C'est dingue comme perdre une journée de ta vie dans ton lit à comater parce que les Cheeses dans ton ventre s'amusent en une tournante du diable avec ton œsophage, c'est dingue disais-je, comme on peut à la fois se tordre de douleur et se marrer comme un orang-outan cherchant sa teub dans la forêt de ses poils pubiens. Récemment j'ai vécu ce genre d'épiphanie tout en gardant bien chaudement l'impression de décéder, enseveli sous une montagne de fluides et de rejets corporaux. On va pas se mentir, j'étais dans l'ambiance pour mater Rick et Morty !
Quand je chope un truc ou que je digère pas tel autre truc, tu vois, ça dure jamais plus d'un jour. Par contre je sais que pendant la fatidique journée je vais dérouiller. Alors j'enfile mon costume du Dude avec mon long peignoir, troque mon pourtant si cher White Russian pour du Coca battu et enchaîne épisodes sur épisodes quand je ne regarde pas de la merde filmique en boîte pour m'éviter d'être trop réceptif aux manifestations de mon corps.
Je lance Netflix et commence à me taper les deux saisons disponibles sans, au final, avoir jamais vraiment su de quoi ça causait. Dans ma tête pour me le rappeler il y avait quelques racontars de copains m'instiguant d'absolument la voir cette série tout comme un billet du Kannibal, ma foi, fort alléchant.
Alors, alors synopsis, synopsisons. Morty est un gamin de quatorze piges et comme tous les gamins de quatorze piges, Morty ne pense qu'à dégorger le poireau et ne surtout pas aller s'emmerder avec ses vieux. Les générations font bien leur travail de refoulement et si les parents de Morty comme sa sœur aînée ne lui apportent rien de plus qu'une ou deux parties de Yahtzee et de la limonade, c'est en Rick, le grand-père maternel, que Morty va trouver un mentor. Rick est un sale con terriblement intelligent, un scientifique. Et comme tous les sales cons intelligents et scientifiques de sitcoms, Rick est inventeur. Il bidouille deux trois saloperies et il t'en fait un condensateur ionique capable de détruire l'espace et le temps. Ayant besoin d'un larbin à qui beugler ses insanités entre deux rots, Rick emmènera Morty dans ses aventures dimensionnelles, spatiales et rocambolesques...
Dès les premiers instants je déchante quelques peu. Les graphismes semblent aussi beau qu'une dissection aortique mais je tiens, je vais m'y faire à ce style minimaliste. Quel con j'ai été... Rick et Morty, moche ? Mais j'ai de la chiasse dans les mirettes ma parole ! C'est que je n'avais pas encore croisé ces arrières plans exotiques de taré tout comme je n'avais pas perçu la stupéfiante évolution technique de la série. L'animation est sans égale, mêlant une apparente simplicité pour te surprendre avec un imaginaire foncièrement délirant et ambitieux où gore et magnificence s'allient pour accoucher d'un enfant, à moitié débile certes, mais terriblement attachant.
Les grands thèmes de la SF sont dépeints tout comme les références à la pop culture pleuvent en arrosant le spectateur et lui provoquent le plus gratifiant des rires gras. Alors évidemment tout n'est pas des plus fins et si quelqu'un venait regarder cinq secondes la série par-dessus ton épaule, il te dirait que c'est juste un gros délire, que c'est du American Dad et sans plus. Là je dis non, je hurle non ! Ok, Rick et Morty c'est parfois d'une splendide bêtise, le genre que te fais plaisir en t'affirmant que, non, on peut encore innover, South Park et les Simpsons n'ont pas déjà tout fait, loin de là. Au delà de tout cet amas indescriptible, plus d'un moment s'avère réellement saisissant comme émouvant. Je pense notamment à cet épisode où Rick apporte aux siens un casque capable de montrer ce que font nos doubles dans les dimensions parallèles. Si le propos semble d'emblée tragi-comique, il finit en apothéose avec une justesse toute trouvée.
Sans conteste l'une des séries les plus marquantes de ces dix dernières années. Sept heures pour les visionner tous et dans le plaisir les lier.