Room 104, c’est un peu comme si tu ouvrais une boîte de chocolats, sauf qu’au lieu de tomber sur des pralines délicieuses, tu risques de croquer dans une étrange confiture de cornichon. Avec chaque épisode, tu ne sais jamais vraiment à quoi t’attendre, et c’est à la fois son plus grand atout… et son plus grand défaut. Cette série anthologique te transporte dans la même chambre d’hôtel, mais à chaque épisode, c’est une nouvelle histoire, un nouveau genre, et une nouvelle ambiance. Bref, Room 104, c’est le rendez-vous hebdomadaire avec l’imprévisible, pour le meilleur comme pour le pire.
L’idée de départ est plutôt séduisante : une seule chambre, des histoires multiples. Chaque épisode dure environ 30 minutes et t’embarque dans des univers différents, qui peuvent être drôles, étranges, angoissants, voire carrément déroutants. Tu peux passer d’un thriller psychologique intense à une comédie absurde en un clin d'œil, puis basculer dans l’horreur pure sans avoir eu le temps de souffler. Le hic, c’est que dans cette immense loterie créative, tout ne fonctionne pas toujours. C’est un peu comme si tu changeais de chaîne de télé sans jamais savoir si tu vas tomber sur un film d’auteur ou sur un téléfilm cheap des années 90.
Le plus gros problème de Room 104, c’est cette irrégularité. Certains épisodes te prennent aux tripes et te laissent avec une réflexion sur la condition humaine ou une ambiance pesante qui te hante bien après le générique de fin. Et puis, il y a les autres épisodes. Ceux qui te laissent aussi perplexe qu’un dimanche pluvieux sans Wi-Fi. Des histoires où tu te demandes si les scénaristes n’ont pas eux-mêmes été enfermés dans la chambre 104 pendant trop longtemps, essayant désespérément de trouver une fin, ou même un début, qui aurait du sens.
Prenons un exemple : tu peux avoir un épisode fascinant, comme celui qui explore les limites de la réalité ou les peurs humaines, avec des dialogues profonds et une ambiance travaillée. Et puis, l’épisode suivant, tu te retrouves devant une danse contemporaine sous acide qui semble avoir été tournée lors d’un mauvais trip psychédélique (véridique, il y a un épisode comme ça). C’est frustrant, parce que chaque fois que tu crois tenir quelque chose d’intéressant, la série te fait un croche-pied avec un épisode complètement déconnecté ou bâclé.
La chambre elle-même, même si elle est censée être le seul fil conducteur de la série, est souvent reléguée à un simple décor. C’est presque décevant, parce qu’on aurait pu espérer que cet endroit mystérieux, où tant d’histoires se déroulent, finisse par avoir sa propre personnalité, ou même un rôle clé dans les récits. Mais non. La chambre 104 reste un lieu de passage où tout et n'importe quoi peut se produire, sans véritable impact sur les événements. Un peu comme un Airbnb sans âme.
Les performances des acteurs varient aussi en fonction des épisodes. Certains, comme Mahershala Ali ou James Van Der Beek, livrent des prestations mémorables et donnent de la profondeur à des histoires parfois bancales. Mais d’autres épisodes souffrent d’une direction d’acteurs peu inspirée, où tu as l’impression que les comédiens eux-mêmes se demandent ce qu’ils font là. C’est ce contraste qui fait de Room 104 une expérience parfois frustrante : tu peux passer du sublime à l’absurde sans transition, et ton niveau de satisfaction dépendra largement de ta tolérance pour le bizarre et l’expérimental.
Visuellement, la série s’efforce de faire des choses intéressantes avec un décor minimaliste. Les réalisateurs jouent souvent avec la lumière, la disposition de la chambre, et les cadrages pour créer une atmosphère unique à chaque histoire. Certaines tentatives sont réussies, avec des ambiances oppressantes ou des moments de tension bien construits. Mais à d’autres moments, tu sens que les contraintes de l’unité de lieu deviennent un frein, et que la créativité visuelle est mise en pause faute d’inspiration.
Ce qui est intéressant avec Room 104, c’est qu’elle essaie de jouer avec les genres. Tu peux passer de la comédie noire au drame intime, du fantastique à la science-fiction. Ce mélange constant peut être excitant pour les amateurs d’expérimentations télévisuelles, mais si tu cherches une certaine cohérence, tu risques de te sentir un peu déboussolé. À chaque épisode, tu dois réinitialiser tes attentes, et c’est à double tranchant. Parfois, la surprise est agréable, mais d’autres fois, c’est comme recevoir un coup de poing narratif en plein visage.
En résumé, Room 104 est une série qui s’aventure là où peu de séries vont, mais parfois, elle se perd en chemin. C’est une expérience télévisuelle intrigante, qui peut être fascinante quand elle décide de l’être, mais qui peut aussi te laisser complètement perplexe ou frustré quand elle s’embarque dans des chemins trop obscurs ou trop farfelus. Si tu aimes les séries qui sortent des sentiers battus et qui jouent avec tes attentes, Room 104 te divertira sûrement… mais si tu cherches une continuité ou une intrigue solide, tu risques de te demander pourquoi tu es resté dans cette chambre aussi longtemps.