Il est difficile d’aborder cet animé, se présentant à la fois comme romance tout à fait banale, parfois même cringe (j’y reviendrais) et comme une sorte de slice of life, intelligent, posant des questions sur la sexualité et la construction de l’adolescence, à la manière de Shimoseka (dont je vous invite à aller voir ma critique pour mieux saisir le contexte culturel) mais plus universelle et premier degré que ce dernier. Blooming Girls (appelons-le comme ça c’est plus simple, c’est le nom du manga papier) c’est aussi une prise de conscience existentielle, une ode à l’émulsion de la jeunesse, la « saison sauvage » comme il le titre, qui vient nous mettre une Blitzkrieg émotionnelle dans son dernier épisode telle que le ferait cette adolescence perdue que l’on cherche tous à retrouver au travers de ces animés (si si vous aussi faites pas l’innocent).
C’est ce genre de poésie qui s’exprime à travers l’histoire de ces 5 adolescentes en pleine course contre le temps qui leur volera cette PURETÉ de la jeunesse, des nuances de bleu venant tacher le drap blanc de leur innocence (vous comprendrez cette phrase et le titre de cette critique après visionnage). L’anime n’est pas dénué d’humour également, bien qu’il n’en soit pas l’essentiel intérêt contrairement à Love Lab dont le synopsis est similaire mais traité avec bien plus de légèreté, de manière candide (et que je vous recommande chaudement au passage car trop peu connus). Blooming Girls s’évertue surtout à conserver une énergie transcrivant cette ardeur de la jeunesse et un rythme soutenu à l’image de l’explosion sentimentale qui assaille les protagonistes sans répit. L’animation de très bonne qualité viendra sublimer cette candeur lyrique, la forme et le fond s’associant pour construire ce feu d’artifice.
Malheureusement quelques défauts viennent ternir ce tableau flatteur, à commencer par ces relations pédophiles presque romantisées que j’ai du mal à considérer d’un bon œil. Pourtant je pense que d’une certaine manière, ça n’a pas totalement gratuit, les dialogues de ces relations apportent réellement au propos, peut-être même l’essentiel finalement, puisque leur dénouement marque symboliquement la fin de l’enfance. Je trouve aussi que l’anime perd une bonne partie de son intérêt entre les épisodes 6 à 11, trop sage, là où toutes les relations se construisent après avoir posé les problématiques et avant le final grandiose qui viendra donner un sens à toutes ces péripéties en concluant sur une morale diablement percutante.
Bref j’essaie de rester évasif, ne pas trop en dire sur les questions soulevées et ce que je leur trouve d’intéressant, je laisse l’interprétation aux spectateurs pour ne pas gâché le plaisir, à compter que vous y soyez aussi sensible/réceptif que je le fu (car ce n’est évidemment pas garanti que cela parle à tout le monde). Cependant il y a un point précis qui reviens souvent et qui me parle particulièrement donc tant pis, je vais au moins évoquer celui-ci car c’est un concept assez central dans l’anime ; l’idée que le monde est rempli d’allusions sexuelles et qu’une fois l’autre côté du miroir atteint (c'est-à-dire une fois que s’éveil en nous le désir et la conscience du sexe) on ne peut plus s’y soustraire, condamné à le voir partout et ne penser qu’à ça. Tel un esprit corrompu il n’y a plus de retour en arrière possible une fois le seuil de l’adolescence franchis (chose que le premier épisode image parfaitement). Je ne sais pas vous mais personnellement c’est quelque idée qui m’obsède (le mot est on ne peut mieux choisi ahah). Ce que je veux dire par là c’est qu’à notre époque il est impossible d’allumer son téléphone, sa télé ou simplement lever la tête sans tomber sur une image sexualisée (surtout quand on est un homme) et parfois j’en vient véritablement à souhaiter qu’il puisse exister une pilule pour supprimer complètement tout intérêt pour la chose, que ma tête se vide de toute ces pensées parasite qui donne l’impression de prendre tout l’espace, d’étouffer notre cerveau.
Pour terminer sur une note plus positive parlons des musiques, ce n’est que trop rarement un point mémorable des animés, souvent tenu à des nappes de piano et de violon pour accompagner les déboires émotionnels des personnages. Cet anime ne fait pas exception en la matière mais je note une utilisation intelligente de celle-ci dans le premier épisode, au moment le plus crucial, qui déclenchera toute l’histoire, un contraste entre une mélodie enjoué et une coupure nette à l’évocation du mot Sexe. Tout l’anime résumé en une scène, créant également un effet comique au passage. Je suis tombé amoureux de l’opening aussi dont les paroles traduites rendent bien hommage à l’œuvre, à croire qu’elle a été écrite pour lui.
https://www.youtube.com/watch?v=hjRdwrj4oZY