Rose Red
6.2
Rose Red

Série ABC (2002)

Quand une maison hantée fait plus de dédales qu’IKEA

Rose Red, diffusée sur ABC en 2002, c’est un peu comme si Stephen King avait pris tous les clichés des maisons hantées, les avait remués dans son chaudron d’histoires horrifiques et avait décidé de créer une mini-série où chaque couloir est plus labyrinthique que le précédent, et où la maison elle-même semble être le véritable méchant. Vous pensiez que vous aviez tout vu avec les maisons qui grincent et les fantômes rancuniers ? Rose Red vous prouve que vous n’avez encore rien vu. Enfin… surtout rien compris.


L’histoire suit le Dr Joyce Reardon, une professeure d’université obsédée par Rose Red, un manoir gothique et sinistre en plein cœur de Seattle. Ce n’est pas juste une maison hantée, c’est LA maison hantée par excellence. Non seulement elle semble s’agrandir toute seule comme une sorte de château gonflable maléfique, mais elle a aussi un penchant pour avaler des invités et des ouvriers. Le rêve de tout propriétaire, non ? Joyce, décidée à prouver une bonne fois pour toutes que les phénomènes paranormaux existent, réunit une équipe de "spécialistes" en parapsychologie pour enquêter sur la maison. Et là, vous devinez que ça ne va pas bien se passer.


Le casting est un joli mélange de personnages un peu clichés mais qui fonctionnent dans ce genre de récits : il y a la médium adolescente avec des pouvoirs flippants, l’homme cynique qui ne croit en rien (jusqu’à ce qu’il voie des murs se déplacer tout seuls), et bien sûr, Joyce, la scientifique prête à risquer la vie de tout le monde pour prouver qu’elle a raison. Tous débarquent dans Rose Red, et à partir de là, c’est une descente en enfer remplie de couloirs mouvants, de pièces qui apparaissent et disparaissent, et de fantômes qui ont sérieusement besoin de se détendre.


La véritable star de la série, c’est bien sûr la maison elle-même. Rose Red est un personnage à part entière. Elle semble respirer, se transformer, et observer ses occupants avec une malveillance silencieuse. Les décors sont suffisamment oppressants pour donner une véritable sensation de malaise, et chaque recoin de la maison semble cacher un piège ou un esprit en colère. Le problème, c’est que la maison n’est pas juste hantée par des fantômes classiques : elle est vivante, en constante évolution, comme une sorte de monstre en bois et en pierre qui se délecte de la peur des intrus.


Visuellement, Rose Red oscille entre le kitsch des téléfilms de l’époque et de vrais moments de tension. Certains effets spéciaux semblent sortis tout droit des années 90 (coucou les fantômes translucides et les objets qui volent tout seuls), mais cela fait partie du charme de l’ensemble. La maison elle-même est bien réalisée, avec son ambiance gothique et ses pièces aussi déroutantes qu’inquiétantes. Le problème, c’est que la série semble parfois trop se reposer sur l’idée que "plus c’est bizarre, mieux c’est", au détriment de la cohérence narrative. On passe d’une scène à une autre sans toujours comprendre pourquoi, et les mystères s’accumulent sans vraiment se résoudre.


Là où Rose Red déçoit un peu, c’est dans son rythme. La série prend son temps… parfois un peu trop. Le suspense s’installe lentement, mais on se surprend parfois à se demander quand quelque chose de vraiment effrayant va arriver. Les personnages passent beaucoup de temps à errer dans la maison, à se perdre dans des couloirs sans fin, à échanger des théories paranormales un peu bancales. C’est comme si la maison elle-même décidait de faire traîner les choses pour garder ses victimes le plus longtemps possible… et les spectateurs avec. Certains moments de tension sont efficaces, mais ils sont souvent dilués dans des scènes plus lentes qui manquent d’impact.


En revanche, la série excelle dans l’ambiance. On se sent constamment sur le point de découvrir un nouveau mystère, même si, à la fin, il est probable que vous restiez avec plus de questions que de réponses. Les jeux de lumière, les angles de caméra étranges et les effets sonores créent une atmosphère de claustrophobie, comme si la maison elle-même se refermait sur vous. Si l’on n’est pas toujours effrayé, on se sent au moins bien oppressé.


Les personnages, bien qu’intéressants, sont un peu clichés dans leurs réactions face à l’horreur. Joyce, par exemple, est l’archétype de la scientifique aveuglée par son obsession, et si elle apporte une certaine tension avec ses décisions de plus en plus dangereuses, on se surprend souvent à vouloir lui crier dessus pour qu’elle arrête ses expériences avant qu’il ne soit trop tard (spoiler : il est déjà trop tard). Les autres membres de l’équipe se divisent entre ceux qui paniquent dès le début et ceux qui tentent de garder leur sang-froid malgré les murs qui bougent et les spectres qui se matérialisent.


En résumé, Rose Red est une mini-série qui joue sur l’idée classique de la maison hantée, mais qui le fait avec un style qui mêle l’absurde à l’angoisse. Si vous êtes fan de Stephen King et que vous aimez les récits où la folie architecturale se mélange à des fantômes un peu capricieux, alors cette série pourrait bien vous captiver. Cependant, ne vous attendez pas à des frissons constants ni à une intrigue parfaitement maîtrisée. Rose Red est plus une balade labyrinthique et inquiétante dans l’inconnu qu’un véritable roller-coaster de terreur, où la maison fait autant tourner en bourrique ses habitants que les spectateurs.

CinephageAiguise
6

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Créée

le 5 nov. 2024

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