Paul Calf (Steve Coogan) vit avec une bière à la main, il hait les étudiants avec leurs voitures de pd, est au chômage et habite encore chez sa mère (Sandra Gough). Son meilleur ami (et probable victime) Fat Bob (John Thomson) achète un caméscope. En cette veille de Nouvel An il décide de filmer son quotidien passionnant (Paul Calf’s Video Diary) en compagnie de sa soeur Pauline (Steve) et espère capturer ses retrouvailles avec son ex Julie (Sally Rogers). Roland (Patrick Marber), ancien étudiant au chômage, rejoint Paul après s’être fait cassé la gueule par ce dernier, excité par le « drame social » qui se joue devant lui. Un an plus tard Pauline, ayant décidé d’arrêter de coucher avec tous les hommes de la ville, se marrie avec Spiros (Patrick Marber) un Grec qu’elle a rencontré à Corfou. Un conte de fée saupoudrés par la bonne humeur de Paul, l’élégance de Pauline, l’étrange attitude de Spiros et la tristesse de Fat Bob.
Paul et Pauline Calf sont des trésors de la mythologie Cooganesque et également ses premières créations sur scène. Paul est né lors des soirées entre étudiants au pub près de la fac de Manchester où Steve aimait jouer le mec bourré hostile envers les étudiants. Archétype du beauf vulgaire et agressif il arbore une coupe mulet et un mauvais goût évident avec panache. Avec son fidèle collaborateur et auteur Henri Normal Steve compose Pauline Calf la soeur, une blonde extravertie, nympho et amatrice de potins. Ces Video Diaries diffusés en 1993 et 1994 constituent le 1er programme à mettre en scène Steve comme acteur principal. Steve renoue avec ses racines et fait appel à ses souvenirs de gamin de Manchester pour offrir un portrait hilarant et tendre. Paul et Pauline n’ont rien des méchantes caricatures que l’on retrouve d’ordinaire avec ce genre de personnages. Le portrait ici dressé (Coogan’s run proposera un dernier épisode « Get Calf » en 1995) est touchant. Paul est agressif, sans aucun tact et sans ambition et sa soeur ressemble à une quelconque bimbo, pourtant les deux sont traités avec un réalisme et un sens du détail remarquables, ils nous semblent si familiers. Ils n’ont pas de quoi se réjouir et pensent vivre leur vie comme il l’entendent. Ils s’enferment dans leur propre vision d’eux-mêmes avec une certaine fierté qui éveille autant le rire que la compassion.
Si vous possédez l’intégrale Coogan (qui vaut bien ses 40€!) vous retrouverez Paul and Pauline Calf Cheese and Ham Sandwich un spectacle de 30 minutes et le making-of. Un excellent spectacle, trop court, où Pauline s’essaye à la comédie avec une hilarante relecture de la vie d’une infirmière du XIXème siècle Florence Nightingale. A la présentation du show Duncan Thicket (Steve) un personnage fabuleux et rare joué uniquement sur scène. Duncan est un humoriste observateur maladroit, c’est également la toute 1ère création de Steve lorsqu’il passe l’audition pour entrer au cours d’art dramatique de l’université de Manchester en 1985. Enregistré en 2003 à l’occasion du lancement de la chaîne BBC Three, Steve reprend ces rôles 10 ans plus tard avec la même justesse dans les dialogues et l’observation. Le making-of nous éclaire sur la création et surtout nous livre des bribes de la séance d’écriture et les images du spectacle « test » enregistré dans un café théâtre.
Typique de sa 1ère partie de carrière, Paul et Pauline Calf sont des losers flamboyants décrits avec minutie et empathie par un Steve Coogan méconnaissable.
Retrouvez sur mon blog un portrait/hommage à Steve Coogan - L'observateur obsessionnel https://dismoimedia.com/2016/10/20/portrait-de-steve-coogan-lobservateur-obsessionnel/
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