Alors, par où commencer. Orange is the new Black est typiquement le genre de série qui peut profondément nous énerver tout en nous donnant envie de continuer à la regarder.
La raison est simple : l'univers carcéral y est brillamment décrit, dans ses travers les plus sombres ou les plus drôles. Au début de la série, on ressent le même malaise que le personnage principal : tous ces regards de femmes posés sur nous, tous ces visages qui semblent hostiles, l'impression que jamais on ne pourra comprendre cet univers. Et pourtant, plus le temps passe, et plus on s'attache aux personnages secondaires. On comprend leurs peurs, leurs doutes, leurs envies, et on finit par espérer que l'histoire se termine bien. Les flashback dans chaque épisode sont introduits avec justesse et permettent d'illustrer les parcours de chacune des protagonistes.
A l'inverse, comment s'attacher au personnage principal dont on ne comprend aucune décision, dont on n'approuve aucun choix ? Notre implication est telle que l'on imagine parfaitement ce qu'on pourrait faire à sa place, et c'est précisément l'inverse de ce qu'elle-même décide de faire tout au long de la série. Cet inlassable entêtement à prendre les mauvaises décisions et cette vision floue du bien et du mal finissent par nous déstabiliser, voire nous exaspérer.
Pire encore, chaque action est précédée d'une volonté d'agir dans le bon sens. Mais dans les faits, le personnage ne trouve pas d'accord entre ce que sa raison lui dicte et ce que son cœur lui ordonne. Certes, cette dualité montre que personne n'est tout blanc ou tout noir, et qu'il est difficile pour chacun de tracer la ligne entre ce qu'il faudrait faire et ce qu'on a envie de faire. Le personnage n'en devient alors que plus complexe. Mais cette complexité finit par nous perdre... pour ne jamais nous retrouver ?