Il y a quelque chose en ce monde qui est trop sous côté: la réalité.
Certains se crée un monde où il est honteux de parler de jeune filles enceintes, qui imaginent que ça n'existe pas et que ceux qui abordent, parlent ou voient des œuvres sur ce sujet sont des gens peu recommandables.
Ces gens jouent un personnage de "bienfaiteur" prêt à censurer au nom de leur intolérance.
Quel beau jeu d'acting, mais ils se mentent à eux même.
Oshi no Ko est l'anime parfait pour ceux qui "savent" comment devrait tourner le monde, car il va détruire leur vision du monde avec une facilité déconcertante. Le monde est un endroit dégueu où il y a quelques étoiles qui brillent. Et parfois une œuvre vient bousculer le monde remplis d'Isekai, d'animes trop calmes parfois ou d'anime où le sang coule à foison. Sachez que je vais user du mensonge et de l'omission pour ne pas parler de l'éléphant dans le magasin de porcelaine qu'est le prologue de la série, et j'encourage chacun à faire de même, c'est quand même ce qui embrase l'un des animes les plus surprenants de la japanimation. Cet avis est entièrement sans spoilers, ce serait dommage d'apprendre dès le début qu'en fait l'héroïne est en fait chauffeur de camion et qu'elle s'appelle Maurice et que Kana Arima est en fait une peluche trop choupi avec des supers pouvoirs qui parle et qui sauve les chatons dans les arbres. Bref de quoi cela parle:
Dans un hôpital de campagne où Gorou Amemiya officie. C'est un type banal sauf qu'il est très fan d'une idol, Ai Hoshino, très talentueuse mais qui a récemment mis sa carrière en pause. Et pour cause! Un soir elle débarque dans son hopital de campagne... enceinte de jumeaux. Quelques échanges plus tard à propos du fait que sa carrière s'effondrerait si cette grossesses était connue, et quelques temps plus loin avec la naissance d'une certaine Ruby et qu'un certain Aquamarine, l'histoire va prendre place dans le quotidien d'une Idol devenue mamaln non sans que le docteur glisse malencontreusement d'une endroit en hauteur, aidé par un détraqué, pour retomber quelque part dans un lit pour bébé.
Pour réussir dans le showbizz et faire une adaptation d'un manga populaire, c'est simple: il faut faire ce qu'a fait le studio Doga Kobo. Il y a eu pas mal de vidéos des membres du staff qui montrent leur passion pour l'histoire de ce manga (que je partage) et cela se voit dans le travail fait sur cet anime. Il paraissait difficile de retranscrire l'émotion notamment du début de l'anime, mais préparez vous à prendre un grand coup de poing dans la face de réalisme. Il faut également parler des yeux brillants des protagonistes, qui me rappellent une vieille période où certains animes chez Kyoani reprenaient les traits d'yeux exagérément grand d'œuvres de chez Key, mais ici au lieu d'avoir un effet surréaliste, ça a un sens dans l'interprétation de l'histoire. Prenons le cas de Kana Arima, qui a des yeux qui s'allument comme des galaxies brillants de milles feux quand elle déploie son talent. Et c'est typiquement ce qu'aura Ai dans ses moments là, ou même Ruby. Bref le talent brille dans cet anime et c'est presque une sorte de marqueur justement, pensez y a chaque scène Oshi no Ko ne fait rien "gratuitement".
Les décors et même les parties concert sont réussies, l'école est bien rendue. C'est vraiment du bon travail, il n'y a pas à tergiverser sur l'ensemble. Même la nourriture est appétissante (notamment dans les restos de sushi!).
Côté son, disons que l'anime a conjugué des actrices débutantes et confirmées. Le mariage est magnifique, une Rie Takahashi au sommet de son art pour un rôle qui marquera sa carrière clairement. L'immense surprise est Yurie Igoma, interprète d'une Ruby qui ne manque pas d'énergie et qui, en lisant le manga, était comme ça dans mon esprit. Celui qui est vraiment un interprète en classe de maître permanente, c'est Takeo Ootsuka avec ce rôle de Aqua récité à la perfection (j'ai bien écris "récité" car clairement c'est un double jeu ce personnage).
