Gainax, je t'aime.
Je n'aurais pas la prétention de dire que j'ai compris Evangelion mais j'ai apprécié l'ambition de la série, l'animation vraiment belle et puis voilà quoi. Mais je dois bien avouer que malgré mon amour pour toi, malgré ma fréquentation fréquente des conventions de japanimation (en ethnologue seulement), j'avais en tête le préjugé que les japonais ne savaient pas faire rire. Ou à tout le moins que l'humour japonais était parfaitement hermétique et ne pouvait traverser la mer du Japon sans s'éventer.
Et bien j'avais tort, et je ferais bien seppuku si j'avais un sens de l'honneur bien nippon parce que ta nouvelle série Panty & Stocking with Garterbelt est hilarante. Oui, je n'ai pas honte d'avouer que j'ai ri aux éclats, fréquemment. J'ai admiré le fait que même si la série était incroyablement japonaise empruntant la structure des séries de magical girls, elle avait aussi compris profondément les codes de l'humour occidental.
Par où commencer ? Peut être par l'histoire, même si ce n'est pas faire honneur à la série, mais il faut bien passer par là : deux anges, Panty et Stocking sont envoyées sur Terre à Daten City - une ville à la frontière entre l'Enfer et le Paradis pour affronter des fantômes, des créatures nées des émotions négatives des hommes. Quand elles en auront terrassé assez, elles pourront rentrer chez elles. On a déjà vu ça ailleurs. Ce qu'on a rarement vu c'est que les anges sont coupables de pêchés capitaux à répétition, Panty couchant avec tout ce qui bouge et Stocking dévorant n'importe quoi, du moment que c'est plein de sucre. Elles sont aussi incroyablement paresseuses et vulgaires. Et elles n'écoutent que rarement leur mentor, un prêtre afro homosexuel adepte du bondage.
Si vous me suivez encore, on continue. Les fantômes sont présents dans la plupart des épisodes et ont un character design bien sympathique. Pour les vaincre, Panty et Stocking enlèvent leur petite culotte ou leur collant (respectivement) lesquelles appartenaient à la Sainte Vierge pour les transformer en armes, et ont donc le pouvoir de terrasser le mal (logique). Il faudrait préciser là que les fantômes sont rarement des apôtres du bon goût puisqu'on compte parmi eux un gigantesque tas de merde, une nuée de crottes de nez, des spermatozoïdes géants et pour le grand final, un pénis turgescent qui crache une semence ultra-destructrice. La série atteint un niveau extraordinaire dans les épisodes où il n'y a pas de fantômes. Les petits gars de chez Gainax se sont complètement déchaînés en proposant des épisodes où il ne se passe rien ou d'autres qui sont complètement stupides ou focalisés sur un personnage secondaire.
Il y a plein de références, à tout et n'importe quoi. Chez Gainax ils ont ingurgité une dose colossale de films, séries et culture américains et ils ont tout régurgité dans un merveilleux mélange. On croisera ça et là Scarface, Sex & the City, Transformers... mais aussi tous les poncifs des séries télé. Jouissif.
Niveau animation, c'est génial. Le style est fortement inspiré des productions américaines de Craig McCraken et consorts- ce qui prouve que les animateurs de Gainax savent tout faire. Les séquences de transformation renvoient Sailor Moon à la maternelle - elles sont archi rapides mais continuent pendant une petite minute le temps que nos héroïnes fassent une petite pole danse bien vulgaire. Les épisodes sont bourrés de trouvailles visuelles - le débarquement de Normandie revu à la sauce PSG est savoureux - et les dialogues émaillés d'anglais s'affichent parfois en toutes lettres sur l'écran.
Bref, c'est coloré, très pêchu, très drôle, nippon mais pas trop, original et vraiment savoureux. Et la musique est super. En plus de ça, la série se paie le luxe d'avoir une fin de saison assez grandiose, épique et un peu émouvante juste avant de sombrer à nouveau dans le grand n'importe quoi. Il parait qu'il y aura une saison 2. Connaissant Gainax, il faudra attendre longtemps. Mais croyez-moi, ça vaudra le coup.