reprend le caractère emporté et violent d’Escobar et la performance s’en voit réduite à une caricature de parrains violents et stupides. Quelques bons moments existent tout de même ne serait-ce que dans l’explication et la corruption tant des services judiciaires du pays que du laisser-faire des Etats Unis et de la manipulation des services secrets et bien sûr du fait que la fin d’Escobar n’a en rien changé la donne.
Cette saison 3 garde toutefois sa signature, sa mise en scène rythmée, son ambiance et ses décors naturels extérieurs et dangereux et permet aussi de découvrir deux acteurs à leurs places Pacho Herrera (Alberto Ammann) et Jorge Salcedo (Matias Varela).
Portée également comme dans les deux premières saisons par une voix off (celle ici de Pena) moins ironique que sur les deux saisons, on reste dans le docu fiction, les sous titrages pour les dialogues en espagnols et les images d’archives. Ce qui permet encore malgré la faiblesse d’être imprégné d’un certain réalisme.
Un beau générique et une musique qui sait se fondre, un fiction à regarder avec plaisir.
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Créée
le 11 oct. 2017
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