Si Christopher Nolan a marqué son empreinte dans le cinéma actuel, son frère Jonathan Nolan souvent impliqué dans les scénarios de son aîné, réussit un gros coup dans l'univers du petit écran avec sa série à mon sens sous-estimée : Person Of Interest. Si elle rappelle par son sujet "Ennemi d'état", elle n'en reste pas moins unique par le ton donné aux aventures de Michaël Emerson/Harold et Jim Caviezel/John. En effet, Person Of Interest débarque en 2011, 13 ans après le film de Tony Scott qui précédait les attentats du 11 Septembre 2001. Et ce laps de temps a vu la géopolitique mondiale changer et la technologie continuer son ascension.
C'est ainsi que Harold, brillant programmeur, développe pour le gouvernement une machine, une intelligence artificielle capable de prévoir et déjouer des attentats à partir des données emmagasinées par la surveillance des citoyens. Mais pour arriver à ses fins, cette I.A se doit d'ignorer le destin de certaines personnes. Une idée inadmissible pour son créateur qui va alors s'allouer les services d'un ancien agent de la CIA pour venir en aide à ces personnes jugées sans importance par sa création.
On assiste ainsi au départ à une suite d'épisode sans véritable fil conducteur sur le mode "une épisode = une histoire". On ne décroche pas pour autant, bien entendu parce qu'on a des noms comme J.J Abrams à la production, mais aussi parce qu'au delà du manque de continuité, Person Of Interest intrigue. Et ne pas décrocher de cette série aura finalement été une grande décision tant au fil des saisons, l'histoire et les personnages s'étoffent au milieu de cette atmosphère "Orwelienne". Certains nous quittent à regret. D'autres nous rejoignent pour un bien. Et dans tout ça arrive alors l'indéniable atout de ce show qui résonne dans l'air du temps amenant sur le tapis le débat actuel entre "sécurités et libertés". On est finalement face à une série policière d'anticipation qui n'en est pas vraiment une. Elle est le prolongement juste de toutes les questions qu'on pourrait se poser sur nos droits à l'oubli à une époque où tout semble interconnecté. Bref, un véritable vivier pour les amateurs de théorie du complot !
Mais revenons à l'objet purement télévisuel. Person Of Interest va nous captiver pendant ses 5 saisons grâce à ses acteurs, ses personnages (même éphémères), ses choix scénaristiques et à des épisodes absolument géniaux. Et même si on sentait une certaine lassitude, que la boucle était bouclée au début de l'ultime saison, surpris de n'avoir que 13 épisodes à se mettre sous la dent contre la vingtaine habituelle, le final mélancolique saura nous confirmer tout le bien que l'on pensait du show jusque là : un truc divertissant, à la fois fantasmé et encré dans le présent qui pousse à son maximum des questions qui agitent l'opinion publique quand une menace est avérée. Person Of Interest arrive ainsi à mêler plaisir et pointe de réflexion.
A conseiller.
End of transmission.