N'oublions pas un point, pour certains du casting, il s'agissait de jouer un rôle d'un personnage qui parfois joue un rôle comme métier. A la fois lui et Megumi Han ont été brillants. En fait personne ne dénote dans ce casting, il y a aucun mauvais choix. Tout le monde dans ce casting aime l'oeuvre, y compris Rie Takahashi qui est l'incarnation parfaite d'Ai Hoshino. A vous en donner des étoiles dans les yeux.
Il faut bien entendu parler de ce rouleau compresseur de vues qu'est l'opening, Idol. C'est assez dingue que même ici, les étoiles s'alignent. Le single se vend par palette (dit le gars qui l'a commandé ainsi que l'OST), et musicalement il est intéressant.
Il y a aussi des chansons chantées par les actrices, mais ça je vous laisse découvrir. Si vous aimez l'ambiance un peu idol, sachez que ce même casting a fait des choses comme danser les chorégraphies en chantant, et que vous pouvez retrouver cela sur Youtube.
Y'a du boulot sur cet anime non?
Oh j'oublie l'ending, mais croyez moi que là aussi, c'était difficile de faire un morceau fort et capable de redescendre la tension (notamment sur un épisode avec Akane qui fait trembler de peur, la vraie peur, voire même d'effroi et qui dégoute des "fans").
Mais on va arrêter de se réjouir tout de suite, car on va parler de ce que l'anime a à dire. Et y'a un immense morceau que je ne peux qu'aborder en surface. Parler du monde des médias au travers d'idols, d'acteurs n'est pas très courant. L'animation japonaise jouant en quasi contre son camp ici car proche de l'acting et des Idols (y'en a même qui deviennent seiyuu et ultra talentueuse ou inversement), on pourrait penser que l'histoire va être light et ne pas trop endommager l'image de ce monde où tout doit être parfait, formatté pour les réseaux, pour la télé et pour les plateformes. C'est amusant de voir Oshi no Ko être un anime "parfait" critiquer ce monde en faisant lui même tout ce qu'il critique. Attention quand je dis ça, je le dis dans le sens où l'anime a tout fait pour être réussi, et il l'est. Mais il le fait en tapant un grand coup dans la fourmilière. C'est totalement illogique. Mais bon sang, c'est ça l'idée qui marche.
L'écriture de sensei Aka Akasaka est un peu plus fine que dans Kaguya Sama, œuvre passionnante à lire et à regarder, et pas niaise pour un sou, avec un fond très intelligent. C'est pareil ici, l'anime va clairement dépasser les limites du tolérable pour certains spectateurs, soyez avertis qu'il ne s'agit pas d'un anime facile, d'un anime gentil qui va pisser du sang gratuitement. Il ne s'agit pas d'un anime gentil qui montre de jolies filles ultra heureuses tout le temps. Parfois, ce sera ultra dur, et c'est pas parce que Mem'Cho est mignonne et gentille qu'elle ne peut pas devenir une serial killer. Nan je déconne. Mais n'oubliez pas de ne pas retirer la chainette à la porte quand on sonne, cela pourrait être elle avec ses petites cornes de diablesse!
M'enfin l'histoire montrera que n'importe quel fan n'est pas forcément bien intentionné, que les roses ne sont pas toujours blanches et que les actrices sont imbues d'elles même. Vous le saviez? Je ne crois pas :) Bref le rose est parfois rouge en plissant un peu les yeux non?
