Quarry
7.5
Quarry

Série Cinemax (2016)

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Putain de Vietnam... Et son imagerie d'enfer moite sous LSD. Comme une carte postale déchiquetée en milles morceaux et jetée sous la rasade d'une déflagration au napalm sur la canopée.
Vous pouvez d'ores et déjà troquer cette image d'Épinal qui sent le souffre et la Valkyrie tonitruée par les enceintes de la mort. Quarry rembarre dès l'entame du pilote, l'apocalypse malsain pour décupler froidement l'après de la sale guerre. Tout juste vous aurez droit à un plan-séquence dantesque qui, croyez-le bien, ne tremble pas de la comparaison avec les œuvres majeures sur le Vietnam. Une scène extrême. Dans un foutu village. À Quan Thang.


Mais Le bourbier est dans la série intérieur, dans la tête de notre héros: le marine Quarry. Il est comme empêtré dans les rizières de son destin. Déjà qu'il en à reçut plein sa gueule là-bas, il fut fraîchement accueilli a son retour.



Welcome home boys ! La patrie salue votre effort de guerre,
mais n'en pipez mot surtout,
laissez votre bordel là où il est.
La réintégration mon garçon !
Vos saloperies chez les bridés, on en a eut vent,
et c'est pas joli joli, donc tu profiles droit vers le sol
et tu recommences ta vie comme avant.
America needs you !



Parce que le Vietnam n'attire plus que les foules hostiles dans les charts de l'information. L'opinion publique a subitement retourné sa veste: L'indignation généralisée pour ces soldats de la honte.
Les moralistes de salon ont succédé aux Vietcongs. Les slogans assassins aux balles perdues. L'enlisement à la guerre en marche.
Les journalistes, de concert avec les politicards planqués, affublés de hippies qui protestent, tirent à boulets rouges sur ces rapatriés. S'ils ont miraculeusement échappés aux balles dans la jungle, la société, elle, ne loupe jamais sa cible.


Alors Quarry il répond de la seule manière possible, vu que les opportunités s'amenuisent, qu'ils ne daignent pas lui accorder une quelconque miséricorde, que sa gueule de torturé ne leur reviennent pas des masses, il va encore une fois tâter du calibre. Pas pour flinguer le communiste, mais pour nettoyer les rues des raclures made in USA. Voilà l'avenir radieux et promis: devenir tueur à gage, pour un mystérieux commanditaire. Il va jouer son porte-flingue attitré et descendre l'une après l'autre les têtes prohibées sur son carnet de commande. Empocher le magot, synonyme de sa survie dans ce pays qui ne lui veut plus que du mal. Il a changé de décors, mais pas de travail.


La série joue à l'épure tout le long des épisodes. Rien de clinquant, aucun rebondissement maladroit pour faire avancer l'intrigue. Une fois le postulat énoncé, le but sera de retrouver ce parfum sulfureux de l'Amérique du début des 70's, égrainé petit à petit, par divers détails réalistes savamment mis en scène. La voix mélancolique d'Otis Redding, les discours télévisuels d'un Nixon sirupeux et bien sûr les tensions raciales exacerbées depuis la mort de Luther King. Ces témoins viennent compléter la reconstitution hyper bien chiadée de la façade fragmentée d'une Amérique dissonante.


Depuis plusieurs années maintenant, les séries semblent s'être appropriés les codes du Cinéma pour raconter leurs histoires. Terminé le sempiternel langage multiplié sur toute une saison. À coups d'action-résolution, de manière mécanique et assommante. Comme Ces fameux cliffhangers, des climax artificiels qui montent la sauce dans la dernière minute, juste histoire de te donner envie de voir le prochain épisode. Quarry n'a cure de cette recette. Épisodes après épisodes, au nombre de huit au total, il monte en grade, chaque plans, chaque scènes, échauffe une tension palpable, un monstre qui sommeille mais qui rôde, à l'affût, brûlant d'envie d'exploser.


À l'accumulation de pétards mouillés, Quarry préfère distiller avec parcimonie ses effets de styles qui claquent. Tout est dans la maîtrise, la combustion longue mais ardente. Un fil conducteur intense, indice d'une conflagration à venir, que même la piscine sans fond du jardin de Quarry ne semble pouvoir refroidir.

Liverbird
8
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le 6 déc. 2016

Critique lue 2.3K fois

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