Poldark est un drame romancé et historique dépeignant les moeurs champêtres, les élans amoureux et la lutte des classes dans les Cornouailles du fin 18è. À ce titre, les plans des vastes plaines, du littoral frappé par les flots, des modestes villages ruraux et des riches bâtisses bourgeoises sont somptueux. En outre, les compositions musicales aux airs celtes et à forte dominance du violon sont si mélodieuses qu'elles ravissent les oreilles. Tout cela participe aisément à l'immersion du spectateur.
La narration est fluide et raffinée, adaptée au contexte et aux statuts sociaux, les répliques sont finement choisies, toujours dites avec soin, ce qui en fait une série agréable à écouter. Il y a un très bel effort d'écriture, c’est comme lire paisiblement un bon livre de chevet. J'en veux pour preuve l'expression des sentiments amoureux, les discours passionnés de Ross, le ton mordant de Caroline ou encore la rhétorique envenimée de Georges.
Mention d'ailleurs pour Ross, protagoniste impulsif mais magnanime, très fier et aimant, et dont la sincère lutte de justice pour les basses classes, dont il ne fait pas partie, font de lui un chantre fort attachant. Également pour Demelza qui, loin d'être godiche, nous offre un portrait authentique et saisissant qui jure avec l'ascenseur social dont elle bénéficiera. Leur romance est riche d'une sincérité et d'une alchimie qui ne laisse certainement pas insensible, voire qui rend fleur bleue ! J'étais complètement happé par les épreuves qui ont mis à mal leur couple durant la saison 2 (l'infidélité de Ross aux lourdes conséquences, et la façon dont elle s'est senti trahie, et lui contrit).
En amour, la série n'est d'ailleurs pas si prévisible qu'on aurait pu le croire. Ross et Elizabeth ne terminent et ne termineront jamais ensemble ; Ross grandira par son mariage avec Demelza, épris de sa domestique au détriment d'Elizabeth qui finira aux bras de Georges (était-ce qu'un pis-aller ?) ; Elizabeth meurt prématurément et tragiquement (quel choc !). Je n'ai pas autant apprécié Elizabeth mais je suis navré à l'idée de penser que contrairement à Ross, et même si les deux étaient chacun pour l'autre premiers amours, elle ait enchainé deux romances plus infructueuses, moins sincères que Ross avec Demelza, alors qu'elle était promis à lui, pour que finalement, elle perde tout.
Seul bémol à cette série c'est qu'elle souffre d'un manque d’action parfois, et pire d'un manque d'enjeux : certains personnages plus ou moins secondaires, bien qu'appréciés (Caroline, Morwenna, Enys), tardent à gagner en intensité, peinent à avoir un rôle dépassant celui du bien-aimé, multipliant ainsi des romances peu ou proue équivalentes, alors qu'il aurait été profitable qu'ils aient au contraire un rôle plus marqué et moins superficiel dans l'intrigue.