Gangs of Birmingham
Peaky Blinders narre l'histoire d'une famille de malfrats, les Shelby, qui règne sur la ville de Birmingham. Très frères qui font la loi, Arthur l’aîné de la famille, John le benjamin, Thomas la...
le 5 août 2014
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Après le matage des 4 saisons, je peux affirmer sans aucun conteste et en total accord avec me myself and I, que c'est une des meilleures séries de ces dernières années. De loin.
A part peut etre quelques petites baisses de régime ici ou là selon les saisons, ce show n'a que de belles qualités intrinsèques. J'en vois des séries pourtant, mais en avoir une aussi homogène sur tous les plans, et dont la qualité ne faiblit pas avec les années, c'est très rare et ça fait un bien fou !
Si la première saison est une découverte et une mise en place prometteuse, la deuxième m'avait paru en dessous, un peu bancale et se cherchant à mon avis une direction franche et solide. Mais une fois le probleme de Sam Neill réglé, la troisième etait d'une tout autre trempe et explosait tout sur son passage, tandis que la quatrième, dans la lignée et avec les persos bien en place, allait encore plus loin lors d'une vendetta magnifiquement orchestrée. Je ne doute pas un seul instant que la suivante sera une nouvelle fois à la hauteur.
En quatre saisons de six episodes d'une heure, format idéal sur ce coup, on suit l'evolution de ce petit gang de gitans irlandais, qui part de son quartier de Birmingham pour etendre son influence et sa violence jusqu'à Boston en passant par Londres, avec à ses cotés et au fil des péripéties de simples ouvriers, des flics, de gamins de la rue, d'autres clans voyous, comme des gens plus influents dans les hautes sphères, jusqu'à Monsieur Winston Churchill en personne.
Autant la forme que le fond sont soignés. C'est peu dire que la reconstitution de ces années 1920 dans la deuxième plus grande ville anglaise alors est une pure merveille. On est plongé dans ces rues sales, empesées du souffle noir rejeté par les usines et industries tournant à plein régime, à tel point qu'on pourrait presque en sentir la puanteur.
On traine dans les bas fonds, on louvoie dans les campagnes environnantes, on se bat dans les caniveaux, on manigance dans les arrière-cours pavées et on trinque un nombre incalculable de fois dans les nombreux pubs du coin tout en fumant clope sur clope... Bref on fait quasiment partie de la bande ! Saisissant de réalisme.
Cette bande menée par un Tommy Shelby à la poigne de fer, qui sait dès le début où il va, même s'il est parfois le seul à le savoir. Il a une ambition dévorante et se donne tous les moyens pour y parvenir.
Et pour incarner avec force et conviction un tel meneur d'hommes violent tout en etant très intelligent, le choix de Cillian Murphy est juste parfait.
Il est incroyable dans le role. Sa gestuelle, son phrasé, son accent, ses regards et ses silences qui parfois en disent plus long que n'importe quelle tirade... tout est joué à la perfection, et sans aucun surjeu. Ce qui n'est pas une gageure vu la complexité du personnage.
Et pour l'epauler dans ses pérégrinations, le casting, dans sa totalité, est d'une qualité homogène rare. Les performances sont habitées pour certains, avec en tête Paul Anderson en Arthur, Helen McCrory en Polly et Joe Cole en John, les principaux originels de la famille Shelby. Des compositions de très haute volée tout du long.
Se greffent un nombre impressionnant de roles plus ou moins secondaires et importants selon les saisons, mais tous sont impliqués à fond dans la série et leur persos. Sam Neill est admirablement détestable en flic sans scrupules et tenace, Tom Hardy hallucinant en chef du gang des juifs à la langue bien pendue, Annabelle Willis lumineusement torturée en Grace, Adrien Brody classieux à mort en parrain italien dans sa feud contre Tommy dans la quatrième partie, Natasha O'Keeffe convaincante en putain désabusée qui finit par elever son rang social, Sophie Rundle plus que charmante en petite soeur rebelle et un temps communiste, Noah Taylor impeccable comme à son habitude en riche mafieux colérique...
Je n'ai relevé aucune fausse note dans cette distribution mixant acteurs moins reconnus à la base, et pointures célèbres apparaissant au fil des saisons. Et pourtant il y en a des intervenants en 24 episodes !
Et puis la bande son est un pur régal, avec souvent des morceaux contemporains rock ou pop, parfois revisités dans des versions etonnantes, qui collent aux images malgré le décalage initial. Au fur et à mesure des episodes c'est un peu devenu comme une marque de fabrique du show. Ca claque sa mémé !
Si le cast et la reconstitution représentent les deux points forts selon moi, le fond n'est pas baclé pour autant, avec une intrigue principale, puis plusieurs se greffant par dessus et s'y entremelant, fouillées et avec chacune ayant des conséquences sur les autres. Si parfois le rythme se ralentit un poil trop, c'est pour mieux faire exploser l'action par la suite, une action brute, sanglante, réaliste, choc. Comme cela devait l'etre alors, je n'en doute pas. On etait pas au pays des Bisounours à cette epoque dans le quartier... Bourre pif, armes blanches, revolvers et dynamite sont les meilleurs moyens d'envoyer l'adversaire au tapis de manière plus ou moins définitive.
Si violence crue il y a, la série n'e, fait pas pour autant l'apologie, appuyant plutot sur l'esprit de famille et de clan, qui prévaut sur tout le reste. L'esprit des gangs et des familles est bien rendu, avec le cloisonnement propre aux religions et aux origines, surtout qu'il y avait beaucoup de racisme et que cela seul justifiait les guerres et rivalités. Il y avait les gitans irlandais sédentaires, les gitans en roulotte, les juifs, les italiens, les russes, les asiatiques... chacun avec ses trafics de prédilection et ses quartiers.
Et c'est quand Tommy a décidé de diversifié ses activités et d'empieter sur les plates bandes des autres que toute cette violence s'est déchainée, quitte à voir des persos principaux mourir et des malheurs s'abattre sur d'autres.
Un tourbillon furieux, passionnant à suivre. D'autant qu'il est sans cesse alimenté au fur et à mesure des saisons par de nouveaux intervenants charismatiques, qui entrainent de nouvelles histoires et manigances obscures.
C'est vraiment une série complexe mais bien traitée, soignée en tous points, à l'esthétique d'une rare beauté (cette photo mes aieux...) et dont on ne peut pas décrocher une fois rentré dans ce monde, testament de toute une courte epoque sans concessions, où chacun essayait à sa manière de faire sa vie et de mener sa barque vaille que vaille malgré les difficultés suivant la fin de la grande guerre, et où l'espoir d'un futur meilleur hantait quelques idéalistes pret à tout pour le voir se réaliser, tandis que d'autre s'acharnaient à jouir de cette vie à court terme, ne voyant aucune issue lointaine dans la grisaille de leurs chaines de montage monotones.
Un immense bravo.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Top 10 Séries, Ces "quelques" séries que j'ai vu depuis que mes yeux se sont posés sur un écran TV pour la première fois, Les séries avec les héros les plus badass, Les meilleures séries de 2013 et Y a de quoi choper un double cancer foie/poumons sans parler d'overdose rien qu'en matant ces séries !
Créée
le 10 mars 2019
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