Rise met en avant un groupe d’adolescent du club de théâtre d’un lycée et le metteur en scène, M. Mazzuchelli. Cette année il décide de les faire jouer une comédie musicale controversée, « Spring Awakening ». Toute la première saison traite de la mise en place de cette comédie musicale, se terminant sur la représentation. Pour autant, cette pièce est une toile de fond de l’histoire, qui sert à ébranler les personnages, qui agit comme un miroir de leurs propres problématiques, qui finit par prendre toute son ampleur, devenant le point d’orgue de la série, dans un final juste et touchant.
Ce qui fait donc la richesse même de cette série ce n’est pas que cette pièce. Ce sont les personnages et les thématiques abordées. Car la série semble ne rien se refuser, mettant en scène des personnages complexes, qui sortent des stéréotypes de ce type d’œuvre, leur accolant des intrigues, des questionnements profonds, qui les rendent vivants et touchants. Ainsi Rise parle de la difficile relation parents/enfants à l’adolescence, en multipliant les points de vus (divorce des parents, parent célibataire, parents de substitutions, manque de communication, peur d’être rejeté…). Elle traite aussi de l’homosexualité, de la transidentité, de l’alcoolisme, de l’avortement, de l’abandon, de l’ambition, etc. Tant de sujets qui nécessite aussi un casting large et peut ainsi rendre le discours inaudible. Pourtant il n’en est rien, car la réussite de la série c’est de tout aborder, sans prioriser les histoires, en disséminant les scènes tout au long de la saison, ne donnant ainsi jamais l’impression de nous asphyxier par une histoire trop lourde. Ce n’est pas pour autant que la série n’aborde pas avec justesse et sérieux ces histoires, mais justement elle choisit toujours adéquatement ses scènes, qui ne sont jamais superflue, nous laissant parfois imaginer celles qui auraient pu y avoir entre.
Ce qui est aussi largement appréciable dans Rise c’est la façon dont nous avons l’impression d’arriver à un instant T de la vie des gens, mais qui, eux, ont vécu avant et vivront après cette série. Par exemple nous apprenons au milieu de la saison que Sacha a été amie avec Michaël, bien avant la série. Ils ne se sont jamais parlé jusqu’ici parce qu’ils ne se parlent plus, mais lorsqu’ils le font au détour d’un couloir, la série n’a pas besoin de tout nous expliquer, on comprend instantanément ce qu’il en est et ce qu’il y a bien pu se passer. Cette forme d’ailleurs permet finalement de plus accepter que la série ait été annulée à l’issu de sa première saison. En effet, même si d’une certaine façon on sent dans le final que certaines choses ont largement avancés pour les personnages et que cela embrasse même une forme de conclusion, on sait que de nouvelles portes s’ouvrent et que les personnages les vivront après la série, comme ils l’ont vécu avant.
Même si je considère que « Spring Awakening » n’est qu’une toile de fond, qui sert à bousculer les personnages, il n’en demeure pas moins qu’elle est aussi un vrai sujet de la série. Car sa mise en place montre à quel point les œuvres existent pour traiter de sujet important, qui sert à questionner notre société et a une volonté de faire bouger les lignes, d’une certaine manière. Rise défend bien haut la nécessité de traiter de sujet important, au risque d’ébranler et de pousser dans des retranchements, des gens qui ne veulent pas se questionner sur le monde qu’ils vivent. Le final de Rise est ainsi un appel à lutter contre la censure et l’autocensure, notamment dans une Amérique puritaine de plus en plus influente.
Rise, même si elle a été annulée à l’issu de sa première saison, reste une série que je conseille de voir. Déjà parce que la première saison se suffit largement à elle-même, concluant parfaitement la mise en place de comédie musicale et une partie des « intrigues ». C’est une série juste, très réaliste, qui brosse le portrait d’une petite ville désespérée, touchée par le chômage. De ces jeunes qui veulent encore croire à leurs idéaux, alors même qu’ils sont constamment rattraper par la dureté de leur vie, de leurs sentiments. Et avec eux, on a envie d’y croire, le temps d’une représentation.