Revenge
5.8
Revenge

Série ABC (2011)

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Début septembre, l’air est frais, le teint est halé, et l’ambiance trop festive pour me rendre compte que les beaux jours sont derrière nous. Après le visionnage de quelques classiques personnels, The Wire, Mr Robot, Le Bureau des Légendes, Madame m’indique qu’il est temps que je découvre sa pépite à elle : Revenge.

Elle me décrit cette série comme une fiction proche du chef d’œuvre, avec une histoire haletante et une vengeance méticuleuse. Sur le principe, why not.

Premier épisode, je découvre donc la fabuleuse histoire d’Emilie Thorne, aka Amanda Clarke, aka la Mac Giver des Hampton. La chère Emilie a perdu son père dans sa jeunesse, victime d’un complot politicofinancier sous fond de terrorisme et de la figure machiavélique de la famille Grayson.

Ce premier épisode n’est pas franchement désagréable mais les ficelles paraissent déjà énormes, les personnages caricaturaux et la réalisation pour le moins quelconque.

Les épisodes de cette saison inaugurale passent avec des ficelles de plus en plus grosses, j’ai notamment en tête en point d’orgue cet épisode magistral ou Emilie et son grand ami Nolan Ross arnaquent un financier, proche de la famille Grayson qui voit l’ensemble de sa fortune partir en fumée après un placement. Via un tableau croisé dynamique digne du pack Office 95, nous comprenons que ce riche magnat vient de faire banqueroute grâce à un plan diabolique de la Largo Winch du 21ème siècle. C’est terriblement grossier, tout comme l’utilisation de l’outil numérique dans cette série, Nolan Ross étant une sorte de Einstein/Eliott Alderson capable de briser n’importe quelle barrière numérique et de pirater l’ensemble de la planète pour les besoins de la vengeance d’Emilie. C’est simple, dès qu’un ennemi d’Emilie utilise un ordinateur, il voit poper des images compromettantes contre lui ou des messages de menace venus d’une messagerie cachée.

La psychologie du hacker jet-setter Nolan est bien évidemment lunaire avec une sorte de PNJ capable uniquement d’exister pour aider Emilie. Sans qu’on comprenne réellement pourquoi, surtout avec cette saison 4 ou la personne (je ne vais pas vous spoiler ma critique de la saison 4) à l’origine de son engagement revient. Nolan fait partie des nombreux personnages secondaires ratés de cette série, auquel j’ajoute dans cette première saison la famille Porter. Jack & Declan perdent leur père au cours de cette saison mais se lèvent le lendemain comme si de rien n’était, aucune référence à leur chagrin ne sera évoqué sur le reste de cette saison par exemple.

La famille Grayson, famille tirée d’un mix entre Beverly Hills, les feux de l’amour et Succession (en -beaucoup- moins bien évidemment) est également plutôt ratée.

Victoria, antagoniste ultime d’Emilie est une connasse bourgeoise prête à tout pour faire chier la moindre personne qui se met en travers de son chemin, y compris les membres de sa famille. Elle boit du vin la moitié des épisodes mais garde évidemment sa ligne dans ses robes hors de prix.

Conrad Grayson est également un connard bourgeois travaillant dans la finance. Il est sans nuance, sans réelle aspérité, un simple cliché du connard de droite milliardaire.

Son fils Daniel est lui d’une bêtise affolante, un gars qui sans papa et maman aurait finit en fin de droit à l’agence France Travail locale mais qui peut se prendre pour un baron de l’entreprenariat via l’héritage. Les multiples soubresauts liés à ses histoires amoureuses sont pénibles avec un point d’orgue le retour de son ex, puis ses nouvelles histoires d'amour toutes plus bêtes les unes que les autres.

Charlotte est inutile, son amour puéril et inexplicable pour Declan n’est que longueur et bêtise mais c’est pourtant son « prime » dans la série tant son évolution dans les dernières saisons sera bâclée.

Sammy, le premier chien millénaire de l’humanité nous quitte malheureusement au cours de la saison non sans rapprocher nos deux tourtereaux Emilie et Jack.

On finit cette première saison péniblement vers octobre, les épisodes sont de plus en plus longs et les rebondissements de plus en plus redondants.


La saison 2 ne relance clairement pas l’intérêt du spectateur, d’autant qu’on rentre dans un schéma stéréotypé avec une saison qui démarre avec un flashforward ou l’on sait très bien qu’Emilie ne risque rien malgré le faux suspense narratif qu’essayent d’introduire les showrunners.

La relation entre Emilie et chacun des membres de la famille Grayson continue d’évoluer en fonction des intérêts foireux du plan de vengeance. Cette saison 2 introduit un nouveau faire valoir d’Emilie, le bon vieux Hayden et tente de nous faire comprendre l’origine dudit plan, notamment par le personnage de Takeda. C’est comme toujours d’un ridicule affolant. On sent que les scénaristes sont toujours en mode open bar avec une Emilie qui est invincible en combat, ultra forte en informatique, experte des investissements financiers, capable d’être en robe de gala puis 5 minutes après en mode infiltration.

Cette deuxième saison est malheureusement suivie d’une troisième (plus qu’une après me disais-je). Je ne sais pas trop quoi dire sur celle-ci. Elle est globalement très semblable aux deux précédentes, à ceci près que l’histoire de vengeance s’enfonce toujours plus dans l’incohérence d’un scénario que les showrunners semblent adaptés au fil de la saison avec des arcs narratifs abandonnés, d’autres totalement à côté de leurs pompes. Certains personnages importants finissent par mourir et l’homme derrière le rideau finit par revenir d’entre les morts. C’est d’ailleurs un des plus gros reproches que l’on peut faire à cette série : d’un point de vue narratif, chaque rebondissement sort de nulle part, nous n’avons jamais d’introduction progressive, d’indices qui concourent à l’introduction ou relance d’une intrigue ou d’un personnage. On a l’impression de subir une sorte de vidéo tiktok ou les scénaristes se sentent obligés de proposer un cliffhanger débile à chaque épisode ou coupure pub afin de faire revenir le spectateur.


La quatrième et dernière saison est celle de tous les dangers pour Emily qui avance désormais à visage démasqué. Les ficelles sont devenues des cordes de 3 mètres d’épaisseurs qui se répondent toutes les 10 minutes afin de proposer la réclame tant attendue et garder le client en haleine. Tous les 2 à 3 épisodes, Nolan, Emily ou Jack sont sur le point de mourir mais finissent par s’en sortir miraculeusement. Des sous-intrigues nous amènent de nouveaux personnages grotesques ou font revenir d’entre les morts des personnages qu’on était content d’avoir oublié (mention spéciale au personnage de Mason). On se rapproche tout de même de l’épilogue après 5 mois intensifs de visionnages.

Le dernier épisode nous régale évidemment avec une évasion d’une prison haute sécurité qui renvoie Michael Scofield à ses tatouages, une conclusion heureuse entre Jack et Amanda, la référence au bon vieux millénaire Sammy, et la réponse à cette énigme de la phrase de Confucius, afin d’avoir un petit côté grandiloquent dans cette série, un peu comme les débuts/fins d’épisodes des Frères Scott.

On ressort de cette expérience Revenge en étant éreinté d’avoir visionné une sorte de publicité des Républicains à un rythme effréné et abrutissant.


Christophe_Mrr
3
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le 15 oct. 2024

Critique lue 13 fois

Christophe Mrr

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