Il y a-t-il un frontière?
J'avoue, une série scandinave qui passe sur Arte le soir, on n'a pas forcément envie de se jeter dessus.
J'ai regardé les premiers épisodes avec appréhension. J'avais raison d'avoir peur, j'ai voulu arrêter de regarder dès le premier épisode : toute cette histoire me mettait mal à l'aise. Le genre de malaise qui vous donne des frissons et qui vous fait mettre en pause toute les 5 minutes.
La série est vraiment bien. Les acteurs sont bons. Les personnages attachants et développés. Le scénario est intéressant et bien écrit, plein de rebondissements. Le montage est agréable. L'idée est géniale.
Mais chaque seconde de visionnage me renvoie à une question, surement l'une des questions les plus dérangeantes qu'une création visuelle ai pu poser : quelle est cette chose que j'ai en moi qui me définie comme humaine et qui, par son absence, définie ces humanoïdes comme des machines qui doivent alors me servir?
Est-ce ma capacité à prendre des décisions? Non, cette hubbot le fait aussi.
Est-ce mon libre arbitre? Non, ce même groupe de hubbot le fait.
Dans ce cas, ce doit être ma capacité d'empathie, à être gentille et amoureuse? Non plus.
Ma capacité à être cruelle alors? Ah tiens, un meurtre commis par un hubbot. Donc c'est pas ça.
Partons dans mes restes de Philosophie du Lycée... Serai-ce ma croyance en Dieu? L'épisode me prouve le contraire, un hubbot libre découvre sa foi.
Serai-ce l'imagination? La soeur du croyant imagine sa future maison, ce n'est pas ça.
Ma soif de Liberté et de Bonheur? Non voyons, s'ils se sont enfuis c'est justement parce qu'ils voulaient être libre.
Peut-être est ce plus biologique? C'est parce que je suis faite par d'autres êtres humains? Remarque, eux aussi, d'une certaine manière, ont été fait par d'autres êtres humains.
Ils ont un bouton stop! Oui, mais si on me frappe à l'arrière du crane, moi aussi je m'éteins.
Ils doivent se recharger! Oui, mais je dois manger, boire et dormir aussi.
Ils sont programmés! Oui, mais c'est une forme d'éducation et d'apprentissage aussi. Le groupe de Hubbot libre n'y est pas soumis, d'ailleurs.
A chaque fin d'épisode, je cherche un début de réponse. A chaque épisode suivant, mon idée est balayée et je m'enfonce et m'embrouille toujours plus. Où est la frontière entre eux et nous?
Et quand vous pensez avoir réussi à avaler et digérer tout ça, cet humain n'est pas tout à fait humain, c'est aussi un hubbot : le premier cyborg. Nouveau dilemme, encore plus de questions.
La série avance de plus en plus... Il y a-t-il vraiment une frontière?