On aura vu peu d'animes de la trempe de Princess Jellyfish ! Du moins, pas aussi moderne, drôle et innovant. Oubliez tout ce que vous pensez savoir du josei, cette adaptation du manga de Akiko HIGASHIMURA chamboule tout sur son passage, mais avec classe s'il vous plait !
Prenez le milieu de la mode, une poignée de filles larguées en société, un politicien effarouché et un travesti, mélangez bien et vous obtiendrez un ovni appelé Princess Jellyfish. On y suit la vie de Tsukimi, une jeune fille "amoureuse" de méduses. Vie qui va être totalement bousculée, ainsi que celles de ses amies colocataires, par l'arrivée de Kuranosuke, un jeune homme aimant se travestir et ayant bien l'intention de les faire sortir de leur coquille. S'ensuit quantité d'événements un peu fous, un peu ridicules, mais transpirant surtout une joie de vivre extrêmement communicative. On aurait presque l'impression de faire partie de cette petite famille, malgré toutes leurs excentricités, puisque, au fond, on peut quand même se reconnaître dans une certaine mesure derrière ses fans passionnées. En seulement onze épisodes, l'anime ne peut pas se permettre de partir trop loin, mais le rythme reste très bien géré. Difficile de le lâcher des yeux et de l'esprit !
Avant de penser au défilé de mode qui clôt cette brève introduction au manga, et derrière son humour plein de vitalité, Princess Jellyfish sait quand même placer quelques messages avec subtilité. Car, avant d'être une comédie romantique comme on en voit beaucoup, l'oeuvre place aussi son petit grain de sel sur les apparences et la position qu'elle occupe dans une société aussi futile que la notre. Les "nonnes" comme se nomment les héroïnes, n'osent en effet pas sortir de chez elles, de crainte d'être confrontées au regard des autres. Une critique que l'auteure semble régler avec l'arrivée de Kuranosuke, qui apprends à chacune qu'il faut s'aimer comme on est et qu'avec un peu d'efforts, tout peut-être résolu. On ne fonce toutefois pas dans la facilité ni dans une idyllique niaiserie : l'anime reste réaliste et n'oublie pas, qu'à ce jour, une bonne apparence reste la clé de toute entreprise. C'est aussi, de mémoire, la première fois qu'un personnage masculin se travestissant apparaît, sans une pointe de moquerie, dans un anime tout public. A ce stade, cela ne reste qu'une ébauche et sa situation est souvent utilisée à titre comique, mais quand même. Et, au diable les clichés ! Kuranosuke reste hétéro tout en se passionnant pour la mode : la mangaka tord le cou aux stéréotypes ridicules qui sévissent avec ce genre de thème.
Cela n'empêche pas à l'humour de s'inviter dans la partie, comme je l'ai déjà dit plus haut. On se bidonne d'une grande force avec l'anime, qui exploite à fond les caractéristiques particulières des protagonistes. En revanche, bien que le matériel d'origine soit un josei, ne vous attendez pas à une romance trop présente. Ici, cela reste très esquissé, le spectateur n'ayant en main que les grandes lignes de ce qui devrait donner naissance, par la suite, à un triangle amoureux entre l'héroïne et les deux frères Koibuchi. Et c'est là que les lecteurs confirmés me diront : une raison de plus pour s'attaquer au manga.
Mais cela n'entrave pas l'amour que j'ai eu pour les héros avec cette simple adaptation. Tsugumi est une jeune fille un peu comme chacun de nous, timide et peu sûre d'elle alors qu'elle a toutes les cartes en main pour réussir. C'est une héroïne très plaisante à suivre, parce que l'on sait qu'elle finira par évoluer d'une jolie manière. Ses réactions de fangirl sont également hilarantes ! A ses côtés, Kuranosuke est un personnage léger, mais qui cache surement plus que l'on ne croit. Pour autant, il se montre comme quelqu'un de confiance, toujours prêt à aider tout en ayant son petit caractère. Il devrait, lui aussi, être très intéressant à suivre sur la durée. Les autres personnages sont davantage utilisés pour un ressort humoristique... Et ils le font bien ! Entre Shu, le trentenaire puceau (et très adorable), Inari la femme d'affaires véreuse, Banba, la fana de trains, Chieko l'otaku des poupées, Jiji l'adepte des hommes d'âge mur, Mayaya et ses sagas historiques et même... Clara la méduse, tous ont un caractère extrêmement singulier, voire grotesque, mais sont aussi bien hilarants ! Chaque personnage est plaisant à suivre et cela reste un déchirement que de les quitter.
Le graphisme donné par Brain's Base à cette adaptation est pop et dans l'air du temps. Très moderne dans ses choix vestimentaires aussi bien que dans le parlé (c'est en tout cas le cas de la traduction), le studio a parfaitement capté l'essence dynamique de l'oeuvre, sans passer, fort heureusement, par la case roses et paillettes, qui n'aurait pas du tout convenu aux personnages. Un vrai délice d'animation !
Délicieusement décalé, tout en étant parfaitement dans l'air du temps, c'est un paradoxe que remplit avec succès l'adaptation de Princess Jellyfish ! Il vise juste nos cœurs de fans passionnés, tout en développant une réflexion pertinente sur les apparences. Préparez-vous à adorer ses personnages aussi délurés qu'attachants !