Non content d'avoir créé avec Cowboy Bebop l'animé le plus fou de sa décennie (pour ne pas dire de toutes les décennies), le plus beau, le plus tragique, le plus tout ce que vous voulez, Shin'ichiro Watanabe remet le couvert en 2004 pour non pas donner une suite à son hit, mais proposer quelque chose d'encore plus barré et casse-gueule.
Produit par Manglobe et diffusé sur Fuji TV entre 2004 et 2005, Samurai Champloo prend le pari de mixer chambara et hip-hop dans un mélange détonnant, permettant à Watanabe d'aller encore plus loin dans l'excentricité et les expérimentations visuelles et narratives. Véritable skeud animé qui tournerait en boucle le temps de vingt-six épisodes, sa nouvelle création fonce à toute berzingue, emprunte de multiples chemins de traverses avant de recoller les morceaux d'une intrigue aussi simple qu'efficace.
Multipliant les ruptures de ton et les anachronismes, Samurai Champloo vogue sans cesse entre différentes destinations sans jamais couler une seule seconde, passant d'une action furieuse à un humour bon enfant en un cinquième de seconde tout en faisant un petit crochet historique ou dramatique. Tournant une fois encore autour d'un trio attachant d'outsiders que la vie aura rassemblé pour le meilleur et pour le délire, Samurai Champloo ne laisse jamais sa technique et son parti-pris extravagant étouffer ses personnages, la mise en scène folle étant avant tout au service du récit.
Si elle n'est peut-être pas aussi définitive que Cowboy Bebop (comment l'être ?), Samurai Champloo reste une pure bombe visuelle, narrative et auditive, un bijou techniquement au top et expérimental dans sa forme, capable de rassembler au fond d'un bol bien garni les fans de Kenji Misumi et ceux du Wu Tang Clan.