Excellente mini-série, un talent d'acteur, une intrigue sans temps-mort et bien écrite pour un thriller judiciaire ou comment commettre "le crime parfait" (?).
Will Burton (David Tennant), qui n'a jamais perdu une affaire, devient pourtant la cible de son client, Liam Foyle (Toby Kebbell) et sera confronté aux limites du système judiciaire anglais. Un thème relativement classique, mais quelques rebondissements dans une ambiance assez serrée permettent de suivre avec intérêt le questionnement sur la justice anglaise et par là, la nôtre.
Même si le scénario manquera d'appronfondir et optera pour quelques facilités, c'est un plaisir de jeu. D.Tennant joue avec sobriété à la limite de la froideur et rejoint sa performance de the "broadchurch", mais retranscrit parfaitement la descente aux enfers de l'avocat et le cercle vicieux dans lequel il se retrouve. Toby Kebbell reprend la caractéristique habituelle du psychopathe à la gueule d'ange sans que sa personnalité soit déchiffrée. Mais son rôle ici, ne sert que le thème du judiciaire.
Un meurtre est le point de départ, en lien avec des sites de pornographies. L’avocat, expert pour exploiter les failles du système, parvient à prouver qu’il y a eu fraude sur l’ordinateur de son client et libèrera cet homme...mais n'est pas convaincu (?).
De là partira le questionnement simple et révélateur de notre société : les limites et le rôle pour un avocat de la défense, le doute et la possibilité de l'erreur, et le besoin de réparation par condamnation... Sous couvert de thriller c'est donc le système qui est mis en avant dans ses travers et ses procédures.
Le talent de l'avocat et ses plaidoiries choisies, nous révélent la subjectivité du propos. Viendra se greffer un second combat avec l'une de ses collègues, Maggie Gardner (Sophie Okonedo), une avocate rivale de Will Burton, pour deux confrontations croisées. Sans oublier ce qui va précipiter l'action : un second meurtre directement lié à l'avocat. Cette fois-ci ce sera sa collègue qui prendra la défense...Et pour terminer par un troisième meurtre qui clôturera l'intrigue par un ultime procès et refermera la boucle.
L'affaire est donc bien menée ! Une série qui met en avant le besoin de corriger les failles, malheureusement souvent après coup, et qui nous emmène bien où elle le souhaite. On peut être choqué que cet homme soit défendu mais en même temps il n'y a aucune preuve de sa culpabilité. On se retrouvera aussi dans la subjectivité, espérant même que justice soit rendue, quelle que soit la manière...Mais les lois, même si elles doivent être améliorées, les emportements doivent être, quant à eux, maîtrisés.
Une belle photographie froide à l'anglaise, un rythme soutenu, de bons moments de tension, des retournements bien amenés et de bons seconds rôles. David Wolstencroft, propose une mini-série de bonne facture, alternant le quotidien heureux et de travail de l'avocat, sa chute, via son propre environnement de travail, les scènes de procès, ses techniques "réfléchies" et "manipulatrices", sans que celui-ci ne dépasse (et c'est bien là que réside un des enjeux de cette série), le cadre du légal....sans oublier de brosser assez finement, la relation subtile entre les deux avocats dans une seconde lecture, celle de la course à la reconnaissance.
On pourra trouver le "geste" facile pour amener l'intrigue, mais on reste dans une fiction bien agréable.