Oz, ou comment une série peut vous rendre dingue.
Commençons par le commencement : Oz est une prison dans laquelle se trouve Emerald City : une unité pour toutes sortes de prisonniers bien plus laxiste, plus privilégiée, créée et dirigée par un idéaliste, Tim McManus. A travers la série, on suit les crimes, les litiges et les histoires de tous ces prisonniers. Ben tiens, si c’était si simple.
Ce qui est remarquable dans cette série, c’est qu’il n’y a pas réellement de perso principal : on en suit un, puis un autre, et encore un, et ainsi de suite. C’est déroutant au départ, puisque chacun a son importance, pour devenir un véritable challenge ensuite : ah mais oui, celui-ci c’est celui qui a tué machin parce qu’il a tué le père de son pote qui s’est fait buter par celui-ci, lors du combat entre truc et truc bis..
De la violence, dans Oz, il y en a, et pas qu’un peu. A un moment j’ai décidé de compter à combien de cadavres on était dans un seul épisode, j’en ai compté pas moins de quatre. Et c’est ce que je trouve bluffant, dans cette série : l’univers carcéral nous est dépeint tel qu’il est vraiment, tel qu’on peut nous le dissimuler, il n’est pas enjolivé, ni minimisé, il est violent, cruel, la seule façon de rester en vie c’est de survivre, rien de plus compliqué, et les prisonniers d’Oz n’ont pas d’autre choix que d’aiguiser leur instinct de survie, sinon ils risquent à un moment ou à un autre d’y passer.
Et ce qui tient la route dans cette série, et qui rend chaque épisode un peu plus haletant, c’est l’inversion permanente des rôles, et ça, mais ça, c’est juste dingue. La plupart des personnages que l’on suit, on les suit pendant un bon moment ; on les voit donc évoluer, à l’apogée de leur folie, de leur violence extrême ou bien alors de leur paix intérieure. Un psychopathe vient à se transformer en petit agneau tout mignon, pour devenir encore plus taré qu’avant. Le personnage qui m’a fait me rendre compte de ces « retournements mentaux », c’est Tobias Beecher, un perso que l’on rencontre lors du Pilote, un avocat torturé par l’homicide involontaire qu’il a commis, qui est pris pour cible par un aryen pur et dur, puis à un moment, on voit ce fameux Tobias devenir fou à lier. Le mec, on n’a plus envie de le plaindre, tant il semble méchamment instable.
On a aussi affaire à des gardiens véreux jusqu’au bout, à des prisonniers qui n’étaient emprisonnés que pour un an et qui au final, se retrouvent condamnés à perpétuité pour avoir énucléé un gardien, ou crucifié un confrère, que sais-je encore.. Les rôles tournent, on voit un gentil monsieur qui n’a jamais fait de mal à personne découvrir le goût de tuer pour le plaisir, on voit une famille de Siciliens mafieux décliner lamentablement, des religieux corrompus, des pactes improbables, des manipulateurs qui prennent plaisir à mener leur petit monde, et, oui c’est possible malgré tout ce que j’ai déjà écrit, on assiste même à des histoires d’amour, mais bon, sans faire retomber l’ascenseur émotionnel, on comprend bien vite que l’amour dans Oz, c’est pas franchement similaire avec l’idée que l’on peut s’en faire.
Chaque épisode est mené par Augustus Hill, un des prisonniers condamné à perpétuité qui nous raconte une histoire à travers chaque nouvel épisode, et le plus dur pour moi a été de comprendre qu’en fait chacun de ses discours sont des métaphores très trèèèès recherchées sur le « thème principal » de l’épisode. Il nous explique entre autres la vie carcérale, et les principes qui la régissent : la survie, la vengeance.
Les personnages qui aident ces prisonniers sont eux aussi géniaux : Tim McManus, un utopiste quelque peu naïf quant à son projet de vouloir aider les pires criminels, Léo Glynn, le directeur de la prison qui se montre tantôt impartial, tantôt cruel, et je tiens à mentionner Željko Ivanek, « l’homme à tous les rôles » qui incarne un gouverneur pourri, égocentrique, arrogant au possible.
C’est une série à regarder, je ne saurai plus la conseiller, on tombe des nues à chaque nouvel épisode, pour moi ça a été un réel coup de cœur, et bien plus encore.