J’ai longtemps eu envie d’en parler, mais pas d’une œuvre inachevée.
Maintenant, après des années d’attente, l’épopée de Jack a eu droit à sa conclusion. Cinquième et ultime saison, moins enfantine que les autres, un peu évoluée graphiquement (entre 2001 et 2017, c’est bien normal) mais toujours aussi géniale.
La joie d’avoir droit à une conclusion des années plus tard s’est accompagnée de la peine d’avoir à dire au revoir à l’une de mes séries favorites.
Car oui, Samuraï Jack est depuis longtemps dans mon regard l’une des meilleures séries animées de tous les temps.
D’abord, parce que Tartakovsky est un grand metteur en scène, qui joue dans la cour des Sergio Leone, Kurosawa, et autre George Lucas du temps des vieux Star Wars ; et c’est certainement ces derniers qui ont principalement influencé l’univers de la série, mélange de genre déjanté entre la guerre des étoiles, les vieux westerns et films de samouraïs.
Loin de se limiter à cela, le tout a formé un style absolument unique et inimitable. C’est aussi ça être un artiste : piocher dans ce qui a été fait de toutes parts et en faire quelque chose de nouveau. Et s’il y a bien quelque chose qu’on ne peut pas enlever à cette saga, c’est qu’elle ne ressemble à rien d’autre.
Le dessin en rebutera plus d’un, c’est un style bien marqué et je comprends tout à fait qu’il puisse déplaire, mais à contrario c’est aussi la grande force de l’œuvre : si l’on adhère au graphisme, l’expérience est à couper le souffle. En un épisode de 20 minutes seulement, on a souvent droit à plusieurs changements de ton, les ambiances et les paysages changent, c’est un véritable voyage visuel.
Visuel, et auditif. Car le soin apporté aux sons et très minutieux. Quant à la musique, elle est toujours excellente (un niveau au-dessus dans la cinquième saison, notamment).
Qu’on accroche ou pas, il faut néanmoins tenter ne serait-ce que quelques épisodes avec l’esprit ouvert. Ce serait dommage de ne pas l’avoir essayé.
Si la saison 5 est une histoire continue, les quatre premières le sont beaucoup moins. Il y a quelques épisodes qui sont vraiment décevants à mon goût, trop enfantins peut-être, ou trop ridicules, mais ce ne sont que des broutilles dans un grand cocktail d’action, d’aventure épique, d’humour et de poésie.
Oui, j’ai beaucoup ri avec Samuraï Jack, et beaucoup rêvé aussi. La plupart des épisodes m’ont absorbé de manière intense, et de bout en long j’ai toujours été surpris.
Combien de fois, après un épisode, me suis-je laissé tomber en arrière en pensant « woaw. La claque. » ? Je ne saurais le dire, mais bien plus de fois que devant un film ou une série, qu’ils soient animés on non.
Hollywood ferait bien de tirer des leçons de Samuraï Jack.
Je pourrais épiloguer encore et encore, vous dire à quel point c’est bien pensé, bien réalisé, beau, émouvant, captivant, mais à quoi bon ?
Samuraï Jack, c’est la liberté artistique, c’est un univers aussi magnifique qu’effrayant, où l’on suit deux personnages que tout oppose se livrer un combat mythologique renversant.
Samuraï Jack, c’est la violence de la guerre, le chemin parcouru d’un héros, son amertume, ses remises en question, et tout ce qu’il doit sacrifier et traverser pour accomplir ce qui est juste.
Samuraï Jack, c’est subtil et simple à la fois. Minimaliste d’aspect, et pourtant si riche en détails. C’est pour les enfants, pour les adultes, pour tous ceux dont la sensibilité sera touchée par tout ça.
Samuraï Jack, c’est ce dessin animé extraordinaire qui n’a rien à voir avec le reste, c’est un chef-d’œuvre, que je ne me lasserais jamais de revoir.