Bon c'est pas aussi nul que ce que je pensais. Mais passé le premier épisode c'est quand même pas génial.
Le premier épisode est cool, adopter le point de vue du menuisier est une riche idée. Après, j'ignorais qu'il était le voleur de la cassette, ne connaissant rien d'autre de ce récit que la sex tape en soi. Mais même sans ça, c'est une bonne idée, car on voit mal ce qu'il y a d'intéressant à raconter sur ce couple. J'exagère. Il y a des choses intéressantes, ce sont deux personnages assez riches et leurs conflits sont intéressants, surtout sur la fin. Mais c'est assez convenu et les personnages sont un peu trop lisses (même Tommy Lee est montré comme un mec cool la plupart du temps... il est en colère, il peut péter un plomb, mais on le comprend, il n'y a qu'en de rares occasions qu'il se comporte comme un connard).
Et donc ça devient moins bien dès le second épisode, car le coup du flashback pour délaisser le précédent cliffhanger, c'est toujours chiant, et puis on n'avait pas besoin de voir leur rencontre, le début de leur idylle pour comprendre les personnages (c'est ce que j'ai ressenti sur le moment, et ce sentiment s'est confirmé une fois la série terminée). Puis on revient à l'intrigue principale dès le troisième épisode, mais c'est assez convenu, assez typique des séries. Puis aussi, la série prend un tour féministe inattendu sur la fin. Ce qui est plutôt intéressant, car vraiment on nous fait comprendre de façon très simple en quoi regarder une sextape est mal. C'est vrai que je n'avais jamais pensé à tout ça et c'est logique, pertinent. C'est bien de notre époque en tous cas. Mais cet enjeux féministe il vient un peu de nulle part. Un peu plus tôt dans la série, Pam a bien eu un discours similaire, essayant d'expliquer à Tommy que ce n'était pas pareil pour elle que pour lui, mais sans développer. D'ailleurs quand les auteurs renchérissent là-dessus, on a d'abord un sentiment de redite, avant que le développement n'arrive et ne justifie qu'on en reparle.
Ça m'a refait penser à un fanzine auquel j'avais participé il y a 10 ans, un fanzine féministe de femmes. Je me souviens que j'avais trouvé ça grotesque que des auteures réalisent un truc ensemble, sans mecs, pour moi c'était pour dire que les mecs ont un point de vue de mecs, que c'est nul. J'ai donc créé un pseudo et un avatar de femme, j'ai envoyé une proposition avec une lettre, c'était une illustration très sex (une nana entourée de bites géantes baveuses) et la boss du fanzine a suffisamment aimé pour publié mon illu dans son fanzine. J'avais l'impression d'avoir marqué un point : "haha, vous dites que le point de vue des mecs et du patriarcat est naze mais vous ne vous rendez même pas compte que vous pensez comme nous, il n'y a donc pas de différence et donc pas de raison de privilégier un fanzine uniquement pour les femmes, autant en faire un pour tout le monde." Aujourd'hui, je me dis qu'en fait... elles ne pensaient peut-être pas au fait que les hommes sont des nazes et pondent des oeuvres patriarcales... mais simplement qu'elles avaient besoin d'un espace à elles pour créer et qu'elles n'avaient pas besoin d'un mec. Peut-être parce qu'elles se sentent plus libres de s'exprimer ainsi ? Je me suis senti con. Comme quoi il n'est pas trop tard pour comprendre quelque chose. Bon, ce n'est pas que avec "Pam et Tommy" que j'ai compris ça, c'est en écoutant aussi des podcasts féministes où justement une intervenante expliquait ce que je viens de dire, que si elles organisent parfois des réunions pour femmes uniquement, ou en tous cas sans hommes cis-genres, c'est pas par discrimination, mais simplement parce que la présence d'un homme peut parfois bloquer une femme dans sa prise de parole. Il y aurait d'ailleurs des statistiques prouvant que les hommes ont tendance à couper plus facilement les intervenantes que les intervenants. Fin de digression.
Il y a des tas de choses sympas dans cette série, comme quand Tommy parle à sa bite ou quand Pam est la seule convoquée et accusée de s'exhiber à cause de ses cassettes (donc on se sert de ça, qui est un vol et qui est une vidéo qui la dévalorise aux yeux de la société, pour l'attaquer pour attentat à la pudeur, c'est juste dingue) ou encore les péripéties du menuisier... mais ça part dans tous les sens, tout est développement assez faiblement (par exemple la bite qui parle, ça ne durera qu'une scène). Et puis on sent bien que la prod veut choquer par moment. Et ça c'est typique des projets de Rogen depuis qu'ils ont envahi la télévision. Toutes leurs séries sont construites sur le buzz et la volonté de choquer. The Boys, Foodtopia, Preacher, ... c'est lassant. Ici ça passe encore, c'est le projet qui semble être le plus honnête, peut-être que ce ne sont pas eux à la tête du projet je ne sais pas, par contre c'est un peu trop lisse comme dit plus haut.
La mise en scène est correcte. S'il y a beaucoup de scènes de dialogues, le découpage reste varié, avec quelques idées visuelles sympas. Elles sont limitées mais elles sont là quand même. Le montage est correct, un peu mou quand même. La reconstitution est correcte, ça fait un peu trop perruque et déguisement quand même par moment, et ça manque d'accessoires discrets qui rappellent l'époque (plutôt que de faire des gros plans sur les CD et autres trucs typiques). Les acteurs font du bon boulot ; j'ai été moins emballé par la performance de Lilly James ; certes ils ont réussi à la faire ressembler à la vraie Pamela (ce qui n'était pas forcément utile) mais ce qui m'a embêté c'est qu'elle joue Pamela comme si c'était une cruche. Je n'ai pas vu beaucoup d'interviews d'elle, mais du peu que j'ai vu, elle se comporte normalement et non pas comme une poupée barbie qui grimace et fait des bruits de cruche tout le temps en roulant des yeux ; je n'ai pas compris si c'était pour accentuer le fait qu'elle est LA victime principale de cette affaire ou si c'est vraiment la perception que la prod en a, je trouve pas ça très cool. Après, pour Tommy, ils l'ont rendu un peu con, mais ça semble plus proche du vrai quand même.
Bref, on reste sur sa faim avec cette série qui veut faire plein de trucs en même temps. C'est pas déplaisant à voir, mais passé le premier épisode, on a vite envie que ça finisse pour passer à autre chose.