« ReGenesis » est une série canadienne qui nous fait vivre les aventures des scientifiques du Norbac ((North American Biotechnology Advisory Commission) qui est un institut (fictif) créé conjointement par le Canada, le Mexique et les Etats-Unis, et situé à Toronto. Cet institut regroupe parmi les meilleurs scientifiques de leur domaine, et c'est à eux que l'on fait appel lorsque qu'un virus incontrôlable se retrouve dans la nature, ou bien quand il y a un problème de bio-terrorisme ou encore pour contrôler des médicaments potentiellement dangereux, en gros tout ce qui touche au domaine de la génétique, de la biologie et de la virologie, et plus si affinités.
Là on se dit : « Aïe, aïe, aïe, une série avec des scientifiques au milieu de leurs éprouvettes, ça va être un calvaire... » et bien pas du tout. La série arrive à allier avec succès la théorie et la pratique.
La théorie : avec aucune concession faite au spectateur, pas de simplification ni d'explication lourde pour faire comprendre des concepts scientifiques au final inutiles au spectateur. On ne comprend pas tous les termes scientifiques barbares utilisés, mais on saisit l'essentiel. Et ce que l'on gagne en rythme, on le gagne également en crédibilité. Et surtout, on évite le genre de scènes complètement ridicules, où un scientifique explique à un autre des concepts que les deux ont vu en première année de médecine.
Ensuite, la pratique : avec des intrigues passionnantes, rythmées et qui se résolvent comme des puzzles. Elles durent généralement deux à trois épisodes et s'entremêlent, se chevauchent de façon très fluides, parfois deux intrigues se suivent parallèlement. Et pour couronner le tout, il y a généralement une intrigue plus importante qui s'étire sur la saison entière, donnant à la série une grande densité.
La série propose aussi une galerie riche en personnages, avec en tête David Sandström, chef de l'équipe scientifique, qui est un brillant chercheur, mais surtout une grande gueule ne supportant pas l'autorité et porté sur la bouteille. Le reste de l'équipe est composé de personnages complexes en constante évolution auxquels on s'attache très vite.
Si la série est formellement très intéressante, le fond n'est pas oublié. La série traite avec brio de tous les enjeux liés à la science moderne. « ReGenesis » aborde, en vrac, la lutte contre les virus, le SIDA, le clonage, l'écologie, le rapport à la religion, le terrorisme, les problème liés à la génétique, les problèmes alimentaires, les grosses compagnies, la recherche militaire, l'influence politique et économique, les pressions liés à l'argent, les brevets...
Si certaines intrigues laissent rêveur quand aux possibilités que nous donne la science, plus souvent on frissonne quand aux possibles conséquences. La série montre de la même manière les bienfaits de la science et les dérives les plus complètes, la limite entre les deux pouvant être floue.
La série évite tout manichéisme et brouille les pistes. Si le terrorisme est abordé, ce n'est vraiment pas le cœur de la série, les comportements des industriels, des politiques ou des militaires sont bien plus inquiétants, ou plus basiquement, l'inconscience et l'incompétence de certains chercheurs.
Au final, la série parle essentiellement d'éthique et pose de nombreuses questions : comment faire les bons choix, comment exercer un contrôle quand la science devient à la portée de tous, comment aller contre les intérêts personnels, doit-on réguler plus drastiquement les recherches scientifiques et doit-on limiter le progrès ? Des questions qui seront au centre du procès fait la science lors du final de la série, un procès dont le verdict sera laissé au choix du spectateur.
« ReGenesis » est donc une série intelligente qui pousse à la réflexion, sans enfoncer des portes ouvertes. Bien scénarisée, bien réalisée et bien interprétée, on pourra seulement lui reprocher quelques tics de montage et de n'avoir su maintenir le niveau d'excellence de la saison 1. Bien peu par rapport à toutes ses qualités.
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