Malgré un amour dévorant pour les films fous et déjantés des ZAZ, ce trio de réalisateurs et de scénaristes hilarants, j’ai longtemps vécu dans l’ignorance que la trilogie des films « Y a t’il un flic pour... » avait été précédée par une série télévisée diffusée en 1982 sur le réseau ABC.
Et après avoir vu la série puis le premier film, je suis chagrin : je ne pourrais plus jamais autant aimer les films qu’avant.
Car la série, c’est le cran au-dessus. Toujours autant de gags, de jeux de mots, de situations absurdes. C’est parfois fin, d’autres fois plus évident, mais le plus souvent très surprenant. Le film qui en suivra a au moins le bon goût de ne pas reprendre trop de gags de la série, mais il pêche dans son humour par deux éléments : quelques plaisanteries méchantes, qui ont pour but de se moquer de catégories de personnes et de l’humour un peu plus bas de la ceinture, pour plaire à tous.
J’ajouterais même que le fait qu’avoir fait de Frank Drebin un super flic est une erreur car il rend le personnage plus distant, moins proche de nous, malgré toute l’absurdité du monde de Police Squad. Car dans la série, c’est pour mieux parler d’affaires de polices plus simples, qui sont autant de clichés de la série policière : le meurtre camouflé, la corruption de sportifs, le faux suicide, etc. Et leur résolution passe par un grand nombre de situations incroyables, de plaisanteries légères, toujours assénées avec le plus grand des sérieux.
Est-ce que j’ai déjà dit à quel point la série était drôle ? Dès le générique d’ailleurs, avec un acteur crédité qui n’apparaît que dans celui-ci, un guest qui meurt toujours pendant celui-ci et donc qu’on ne retrouve pas pendant l’épisode, et chaque épisode a deux titres : celui écrit, et celui prononcé par la voix off. Dès le générique, on est conquis, Police Squad se moque des habitudes télévisuelles avec un grand sourire. Le reste des épisodes démontre que l’humour ne s’essoufflera pas.
Mais, hélas, ô grand hélas, la série a fait un flop retentissant, annulée au bout de six épisodes. Je reprends l’explication de cet échec telle que l’évoque Leslie Nielsen dans le coffret DVD, Police Squad (TV) n’a pas marché car il fallait la suivre. Non seulement elle était trop atypique pour le marché mais c’est aussi une époque où la télévision servait de fonds sonore, où les séries étaient suivies négligemment. Bien qu’on puisse trouver quelques contre-exemples, elles étaient malgré tout des produits de consommation, sans la recherche artistique qu’il peut y avoir maintenant. Police Squad misait sur l’attention et sur un humour plus fin du téléspectateur, bref, sur son intelligence, c’était sans doute un peu tôt pour ça.
L’avantage qu’on peut y retirer, c’est que la série n’a pas eu le temps de s’essouffler. Mais on aurait bien aimé en reprendre un peu. En six épisodes, elle reste d’une grande qualité, incroyablement drôle et d’une grande constance, quand d’autres ont parfois besoin d’une saison pour s’élancer. Tout le génie des ZAZ est là.