Quand la romance Made in Paris s’embourbe dans les stéréotypes et les quiproquos

Plan Cœur, la comédie romantique française de Netflix sortie en 2018, nous propose une intrigue de départ presque digne d’un vaudeville moderne : Elsa, trentenaire au cœur brisé et incapable d’oublier son ex, est secrètement casée par ses amies avec un escort masculin dans l’espoir de la faire revivre. Le plan est simple, mais, comme on pouvait s’y attendre, il ne se déroule pas sans accroc et dérape vite dans des complications sentimentales. Si l’idée de base prête à sourire, Plan Cœur peine à décoller et finit par enchaîner des situations attendues plus qu’elle ne surprend.

Elsa, notre héroïne, est censée incarner la "fille normale" que l’on veut voir réussir, mais elle tombe souvent dans le cliché de la Parisienne un peu névrosée, incapable de tourner la page de son ex. Certes, l’objectif est de la rendre attachante et touchante, mais ses réactions sont si prévisibles que ses dilemmes finissent par manquer d’originalité. Quant à ses amies, Charlotte et Emilie, elles sont tout aussi stéréotypées : l’une est la meilleure copine sans filtre, l’autre est la "maman" du groupe, un cocktail que l’on retrouve déjà dans bien des séries romantiques, sans grande surprise ici.

Quant à Jules, le fameux escort, il est évidemment plus beau gosse que réaliste, et son personnage manque cruellement de profondeur. Le charme qu’il est censé opérer se limite souvent à des regards charmeurs et à quelques traits d’humour. On aurait aimé que Plan Cœur explore un peu plus son histoire, son dilemme, ou sa propre vision de la romance, mais la série choisit de le laisser flotter dans la catégorie du "beau brun mystérieux" sans se soucier de son développement.

Le plus grand défaut de Plan Cœur, c’est sans doute son scénario qui, au lieu de jouer avec la complexité des relations amoureuses, s’enlise dans une succession de malentendus et de quiproquos aussi forcés que répétitifs. La révélation de l’escroquerie amicale met du temps à éclater, et lorsque cela arrive, les réactions sont plus théâtrales que touchantes. La série semble croire que ces complications suffiront à captiver le spectateur, mais elles finissent par créer un effet de lassitude : on devine facilement les retournements à venir, et l’intrigue perd de sa saveur.

Les dialogues, censés être vifs et drôles, tombent parfois à plat, oscillant entre l’humour facile et les phrases clichées sur l’amour. Au lieu de nous plonger dans des échanges authentiques, Plan Cœur se contente souvent de lignes de comédie romantique qui manquent de spontanéité. La série voudrait capturer l’essence de la comédie à la française, mais elle finit par se noyer dans des dialogues un peu trop écrits pour son propre bien.

Visuellement, la série nous offre une carte postale de Paris, entre cafés charmants, rues pittoresques et appartements bien décorés, mais cette esthétique soignée donne parfois plus l’impression de parcourir un magazine de décoration que de suivre des personnages ancrés dans la réalité. Le décor devient presque un personnage à lui seul, attirant l’attention plus que l’histoire d’amour elle-même, comme si la série misait sur la "magie de Paris" pour compenser ses faiblesses narratives.

En résumé, Plan Cœur est une série qui veut être charmante et légère, mais qui tombe trop souvent dans les pièges de la comédie romantique facile et prévisible. Les personnages stéréotypés, les quiproquos incessants et l’intrigue sans surprise donnent l’impression d’un "plan" bien orchestré mais sans réel cœur. Pour ceux qui espéraient une vraie comédie romantique piquante à la française, la série risque de paraître aussi fade qu’un café tiède en terrasse.