Saison 1 :
Si "nip / tuck", dernière série TV dont tout le monde parle et qui a remporté tous les prix aux derniers Emmy Awards, n'est pas tout-à-fait du niveau des "Soprano" ou de "Six Feet Under", c'est qu'elle a tendance à préférer la lourdeur psychologique à la finesse de la chronique. Ceci mis à part, "nip / tuck" a tout du "choc" - pour adultes : peinture joyeusement outrancière (?) d'un monde obsédé par l'apparence, l'argent et la réussite, sombrant dans les abîmes de l'immoralité, "nip / tuck" aligne des arguments imparables, telle la représentation très graphique d'opérations (des images insoutenables, du jamais vu) ou la description provocatrice de relations sexuelles dévoyées voire déviantes. Le "pilot", au scénario particulièrement culotté, restera en particulier l'un des grands moments de cinéma de l'année ! [Critique écrite en 2005]
Saison 2 :
L'excellente deuxième saison de "Nip / Tuck" confirme tout le bien qu'on pouvait en penser, parce qu'elle accepte plus franchement l'émotion qui se dégage de situations assez mélodramatiques, au lieu de renchérir dans le cynisme et l'horreur (ce qui est bien sûr l'un des charmes de la série, mais doit être contrôlé pour ne pas sombrer dans la provocation facile). Les différents courants d'histoire entrecroisés, s'ils n'échappent pas totalement au sentiment "d'accumulation" caractéristique de la série TV américaine, sont bien maîtrisés, et ne sacrifient pas à l'invraisemblance afin de multiplier les coups de théâtre, même si le dernier épisode de cette deuxième série est remarquablement efficace du point de vue narratif (Quel suspense ! Comment attendre un an maintenant ?). [Critique écrite en 2005]
Saison 3 :
La troisième saison de "nip / tuck" frappe très très fort, en concluant de manière spectaculaire la saga du "carver" - même si le double coup de théâtre final est par trop tarabiscoté - tout en continuant à débiter les horreurs les plus décoiffantes avec une élégance et un manque de pitié remarquables. Car si, avec l'humanisation progressive de Christian Troy, la série s'est largement dépouillée de son incroyable cruauté (on notera quand même quelques remarquables flashback d'ignominie...), elle continue à explorer vaillamment dans de nombreux épisodes les recoins les plus sombres de notre sexualité, comme les dérèglements les plus absurdes d'une société obsédée par le culte de l'apparence et profondément corrompue par la superficialité littéralement mortelle de ses aspirations. Et quand, au milieu de toute cette dégénérescence, surgissent quelques scènes de vraie émotion ou de véritable douleur - voir l'éprouvant épisode du crash aérien -, le choc en est d'autant plus violent. [Critique écrite en 2006]
Saison 4 :
En perte d'audience aux USA, "nip / tuck" fait appel à des guest-stars de prestige (Bisset, Deneuve, Brooke Shields,...) pour faire parler d'elle, abandonne les scènes "graphiques" d'opérations qui ont fait sa réputation, et mise largement sur le goût du grand public pour une représentation aussi provocatrice que finalement puritaine du sexe (on fera donc l'amour avec des nains, cette fois). Si l'on ajoute que l'une des intrigues principales de la saison 4 (le trafic d'organes) donne lieu à des péripéties d'une invraisemblance rare, plombant plusieurs épisodes, on pourrait en conclure que "nip / tuck" a finalement sombré dans l'enfer des séries TV usées. S'il n'en est heureusement rien, c'est que la sauce finit par prendre autour d'une poignée d'idées passionnantes, comme l'exploration plus approfondie de l'amour / amitié existant entre Sean et Christian, ou le retour très réussi de l'horrible Escobar Gallardo. En faisant table rase du futur dans un flash forward étonnant et en promettant de repartir à L.A. (!), Ryan Murphy réussit finalement à nous rassurer quant à l'avenir de sa série. [Critique écrite en 2007]
Saison 5 - Partie 1:
J'avais abandonné les héros dépravés de Nip/Tuck quand ils avaient fui à Los Angeles, effrayé que j'étais par l'accumulation de critiques négatives quant à l'évolution de la série. Et de fait, cette première partie de la saison 5, si elle reste toujours aussi addictive - comme une mauvaise drogue pour le coup - est incroyablement outrancière, accumulant de manière ridicule dépravations sexuelles, coups de théâtre spectaculaires, drames passionnels et comportements déviants. Ouf !!! Certains épisodes - comme celui du "reality show" - sont à la limite du regardable, mais le pire est l'impression de n'importe quoi qui se dégage de la plupart des nouveaux thèmes - homosexualité, culte de la personnalité et - L.A. oblige - recherche de la célébrité, post-adolescente dégénérée et criminelle, inceste, drogues, serial killer, etc. N'en jetez plus ! "Nip/Tuck" a définitivement franchi la ligne blanche ! Pourtant, sans vraiment pouvoir le justifier, il me reste un fantastique capital de sympathie envers les Docteurs Troy et McNamara, qui me fera entamer d'ici peu la seconde partie de cette saison. A suivre donc… [Critique écrite en 2011]
Saison 5 - Partie 2 :
Pas de changement notable dans la seconde partie de cette "scandaleuse" saison 5 de "Nip / Tuck" : surenchère de vulgarité (le grand sujet semble être les opérations de la verge), multiplication des conflits entre les personnages, les cartes de leurs relations semblant sans cesse rebattues en dépit du bon sens, répétition systématique de stimuli bien efficaces et bien basiques (on aura donc droit à « une nouvelle » serial killer, à confirmer dans la 6ème saison !)… On a souvent l'impression que "Nip / Tuck" est devenue le terrain de jeux d'une bande de scénaristes en formation, qui y testent toutes les possibilités sans jamais en exploiter réellement aucune : lorsque Christian Troy affronte lui-même la mort et le bistouri, on en reste par exemple au niveau des clichés - pas toujours drôles, en plus - sans plus atteindre ces moments de vraie profondeur qui sont la marque des bonnes séries TV. Vivement que la saison 6 vienne clôturer tout cela ! [Critique écrite en 2011]
Saison 6 :
Si la saison 5 de "Nip / Tuck" nous avait régulièrement révoltés par sa bêtise et sa complaisance, elle ne faisait que nous préparer au véritable "accident industriel" qu'est cette ultime livraison de ce qui fut, il y a très longtemps, une "grande" série controversée. On démarre avec une demi-saison aussi ridicule que la saison 5, avec son lot de psychopathes féminins (Sean en est toujours la victime), de rebondissements débiles en particulier autour des personnages de Kimber et de Matt - insupportable crétin qui finit de décrédibiliser la saison -, et de provocation bas de gamme. On saute ensuite sans coups férir quelques mois (?) plus tard et les scénaristes s'engagent alors sur un chemin périlleux avec le désir de tout clore sur un épisode 100 qui donnerait aux personnages l'avenir qu'ils "méritent" : malheureusement, entre retour téléphoné d'anciens personnages, flashbacks peu convaincants sur la jeunesse de Sean et Christian, et divagations inutiles sur l'avenir de la chirurgie esthétique, la série perd son dernier atout : son rythme. Quand arrive ENFIN !!! le (médiocre) dernier épisode, on se rend compte que l'on s'est bel et bien mis à détester tout ce cirque futile et incohérent. [Critique écrite en 2011]