Saison 1 (8/10) :
Je ne savais pas trop à quoi m'attendre, et la surprise a été franchement bonne. Corrosif sans être vulgaire, souvent décapant et bien rythmé sans jamais chercher à nous servir une quelconque morale mal placée, cette première saison fait souvent preuve d'un humour assez méchant sans jamais se départir d'une réelle humanité, les personnages souvent aussi maladroits qu'attachants étant légion, d'autant qu'ils sont servis par une interprétation impeccable de toute part.
À ce titre, comment ne pas évoquer Edie Falco : non seulement cette héroïne est extra aussi bien dans sa répartie que sa vision des choses, donnant lieu à un nombre de répliques et de situations assez hilarantes, mais en plus l'actrice livre une prestation magistrale, mélange savant de dérision et de légère mélancolie : un régal. Peut-être remarque t-on une légère baisse de régime dans les tout derniers épisodes, mais qu'importe : moi qui ne suis pas très sensible au milieu hospitalier, cet univers joyeusement barré a fonctionné sur moi et pas qu'un peu : vivement la suite !
Saison 2 (7/10) :
Peut-être est-ce l'effet de surprise en moins, ou alors une mécanique narrative tournant un peu moins rond que dans la première saison, j'ai un peu moins aimé ce second volet des aventures de Jackie Peyton, les différents enjeux paraissant souvent plus anecdotiques. Cela n'en reste pas moins très plaisant et diablement efficace, l'écriture toujours vive et l'humour piquant dont fait constamment preuve Evan Dunsky s'accordant parfaitement à ce format de 26 minutes, notre sympathie pour des personnages savoureusement croqués et impeccablement interprétés (Edie Falco, bien sûr, mais comment ne pas évoquer Eve Best, Merritt Wever, Anna Deavere Smith ou l'inénarrable Peter Facinelli?) restant inchangée. Appréciable.
Saison 3 (7/10) :
Après un léger fléchissement durant la saison précédente, nous voilà à nouveau plus proches du premier volet, certes sans l'effet de surprise, mais avec un regain d'humour et de gravité faisant légèrement défaut précédemment (du moins au niveau qualitatif). Moins de sous-intrigues poussives (bon, un peu quand même), on revient ici à l'essentiel : relations entre personnages principaux, équilibre complexe vie privée - vie professionnelle de Jackie et cela tourne vraiment bien, Linda Wallem ayant un réel talent pour les dialogues et les situations, ce comique très « pince sans-rire » n'en devenant que plus efficace.
On a presque l'impression que les protagonistes font partie de notre quotidien, imparfaits au possible et terriblement attachants, à l'image d'une troupe d'acteurs incroyablement douée (il s'agit bien du même Peter Facinelli que dans « Twilight » ??) « Nurse Jackie » n'est pas un « must » des « shows » contemporains, mais c'est une série que l'on retrouve avec un plaisir quasi-constant : en espérant que cela continue jusqu'à la septième et dernière saison.
Saison 4 (7/10) :
Sans retrouver le formidable plaisir qu'avait été celui de la première saison, « Nurse Jackie » confirme qu'elle tient joliment la distance sur la durée, d'autant qu'elle sait ici se renouveler aussi bien dans son récit que ses personnages. Les fondamentaux restent bien sûr les mêmes (écriture vacharde, humour), mais avec peut-être plus de tendresse, de sensibilité... La série perd en férocité ce qu'elle gagne en humanité : je ne m'y retrouve pas forcément, mais cela a au moins le mérite de faire évoluer de jolie manière notre drôle d'héroïne, d'autant que Linda Wallem a eu la bonne idée d'intégrer un nouveau protagoniste apportant une dimension (anti)sociale intéressante et faisant changer radicalement l'ambiance souvent très décontractée régnant jusqu'alors dans le service. Cela redonne même un petit coup de fouet après la (très) légère baisse de régime de la précédente saison, d'autant que le casting reste toujours aussi impérial. Allez, on passe la cinquième très bientôt !
Saison 5 (6/10) :
C'est évident que « Nurse Jackie » n'a plus le même pouvoir d'attraction que lors de ses débuts, le changement de « showrunner » pouvant se ressentir quant au ton plus « sage », posé de la série, donnant l'image d'une héroïne nettement moins « borderline » et essayant de se reprendre en main, soit un peu l'antithèse de ce qui était proposé au départ... Mais bon, ce que la série perd en esprit corrosif, elle le gagne en humanité, en sobriété, d'autant que tout cela reste assez cohérent quant au parcours de Jackie et des différentes épreuves qu'elle a eu à traverser précédemment.
