Suite à mon arrivée laborieuse sur SC (mes "mousquetaires" savent de quoi je parle) commençons par recycler les quelques critiques qui les ont poussés à vouloir m'y voir inscrit. Orphan Black me paraît un bon début : série canadienne en cinq saisons qui s'est achevée cette année, et que je recommande chaudement - en particulier aux amateurs de Sense8, avec laquelle elle partage un Myth Arc conspirationniste éventuellement confus mais qu'on pardonne pour passer du temps avec ses personnages ; et parce que ces 2 séries prennent de véritables risques, tant thématiques (très LGBTQ+ friendly) que techniques, et que ces risques paient la plupart du temps. [no spoil]
Le synopsis ? Une jeune femme tendance "fugue et mauvais choix de vie", de retour dans sa ville de Toronto (mais pas trop, audiences étasuniennes obligent), tombe nez à nez avec son sosie sur le quai de la gare ; sosie qui se jette immédiatement sous un train. Sarah (notre héroïne) récupère les papiers de Beth (la suicidaire) dans un but criminel avoué... Les choses se compliquent quand elle réalise qu'elles n'étaient pas les seules, et que quelqu'un cherche à les éliminer. Then, things proceed to get messy and at times hilarious, bloody, or a little bit of both. Lots of cries ahead too...
Comme dit plus haut, et bien que la série fusse conçue dès le départ pour 5 saisons, le Myth Arc est redéfini en fin de saison 2, et se révélera au final confus - pour ne pas dire incohérent - encore que les premières saisons étalent un Techno-Blabla plus crédible que la moyenne, et que certains twists sont particulièrement bien pensés, reposant sur de véritables incongruités génétiques. On ne tombe pas non plus dans du Lindelof, rassurez-vous... Mais là n'est pas l'essentiel : car la série repose avant tout sur ses personnages, dont une demi-douzaine (!) des principaux sont joués avec un brio hors du commun par une seule et même actrice : la désormais memetic Tatiana Maslany.
Soutenue par une doublure, des monteurs, des costumiers et des magiciens des effets visuels plus que compétents, et par une utilisation toujours pertinente des leitmotivs dans l'ambiance sonore (le thème d'Helena, à l'image de son perso - à la fois exaltant et terrifiant - en est le meilleur exemple), elle livre une performance épatante d'un bout à l'autre - et finalement récompensée par l'Emmy de la meilleure actrice dans une série dramatique pour la saison 4, ce qui est un sacré coup pour une série de genre (science-fiction, en l’occurrence) canadienne, après 3 saisons injustement ignorées.
Cette performance exalte les sommets émotionnels, tant comiques - il y a du meme à revendre - que dramatiques (le S4E6 a eu un impact comparable au S3E9 de Games of Thrones au sein de la fanbase)... Elle rend (tous) ses personnages crédibles, et adorables - ou qu'on adore détester. Le reste du casting fait l'affaire, et les relations entre les protagonistes n'en sont que plus solides (même si les antagonistes oscillent, eux, entre profondeurs insoupçonnées et motivations floues).
La série se conclut d'ailleurs de manière (globalement) satisfaisante sur cet aspect, n'oubliant pas ses personnages en cours de route - quand elle a le choix, quelques personnages introduits en S2 ne revenant malheureusement guère (vous reconnaîtrez peut-être Michiel Huisman qui aura donné priorité à son rôle dans Game of Thrones ; un choix dont je laisse juger de la pertinence à tout un chacun). Bref, une fin satisfaisante en ce qui concerne les principaux (arcs des) personnages vous attend, tant que vous saurez faire outre les quelques faiblesses d'écriture des saisons centrales, la S1 restant usuellement considérée comme la meilleure saison jusqu'au "retour gagnant" de la S4...
Conclusion : Orphan Black, c'est cool. Le Myth Arc s'effondre un peu sous son propre poids avec le temps, mais la série garde un intérêt grâce à la performance (quasi-) unique de son actrice principale, bien entourée tant devant que derrière la caméra (la série peut révéler les limites de son budget sur les décors mais rarement ailleurs ; et c'est sûrement ce qui lui a valu l'Hugo Award pour l'épisode final de la saison 2). Si tous les personnages auront parfois du mal à s'intégrer à l'intrigue, vous ne devriez pas les suivre avec moins d'intérêt - et ce jusqu'au bout grâce à l'équilibre constant des tons et l'attachement qu'on développe pour eux, quand bien même ils font parfois preuve d'une éthique douteuse. Attendez-vous à voir abordés les thèmes de nature v nurture, de culpabilité, de responsabilité, d'éthique scientifique et de féminisme en filigrane (comme Sense8 vous disais-je).
Note : Best Canadian TV Show / 10
PS: VO obligée. Je ne suis pas un puriste absolu d'ordinaire mais pour le coup c'est un prérequis.