La Sithuation empire

Après la surestimée saison 2 de The Mandalorian et l'arnaque Boba Fett, j'étais aussi impatient qu'inquiet de découvrir cette série tant attendue sur Obi-Wan Kenobi. Ce personnage qui reliait les deux premières trilogies portait bien la prélogie, Ewan McGregor avait trouvé le rôle de sa vie et fait depuis partie des légendes de Star Wars (parmi tant d'autres). Un programme centré sur lui était alors alléchant et l'occasion parfaite de refaire du bon Star Wars, encore plus quand on a appris la présence de Hayden Christensen au casting. L'idée de revoir l'un des plus grands antagonistes du cinéma et le deuxième round d'un des duels les plus intenses faisait rêver mais ça recommence on finira par s'y faire : les premiers épisodes sortent et les retours sont peu encourageants quand ils ne sont pas à la limite d'annoncer une catastrophe. Contrairement à Boba Fett, certains avis positifs arrivaient à émerger mais en 2022 Star Wars me fait plus peur qu'il me passionne... La diffusion arrive à son terme ce mercredi c'est donc le moment de s'enfiler la série et d'éventuellement pleurer toutes les larmes de mon corps en voyant ce qu'ils ont fait du potentiel. Ce n'est finalement pas une horreur mais Disney se contente une fois de plus du strict minimum et ne fait que s'appuyer sur la nostalgie d'une fanbase solide.

ATTENTION SPOILERS (mais il n'y a rien à spoiler)

Enchaîner les presque 4 heures de série n'est pas forcément une excellente idée à cause des trop nombreuses séquences longues, inutiles et par conséquent ennuyantes. Toute la partie du troisième épisode sur la planète minière n'est vraiment pas passionnante, rien que le premier épisode a des longueurs et c'est le souci de toute la série : des séquences qui s'allongent artificiellement pour remplir les six épisodes et trop souvent aux dépens de la cohérence. La série ose même nous exposer ses faiblesses quand Leia demande à Obi-Wan pourquoi son père n'a pas envoyé une armée pour la récupérer...en effet, pourquoi ? Je me demande même comment les scénaristes ne se rendent pas compte de la débilité de l'écriture quand l'Empire passe une bonne partie de l'épisode 5 à enfoncer une porte avec un canon alors que plus tard il suffit de quelques secondes à Reva pour la transpercer à l'aide de son sabre laser. Les réseaux sociaux n'ont pas hésité à se moquer des deux séquences de course-poursuite dans les deux premiers épisodes et il est impossible de ne pas rejoindre la critique générale. Voir de grands adultes y compris un Jedi se faire semer par une enfant c'est déjà ridicule sur le papier mais à l'image c'est encore pire, Obi-Wan n'avait qu'à tendre le bras un tout petit peu pour attraper cette enfant. De manière générale, Kenobi et son ancien ami devenu son plus grand adversaire auraient pu se sortir d'une dizaine de situations différentes d'une dizaine de moyens différents grâce à la Force, leurs aptitudes au combat ou leur sabre mais vous voyez il ne faudrait pas que la série tienne sur deux-trois épisodes.

