Je n’ai pas pu m’empêcher de me jeter sur cette ultime saison avec le même enthousiasme que les quatre premières. J’aime l’esprit de cette série par le récit d’une société réduite de Cornouailles, une sorte de huit-clos, du moins dans les deux ou trois premières saisons. L’arrivée à Londres de Ross offre une vue plus générale et politique de la période, étirant ainsi le récit d’une manière intelligente. L’ensemble est complexe et prenant, une peinture assez complète et réaliste malgré, il est vrai, un biais parfois romantisé et niais, un peu cliché, à l’image des plans dramatiques des falaises tortueuses de Cornouailles desquelles Ross observe désespérément l’horizon…
Le casting est parfait, que cela soit pour les personnages principaux ou secondaires. Ils donnent une singularité, un réalisme aux personnages qui ont leur propre progression. George Warleggan est le personnage le plus intéressant à mon sens par sa progression au sein de l’intrigue. J’ai même l’impression qu’il devient le personnage principal de la dernière saison au détriment de Ross dont on se lasse peut-être de ses élans humanistes et nobles, prévisibles, bien que caractéristiques. Ses nombreuses mésaventures rocambolesques, dont il sort indemne, interrogent si le récit ne tient pas davantage du conte ou de la légende. Ross incarne le héros par excellence (malgré la volonté manifeste d’en avoir fait un personnage imparfait, rebelle et humain, digne du mythique anti-héros) par le fait que les personnages arrivent difficilement à s’émanciper et à vivre des intrigues parallèles dont il est exclu complètement (à l’image de George qui, bien qu’étranger à ses affaires, retombe systématiquement dessus).
Tout n’est pas bon, certains points sont questionnables mais demeurent mineurs. La globalité de la série reste une merveille à mes yeux. Les nombreuses intrigues et personnages se mêlent progressivement au récit, transformant la série en un melting-pot fourmillant au fil d’une progression qui se fait, au niveau de la temporalité et de l’échelle, de manière probable et humaine.