Sans doute moins drôle, la saison se regarde toutefois avec un certain plaisir et permet de continuer à explorer des facettes inexploitées de notre chère Edie Falco (décidément excellente en toutes circonstances), d'autant que les seconds rôles restent (presque) aussi savoureux, l'arrivée de Betty Gilpin, sans être indispensable, réservant quelques bons moments. On sent toutefois que la série tire un peu à la ligne, si bien qu'un léger sentiment de lassitude vient parfois nous accompagner, signe d'une œuvre touchant les limites de ses possibilités : on ira évidemment jusqu'au bout, mais pour le coup, et on ne peut plus logiquement : « Nurse Jackie », c'était mieux avant.
Saison 6 (6/10) :
Une petite sixième saison, peut-être même la plus faible de la série. Les créateurs ont de plus en plus de mal à se renouveler et à trouver de nouvelles idées pour leur héroïne (sans mauvais jeu de mots!). Certains épisodes parviennent toutefois à relancer un peu l'intérêt, et s'il ne se passe rien de vraiment concret, il y a quand même suffisamment de savoir-faire, de personnages appréciés (malgré le départ de la belle Eve Best, snif) et d'humour (un peu) insolent pour que cela tourne un minimum, on ne s'ennuie pas, sans s'éclater non plus. Au moins Jackie n'est-elle (vraiment) pas épargnée ici par son addiction et à ses problèmes relationnels grandissants... Disons que le boulot est fait un minimum, mais que la « grande période » est terminée depuis longtemps.
Saison 7 (6/10) :
Voilà, c'est fini : « Nurse Jackie » tire sa révérence après sept saisons et il était clairement temps. Je dois pourtant dire que celle-ci est un cran au-dessus de la précédente. Il y a ce nouveau personnage vraiment attachant de Bernard Prince, joliment interprété par Tony Shalhoub, ne compensant toutefois pas les dépars successifs d'Eve Best et de l'inénarrable Peter Facinelli, sans aucun doute l'un des meilleurs seconds rôles télévisés de ces dernières années. Il y a également un petit regain d'intérêt sur la situation de Jackie, sorte « d'entre-deux » quant aux différentes étapes qu'elles a pu vivre précédemment. Enfin, le contexte « social » quant à l'hôpital devant se transformer en hôtel de luxe est assez symptomatique de notre époque et de ce bon vieux capitalisme, bien incarné par l'excellent Jeremy Shamos.
Pour le reste, cela n'a clairement plus la saveur des débuts, ni son mordant, tous les savoureux protagonistes d'origine étant soit partis, soit assagis. Ça n'est pas désagréable du tout, et pour Showtime, habituer à commencer ses séries en trombe avant de s'effondrer, la conclusion est honorable, malgré un dénouement inutilement accrocheur, laissant au moins les spectateurs « libres » de choisir. Peut-être eut-il été toutefois plus judicieux de faire moins de saisons plus égales en qualité et un final vraiment marquant, enfin... C'est une bonne série, que j'ai beaucoup aimé à ses débuts avant de juste « bien l'aimer » sur la fin : même si c'est un peu frustrant, après, tout, ça n'est déjà pas si mal.
Critique globale (7/10) :
Une série qui a au moins eu le mérite de ne jamais s'effondrer niveau qualité, même si, comme de nombreuses séries Showtime avant elle, celle-ci a clairement baissé au fil des années, sans pour autant que chaque saison faiblisse vis-à-vis de la première, la moins bonne étant sans doute l'avant-dernière. Par ailleurs, il n'est jamais évident de parler d'addiction avec humour et tranchant : de ce point de vue, « Nurse Jackie » restera une réussite, son ton grinçant et ses répliques parfois cinglantes ainsi que sa galerie de personnages souvent réjouissants (O'Hara, Zoey, Thor ou encore l'inoubliable Coop : il y a du niveau) restant des atouts majeurs.
Après, comme j'ai déjà pu l'écrire, l'intrigue, les enjeux ont vraiment tendance à se diluer et à peu se renouveler environ à mi-parcours, même notre héroïne perdant de son mordant, heureusement interprétée par une Edie Falco toujours exceptionnelle. Du très bon et un vrai essoufflement, donc, même si l'impression générale reste globalement positive, ne serait-ce que pour le profond plaisir ressenti lors de la « grande période ». Ne vous en privez pas, au moins jusqu'à la quatrième saison.