Le premier épisode est en lui même un prologue d'un peu plus d'une heure, indispensable pour suivre le fil rouge dont je viens de vous parler, car il faut introduire un contexte assez complexe, et un peu magique, comme le serait une omurice préparée par une maid dans un café après avoir lancé un sort magique. Au sein de l'histoire aussi l'amour, sentiment complexe à la fois vrai et faux, mais ayez tout de même conscience que ce n'est pas forcément facile à regarder tout le temps. On a tendance à penser que les influenceurs sont gentils etc etc, mais sachez bien que l'anime va montrer ce qui est, et que comme pour mon préambule, si l'anime ne vous plaît pas par son réalisme, lâchez le vite car vous allez souffrir de son cynisme aussi écœurant que maîtrisé. C'est probablement un anime que certains n'apprécieront pas car il est malsain, que les personnages sont repoussants et manipulateurs, même s'ils ont des bons côtés. En fait il a tellement de côté détestables, et une héroïne parfaite, pour de vrai, pas une héroïne cheatée, pas parce qu'elle est badass.
Non, Ai est parfaite. Et c'est bien là le problème.
Ne vous ai-je pas dit que ce monde était dépeins de manière réaliste? Et bien je suis content qu'un anime brise la bonne ambiance, comme Kaguya Sama avait cassé les règles de la romcom en la rendant pyschologique pour des motifs débiles. Le délire est dans le même genre ici, l'anime n'est pas là pour vous chouchouter et le seul ange de l'anime pourrait paraître un poil éphémère même s'il ne l'est pas vraiment. Et puis cette façon de narrer une histoire partant sur les dérives du fanatisme, du showbizz n'est-elle pas finalement la meilleure possible?
Anime atypique, qui n'épargne ni son spectateur, ni son milieu et parfois même n'épargne pas non plus la société japonaise elle même en rappelant de dur souvenirs, Oshi no Ko a marqué 2023 au fer blanc. Pour parodier les mots à propos d'Ai Hoshino, des animes comme celui là je ne crois pas qu'on en revoit un jour une fois que celui là sera terminé. Conçu pour être aimé autant que haït, conçu pour être aussi vrai que faux, ayant toutes les qualités d'un anime dramatique en jouant avec l'humour et un peu de musique, entraînant vers la mort et l'amour qu'ils fussent réels ou faux... on trouve de tout. Aka Akasaka signe avec cette histoire et le studio en charge de l'adaptation une œuvre marquante, inoubliable par son réalisme. Le prologue de l'histoire impacte très fort le spectateur par sa plausibilité au delà de l'aspect un peu magique d'un élément du fil rouge. Mais pourquoi pas. Pas aussi fort qu'un Erased, pas aussi plat que n'importe quel anime d'Idol (même si ce n'est qu'une portion de l'histoire), pas aussi chiant qu'un anime sur l'acting, Oshi no Ko ne fait rien comme les autres. Sa seule ambition est juste de voir des étoiles dans vos yeux, ou que votre regard soit noir d'effroi parfois.
Pari réussi, et si ça continue avec la saison 2... ça ira loin cette connerie, même s'il faudra relancer l'intérêt et les lecteurs du manga savent qu'il y a des choses à venir (donc lisez aussi le manga, promis je n'ai aucun actionnariat avec tout ces gens).
P.S: A titre personnel, même si cet avis déborde de subjectivité, je suis loin d'être le seul à déborder d'enthousiasme sur cette œuvre et cela m'importe guère de passer pour un con à cause de cela, car comme le dirait un président qui nous apaise, "j'assume". Pire, avec Bocchi The Rock!, cet anime a chamboulé ma liste d'anime préférés assez facilement, j'en suis surpris moi même. Mais à la différence de Bocchi, ici le manga était un indice sur ce que nous aurions. Donc détestez l'anime ou aimez le, ça n'a aucune importance, mais c'est un futur classique que vous le vouliez ou non, dans 20 ans on en parlera probablement encore, alors que Yuri is my job ce ne sera pas le cas.
P.S.2: cet avis n'est pas là en libre accès pour réutilisation lucrative ou non. Sauf pour Ai Hoshino (personne que vous n'êtes pas en l'occurrence puisqu'elle n'existe pas.)
P.S.3: A Mayu Tomita, pourvu que la vie soit meilleure rapidement à toi qui a souffert en donnant le sourire aux gens, simplement ça.