Je vous ai déjà parlé du dernier carré de chocolat. Celui après lequel il ne faut rien reprendre car on veut garder en bouche la saveur, la texture, le côté doux amer, presque trop.
Je vous ai déjà parlé de la glace à la vanille, celle que l'on savoure avec délice, comme un petit plaisir, celle qui nous met de bonne humeur, à tel point qu'on en reprendrait bien une deuxième, juste après.
Je vous ai même déjà parlé du chou, avec tous ces souvenirs qui remontent toujours quand j'en mange, car le chou c'est ma madeleine, une nostalgie par laquelle on se laisse porter et qui ramène toujours à l'enfance.
Please like me, c'est l'histoire de Josh qui se fait larguer par sa copine, une des raisons invoquées étant qu'elle pense qu'il est gay. Et d'ailleurs, le jour même, Josh se retrouve à embrasser un garçon. Puis à se rendre à l'hôpital car sa mère vient de faire une tentative de suicide.
Ah oui, je précise, Please like me est une série comique.
Une série qui jongle adroitement entre le drame et la comédie. Même les moments tragiques deviennent drôles grâce à l'écriture fine qui fait ressortir l'absurdité de certaines situations. Josh est caricatural, l'acteur a un pouvoir comique impressionnant pour peu que l'on y soit sensible. Il est aussi terriblement normal, pas spécialement beau, maladroit, il ne réagit pas toujours de la manière idéale, parle trop vite, est spontané, franc - trop. Et l'on se retrouve en lui, dans tous ses petits défauts et c'est sans doute pour ça qu'on s'attache.
C'est une série bavarde qui sait se taire pour savourer les instants ou souligner un moment d'émotion puis repartir pour nous faire rire juste après. C'est un peu la vraie vie, avec ses hauts et ses bas, ses conversations absurdes et ses délires entre amis. C'est juste, et c'est touchant. Les intrigues sont celles de la vraie vie, je ne dirai pas banales car quand on vit quelque chose ce n'est jamais banal pour nous. Josh ne choisit pas toujours le chemin le plus simple, il subit parfois aussi la vie des autres de plein fouet, il se débat avec les moyens du bord pour continuer à avancer, de préférence en riant.
Josh Thomas - scénariste et acteur principal - vient d'annoncer la fin de la série et même si on voudrait toujours un peu plus d'épisodes, je trouve qu'il est arrivé à une jolie conclusion, je n'en dirai pas plus pour ne pas spoiler.
Mention spéciale à l'épisode 2.07, un épisode sans artifices porté seulement par Josh Thomas et Debra Lawrance, seuls acteurs à l'écran pendant 25 minutes, un des meilleurs selon moi, qui pousse l'exploration d'une relation parent-enfant quand on ne sait plus bien lequel des deux est là pour s'occuper de l'autre.
Je voulais vous parler du générique aussi. Cette musique entraînante, toujours la même - un vrai générique, quoi, on n'en voit plus si souvent - mais jamais les mêmes images. Le générique, c'est un peu comme si Josh avait allumé la radio et faisait ses courses sur cette chanson dans un épisode, préparait le petit déjeuner en dansant en rythme dans un suivant, s'amusait en boîte dans un autre. Cette musique que l'on attend et qui nous emporte en douceur dans l'univers de Please like me, totalement intégrée à l'histoire.
Et voilà comment je subis actuellement le syndrome de la profiterole. On a le chou avec le côté tendre de ce personnage dans la vingtaine qui ne veut pas toujours sortir de l'enfance car le monde des adultes est parfois trop violent, capable pourtant de prendre ses responsabilités. On a la vanille car malgré certains passages difficile on ressort toujours d'un épisode avec le sourire, une envie d'en reprendre un peu, par gourmandise. Et le chocolat, cette écriture fine, douce amère, les répliques et les situations qui marquent, qui restent en mémoire, après lesquelles d'autres choses ont moins de saveur.
Jamais je n'avais regardé une série deux fois de suite. De suite, vraiment sans pause. Seule, pas avec comme prétexte "mais si, Mister Nomé, ça peut te plaire, on regarde ensemble". Alors je ne saurais pas vous dire si c'est juste moi, parce que moi la profiterole c'est mon dessert préféré mais peut-être pas le vôtre, peut-être que vous le trouverez trop sucré, ou que ça manquera de chocolat, que les ingrédients ne se mélangent pas bien, je n'en sais rien.
Le syndrome de la profiterole, ça ne s'explique pas vraiment.