J'avais honte de regarder Sailor Moon. Et pourtant, j'étais une petite fille en plein dans l'âge visé quand c'était diffusé chez nous. Mais j'étais une cool vous savez, je regardais les dessins animés de garçon comme Saint Seiya, DBZ ou Ranma. Alors comment aurais-je pu assumer Sailor Moon? Comparé à ces shonen épiques, c'était tellement rose, tellement cliché, tellement girly, tellement neuneu, tellement répétitif... mais tellement addictif.
À part les combats contre les sous-boss et les boss, tous les épisodes se ressemblaient, à la manière d'un bon vieux sentai. Mais pourquoi diable ce dessin animé complètement nul a captivé toute une génération? Pourquoi même les garçons regardaient en cachette (et même pas forcément pour mater les justicières en mini jupe)?
- Parce que malgré tout, il y avait de l'epicness dans Sailor Moon. Faut dire que jusque là, le genre magical girl, c'était très gentillet à la Creamy, Gigi, Caroline, et cie. Des petites aventures roses bonbon sans conséquence, en somme. Il y avait bien Cherry Miel (Cutie Honey) qui sortait un peu du lot, mais c'était tout. Et puis Naoko Takeuchi est arrivée, et elle a mis un gros kick dans le genre, en y intégrant des éléments de sentai (à l'instar de ce que Kurumada a fait avec Saint Seiya). Et c'était du génie. Parce que du coup, le côté girly allait forcément parler aux filles, mais le côté combat allait aussi susciter de l'intérêt chez les garçons. Et voilà comment on crée un manga/animé phénomène qui aura inventé tout un nouveau sous-genre.
- En plus de ça, il y avait aussi un certain humour ras des paquerettes qui nous faisait glousser honteusement.
- Et puis la VF quoi. Avoir traduit le nom de Manoru en Bourdu, c'est du génie wtf-esque jamais égalé.
J'ai eu du mal, mais après des années à dessiner des Sailors dans mes carnets, à acheter les mangas, à enregistrer des tas d'épisodes quand ça passait à la tv, à écouter en boucle Moonlight Densetsu (qui reste encore aujourd'hui l'un de mes génériques japonais favoris), à jouer à faire des combats de Sailor contre ma soeur, il fallait bien que je me l'admette à moi-même: je kiffe Sailor Moon.
Franchement, l'épisode du combat final entre Bunny (oui, je sais que son nom original c'est Usagi, mais j'y arrive pas) en mode Serenity VS la reine Berryl, c'est épique de ouf. Je l'avais revu il y a 4-5 ans, et ça me donne toujours autant les frissons quand y a les premières notes de Moonlight Densetsu qui commencent pendant le combat.
Par principe, je ne peux pas mettre un 8 ou un 9 à un dessin animé où il y a 200 épisodes inutiles, qui sont des copier/coller du même schéma scénaristique. Mais je ne peux décemment pas mettre moins de la moyenne à une oeuvre qui réveille toujours en moi une petite flamme.
Bref, c'était mon coming out Sailor Moon.