Samuel est une série animée, diffusée sur Arte, qui a visiblement largement séduit le public (plusieurs amis ont été ébaubis et nous en parlent encore avec des larmes dans les yeux) : on parle ici d'une représentation "sensible" (pas loin de la sensiblerie) et surtout nostalgique de l'enfance (et la nostalgie, ça paie de plus en plus !). Créée par Émilie Tronche, Samuel dépeint avec pas mal de justesse les émotions et les expériences d'un garçon de 10 ans, et réussit à capturer en quelques dessins simples ec que sont les premières amitiés, et même même les premiers amours quand on est enfant.
L'animation en noir et blanc et minimaliste confère à la série une esthétique épurée qui correspond bien à son thème : cette simplicité visuelle, qui relie d'ailleurs Samuel au remarquable travail de Ryad Sattouf sur sa propre, enfance, supporte une narration légère, ne rechignant pas devant l'introspection. Le but évident de cette approche est de nous permettre de nous replonger dans nos propres souvenirs... ce qui génère en nous une empathie immédiate vis à vis des personnages de la série...
Néanmoins, même s'il est impossible de nier les nombreuses qualités de Samuel, la vision de l'enfance et du milieu scolaire présentée est totalement idéalisée : les situations dépeintes, même si elles sont indéniablement à tour de rôle touchantes ou drôles, sont loin de refléter la réalité complexe et souvent difficile des écoles françaises contemporaines. Ce décalage avec ce que vivent les enfants et leurs parents aujourd'hui à l'école primaire ou au collège se justifie sans doute par le fait que la temporalité de l'action n'est pas définie et que l'on peut imaginer que Samuel se déroule il y a une vingtaine d'années. Mais du coup, à part en appeler à notre fibre nostalgie et au "c'était mieux avant", à quoi sert vraiment Samuel ?
Indiscutablement, si Samuel nous charme par sa douceur et même sa poésie, c'est aussi une série qui nous laisse sur notre faim.
[Critique écrite en 2025]