Neon Genesis Evangelion
7.9
Neon Genesis Evangelion

Anime (mangas) TV Tokyo (1995)

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Dépressif mais faut avoir la méta pour s'en rendre pleinement compte/20

Redécouvrir ce chef-d'œuvre est encore et toujours un énorme plaisir déstabilisant surtout quand on y redécouvre et on y comprend de nouvelles choses.


29 ans après, le faux animé de méchas prétexte à un essai philosophique ultra méta est une merveille pour les yeux et les oreilles, la direction artistique est fabuleuse, que ce soit les travails d'ambiance, de cadres, de backgrounds, de mises en scène...il y a quelque chose de très lofi, apaisant, mais aussi angoissant à la fois, et on comprend tous ces edits sur TikTok reprenant autant de passages de l'animé, qui est rempli de slices of life exprimant beaucoup de nostalgie, estivale notamment, avec le bruit des cigales, et où on ne fait rien, et rien ne se passe, pour un animé de combats entre des robots géants et des aliens c'est quand même ironique que ce soit aussi reposant que de revoir un film de notre enfance sur une VHS.


On est dans le lointain futur de 2015, et on suit Shinji, un lycéen de 15 ans qui doit devenir pilote d'un Eva, un des méchas créés par son père pour combattre les Anges, des aliens à qui l'on a donné ce nom (il y a pas mal de références bibliques dans l'animé, entre la crucifixion et les noms des 3 rois mages réutilisés) comme symbole de l'apocalypse après être tombés du ciel.


Shinji, le protagoniste, représente en fait la manière dont Hideaki Anno, le créateur de la série, se perçoit lui-même : un loser un peu incel avec des mommy issues qui fantasme sur toutes les filles qui l'entourent, vu par les autres personnages et mis en scène comme fragile et lâche, une "tapette ennuyeuse" selon Asuka, qui n'assume pas vraiment sa bisexualité et son doute sur son identité de genre (c'est assez en avance sur son temps d'une manière), mais qui est profondément bienveillant et gentil, avec de vraies valeurs héroïques et un respect énorme pour la vie humaine de manière générale.


L'animé se permet de nombreuses expérimentations, sonores comme un son stéréo avec des voix en mouvement le temps d'un flashback (il faut le voir dans de bonnes conditions pour s'en rendre compte), et surtout visuelles, parfois épileptiques, mais qui explosent durant le climax et épisode final si controversé et peu apprécié, durant lequel Anno retourne toutes les attentes des spectateurs quand à sa narration, pour se concentrer pleinement à son avatar protagoniste, dans une méta qui projette toute la série sur la silhouette de Shinji, déforme les images et fait passer les couleurs en négatif, inclut carrément des passages random filmés en live action, pour carrément assumer un plateau de tournage et animer les personnages dans un "brouillon" crayonné qui paraît inachevé.


Après des mois à se faire harceler et menacer de mort pour son travail, Hideaki Anno se dévoile, et expose ses pensées intrusives dans une mise à nu tellement absolue, que même son personnage est dévitalisé, perd son identité pour n'être assumé que comme n'étant rien d'autre que ce qu'il est : de l'encre sur un bout de papier, quelqu'un qui n'existe pas, dans une crise identitaire et existentielle totale, Anno se projette dans sa création et la termine en exprimant sa dépression pour mieux en sortir plusieurs années plus tard, pour terminer bien autrement son oeuvre.


L'influence d'Evangelion est aujourd'hui énorme et reconnue, que ce soit pour avoir inspiré le 'Pacific Rim' de Guillermo Del Toro qui pourrait être vu comme une adaptation officieuse, ou référencé dans le 'Nope' de Jordan Peele...on est tous conscients d'à quel point l'animé a marqué sa génération pour devenir, à raison, un des plus cultes de tous les temps.

Cinecrologie
10
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le 23 déc. 2024

Critique lue 10 fois

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