Cette écriture douteuse a pour problème majeur de décrédibiliser les personnages et en particulier les méchants. Découvrir les Inquisiteurs et leur chasse aux Jedi m'intéressait beaucoup, je ne connais pas trop l'univers étendu Star Wars et c'est toujours un plaisir d'en apprendre un peu plus. Quand on finit la série on a du mal à voir autre chose qu'une menace fantôme dans ces Inquisiteurs... La séquence qui ouvre le bal (sans compter le résumé de la prélogie) nous introduit donc ces antagonistes et déjà quelque chose cloche : qu'est-ce qu'une plongée sur le crâne du Grand Inquisiteur vient faire là ? Ça ne le met pas forcément en valeur mais je peux pardonner cela. Le vrai souci réside dans l'absence de charisme, de prestance et d'inquiétude car dès la première séquence les Inquisiteurs échouent. L'échec va traverser tous leurs actes, on finit par se demander s'ils ne sont pas alliés avec notre cher Obi-Wan. À aucun moment on ne ressent un peu de tension, à aucun moment on ne ressent la menace et à aucun moment on angoisse pour les protagonistes (il faut dire que le fait de les savoir en vie des années plus tard n'aide pas). Si, il y a un seul moment où ils réussissent : avec le premier Jedi mais ils ont mis du temps quand même (ils étaient à 3 contre 1 au début). Reva est fortement agaçante à mettre des bâtons dans les roues de ceux qui étaient déjà bien en difficulté et survivre à une exécution de Dark Vador me paraissait inimaginable, cette série m'a malheureusement prouvé le contraire... il est quand même question d'une Inquisitrice qui se fait malmener par un couple de fermiers. C'est dommage parce que cette idée de vengeance était intéressante. J'ai également du mal à comprendre pourquoi elle veut s'en prendre à Luke à la fin (qui la malmène à son tour, ça relève du running gag à ce stade). Enfin, j'espérais un vrai duel entre Obi-Wan et elle pour conclure l'épisode 3, la déception est terrible...

Nous pouvons compter heureusement sur Obi-Wan et Dark Vador pour relever un peu le niveau (et ce n'est pas dans toutes les séries Star Wars que nous pouvons compter sur les protagonistes pour ça...). Nous retrouvons ainsi Obi-Wan Kenobi dix ans après les événements tragiques de La Revanche des Sith. Chargé de veiller sur le futur nouvel espoir des Jedi tout en se faisant discret pour éviter d'attirer l'Empire, il est évidemment profondément marqué par la supposée mort de son petit protégé : un développement prévisible mais nécessaire. Alors que l'insupportable parasite Leia sème le trouble dans sa famille d'adoption, il est employé par le père Organa pour retrouver sa fille. C'est alors qu'il apprend une nouvelle qui va le traumatiser : Anakin Skywalker est encore en vie et se fait appeler Dark Vador. On constate avec cette révélation le talent discutable de Deborah Chow à la réalisation : ledit traumatisme est traduit à l'image par un simple gros plan, ça paraît léger en 2022 avec le budget offert par Disney. La mise en scène décevante ne s'arrête pas là (mince alors j'avais pourtant dit que tout ça allait relever le niveau...), l'arrivée de Dark Vador en fin d'épisode 3 manque de plans iconiques ou de musique épique. Par ailleurs les retrouvailles entre Obi-Wan et Anakin ne sont pas à la hauteur, le premier passe son temps à fuir, c'est triste à voir. Je comprends qu'il ne veuille pas se battre mais il fallait au moins un dialogue puissant avec des menaces au sabre laser... Ceci étant, la classe de Vador entraînant son ex-maître dans les flammes est indescriptible, c'est le genre de passage que j'aurais voulu voir plus. Le combat final est également agréable à regarder bien qu'il soit coupé par les mésaventures de Reva (et rende l'épilogue d'autant plus ennuyant malgré son fan service), il a fallu attendre la fin de la série pour que la Force et les sabres laser soient utilisés convenablement. Le plan final est sûrement la meilleure idée de mise en scène : le ciel rouge à gauche et bleu à droite rappelle la confrontation entre le Jedi et le Sith, c'est de plus au-dessus du personnage comme si cette confrontation pesait sur lui (et c'est le cas).

Constat terrible donc à l'achèvement de cette série : même avec des personnages légendaires, Disney se loupe sur bien des aspects. On se demande où est passé le grand Star Wars et si cet univers nous fera vibrer de nouveau. Les jolis effets spéciaux n'arrivent pas à masquer la pauvreté de la mise en scène, le plaisir de revoir les mythiques personnages de la saga n'arrive pas à prendre le pas sur la paresse du scénario. Voir enfin des voyages spatiaux et découvrir des nouvelles planètes dans une série Star Wars ne suffit pas à rendre cette histoire de traque épique. Le futur inquiète alors, je me vois déjà subir les séries axées sur des protagonistes auxquels je suis beaucoup moins attaché tels qu'Andor ou Ahsoka. Pour ce qui est des films, j'ai peur que même Taika Waititi ne parvienne pas à raviver la flamme...